Apollinaire, Guillaume: Oh puertas de tu cuerpo… (fragmento) (Les neuf portes de ton corps in Spanish)
Les neuf portes de ton corps (French)Ce poème est pour toi seule Madeleine Il est un des premiers poèmes de notre désir Il est notre premier poème secret ô toi que j`aime Le jour est doux et la guerre est si douce. S`il fallait en mourir !!
Tu l`ignores, ma vierge ? à ton corps sont neuf portes J`en connais sept et deux me sont celées J`en ai pris quatre, j`y suis entré n`espère plus que j`en sorte Car je suis entré en toi par tes yeux étoilés Et par tes oreilles avec les Paroles que je commande et qui sont mon escorte.
Oeil droit de mon amour première porte de mon amour Elle avait baissé le rideau de sa paupière Tes cils étaient rangés devant comme les soldats noirs peints sur un vase grec, paupière rideau lourd De velours Qui cachait ton regard clair Et lourd Pareil notre amour.
Oeil gauche de mon amour deuxième porte de mon amour Pareille à son amie et chaste et lourde d`amour ainsi que lui Ô porte qui mène à ton coeur mon image et mon sourire qui luit Comme une étoile pareille à tes yeux que j`adore Double porte de ton regard je t`adore
Oreille droite de mon amour troisième porte C`est en te prenant que j`arrivai à ouvrir entièrement les deux premières portes Oreille porte de ma voix qui t`a persuadée Je t`aime toi qui donnes un sens à l`Image grâce à l`Idée
Et toi aussi oreille gauche toi qui des portes de mon amour est la quatrième Ô vous, les oreilles de mon amour je vous bénis Portes qui vous ouvrîtes à ma voix Comme les roses s`ouvrent aux caresses du printemps C`est par vous que ma voix et mon ordre Pénètrent dans le corps entier de Madeleine J`y entre homme tout entier et aussi tout entier poème Poème de son désir qui fait que moi aussi je m`aime
Narine gauche de mon amour cinquième porte de mon amour et de nos désirs J`entrerai par là dans le corps de mon amour J`y entrerai subtil avec mon odeur d`homme L`odeur de mon désir L`âcre parfum viril qui enivrera Madeleine
Narine droite sixième porte de mon amour et de notre volupté Toi qui sentiras comme ta voisine l`odeur de mon plaisir Et notre odeur mêlée plus forte et plus exquise qu`un printemps en fleurs Double porte des narines je t`adore toi qui promets tant de plaisirs subtils Puisés dans l`art des fumées et des fumets.
Bouche de Madeleine septième porte de mon amour Je vous ai vue, ô porte porte rouge, gouffre de mon désir Et les soldats qui s`y tiennent morts d`amour m`ont crié qu`ils se rendent Ô porte rouge et tendre
Ô Madeleine il est deux portes encore Que je ne connais pas Deux portes de ton corps Mystérieuses
Huitième porte de la grande beauté de mon amour Ô mon ignorance semblable à des soldats aveugles parmi les chevaux de frise sous la lune liquide des Flandres à l`agonie ! Ou plutôt comme un explorateur qui meurt de faim de soif et d`amour dans une forêt vierge Plus sombre que l`Érèbe Plus sacrée que celle de Dodone Et qui devine une source plus fraîche que Castalie Mais mon amour y trouverait un temple Et après avoir ensanglanté le parvis sur qui veille le charmant monstre de l`innocence J`y découvrirais et ferais jaillir le plus chaud geyser du monde Ô mon amour, ma Madeleine Je suis déjà le maître de la huitième porte
Et toi neuvième porte plus mystérieuse encore Qui t`ouvres entre deux montagnes de perles Toi plus mystérieuse encore que les autres Porte des sortilèges dont on n`ose point parler Tu m`appartiens aussi Suprême porte À moi qui porte La clef suprême Des neuf portes
Ô portes ouvrez-vous à ma voix Je suis le Maître de la Clef
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Oh puertas de tu cuerpo… (fragmento) (Spanish)Oh puertas de tu cuerpo Son nueve y las he abierto todas Oh puertas de tu cuerpo Son nueve y para mí se han vuelto a cerrar todas
En la primera puerta La Clara Razón ha muerto Era ¿te acuerdas? el primer día en Niza Tu ojo izquierdo así como una culebra se desliza Hasta mi corazón Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu mirada izquierda
En la segunda puerta Ha muerto toda mi fuerza Era ¿te acuerdas? en un albergue en Cagnes Tu ojo derecho palpitaba como mi corazón Tus párpados latían como en la brisa laten las flores Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu mirada derecha
En la tercera puerta Escucha latir la aorta Y todas mis arterias hinchadas por tu sólo amor Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu oído izquierdo
En la cuarta puerta Me escoltan todas las primaveras Y aguzando el oído se escucha del bonito bosque Subir esta canción de amor y de los nidos Tan triste para los soldados que están en la guerra Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu oído derecho
En la quinta puerta Es mi vida que te traigo Era ¿te acuerdas? en el tren que volvía de Grasse Y en la sombra muy cerca muy bajito Tu boca me decía Palabras de condenación tan perversas y tan tiernas Que pregunto a mi alma herida Cómo pude oírlas sin morir Oh palabras tan dulces tan fuertes que cuando lo pienso me parece tocarlas Y que se abra de nuevo la puerta de tu boca
En la sexta puerta Tu gestación de putrefacción oh Guerra está abortando He aquí todas las primaveras con sus flores He aquí las catedrales con su incienso He aquí tus axilas con su divino olor Y tus cartas perfumadas que huelo Durante horas Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta del lado izquierdo de tu nariz
En la séptima puerta Oh perfumes del pasado que la corriente de aire se lleva Los efluvios salinos daban a tus labios el sabor del mar Olor marino olor de amor bajo nuestras ventanas se moría el mar Y el olor de los naranjos te envolvía de amor Mientras en mis brazos te acurrucabas Quieta y callada Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta del lado derecho de tu nariz
En la octava puerta Dos ángeles mofletudos cuidan de las rosas temblorosas que soportan El cielo exquisito de tu cintura elástica Y heme aquí armado con un látigo hecho con rayos de luna Los amores coronados con jacinto llegan en tropel. Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta de tu alma
Con la novena puerta Es preciso que salga el amor mismo Vida de mi vida Me junto contigo para la eternidad Y por el amor perfecto y sin ira Llegaremos a la pasión pura y perversa Según lo que queramos A todo saber a todo ver a todo oír Yo me renuncié en el secreto profundo de tu amor Oh puerta umbrosa oh puerta de coral vivo Entre dos columnas de perfección Y que se vuelva a abrir de nuevo la puerta que tus manos saben abrir tan bien
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