Fourcade, Dominique: Ensembles (Ensembles in English)
Ensembles (French)ensembles ici, spacieux : ainsi groupés à l’orée du pré ouvrant sur le côté gauche de la cour un frêne entre deux saules debout les uns contre les autres (mais ne s’appuyant pas) très élancés souffles différents légèretés différentes verts pas les mêmes argents de temps à autre se touchent les cimes en pendant deux grands saules contre lesquels se blottit le parfum d’un noyer et devant eux mais disjoint un frêne encore dans la cour même cinq jeunes tilleuls immobiles pur sang intranquilles dans l’autre cour, celle où est la citerne à gaz, le buddleia (subspontané, ô fleur de terrain vague) est un ensemble à lui seul, à haute fréquence particules lilas sont ivres de papillons fragrance solitude contenance derrière la maison, le long de la rivière cette fois un entrelacs frêne saule auquel on ne sait qui, le saule sans doute, a consenti projetant, comme il se fait toujours, en arc par-dessus l’eau —libellules héliport calopteryx virgo, métal vert violet de l’aile obscure, non, bleu violet obscur obscur, c’est à nervures, et rose clair segmenté de leurs ventres demoiselle ophtalmi que éros (trempe tes yeux gonflés dans l’eau de la rivière pendant que je soulève) ensemble — les libellulidées — au programme le plus léger du monde, le moins piloté, le plus escadrille — à ne rien faire que l’amour (en las, ou coeur copulatoire), et pondre, et broyer un moucheron cette suite a lieu sur une brindille en surplomb, ou variablement voler — au monde et tout au fond du pré le long de l’autre bras d’eau une ligne, un contour de saules-élévations de saules et d’aulnes alternés dont certains morts ingresque et pas saules parfois les ailes jointes au-dessus de l’abdomen sur perchoirs libellules êtres de soleil, ou crépusculaires comment osent jeunes poules d’eau marcher sur nénuphars masses, il y a quelque chose de plus crémeux dans les saules que dans les autres apparences d’où vient leur stabilité en vol ? d’un système cybernétique sûrement (vous avez vu les plaques pileuses sur leur prothorax?), ou d’une plateforme inertielle (ou encore, d’un gyrolaser avec accéléromètre), sinon comment filer d’un trait, puis être en vol stationnaire, pour se trouver planant avec virage sur l’aile — d’une turbulence ! saules sont seuls à connaître des inversions de vibrations les libellules — charge alaire légère et grande surface portante classée secret défense — sont un ensemble — dont les ailes antérieures et postérieures ne fonctionnent pas ensemble frêne : qui est mâle, qui est femelle dans le jeu puissant, lointain des frênes essai sur l’obsession : saules n’ont que des épures d’obsessions contenance ingresque et pas
P.S. : je dis à Degas que le soir, en rentrant, ma femme peut lire sur mon visage si c’est le personnage du saule que j’ai le plus travaillé, ou le rôle frêne, ou celui du martin-pêcheur parti dans la lune-Stieglitz, ou encore celui, tout en postcombustion, de la libellules.
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Ensembles (English)ensembles here, spacious: thus grouped at the edge of the meadow that opens to the left of the courtyard an ash between two willows standing against one another (but not leaning on each other) very slender different breath different lightness greens not the same silvers now and then touch their tips counterpointing two tall willows against which the scent of a walnut huddles and in front of them but apart an ash again in the courtyard itself five young restless immobile pure-blood lindens in the other courtyard, the one with the gas cistern, the buddleia (subspontaneous, oh flower of vacant lots) is an ensemble in itself, at high frequency lilac particles drunk on butterflies fragrance solitude bearing behind the house, along the river this time an ash willow interlace, to which one — the willow perhaps — consented projecting, as it always does, in an arc over the water — dragonfly heliport calopteryx virgo, green violet metal of dark wing, no, blue violet dark dark, it’s got ribs, and the segmented light pink of their abdomens ophthalmic damselfly eros (dip your swollen eyes in the water of the river while I raise) ensemble — the dragonflideas — with the lightest agenda in the world, the least piloted, the most squadronized — making nothing but love (in a circle, or copulatory heart), and laying eggs, and nibbling a gnat this sequence occurs on an overhanging reed, or for variety, flying — in the world and at the far end of the meadow along the other branch of the river a line, a contour of willow-heights of alternating willows and alders some of which dead ingresque and not willows sometimes the wings join on top of the abdomen perched dragonflies beings of the sun, or crepuscular how dare young moorhens walk across lilypads masses, there’s something more creamy about the willows than about other appearances what stabilizes their flight? a cybernetic system, no doubt (you’ve seen the hairy plates on their pro-thoraxes?), or an inertial platform (or maybe from a gyrolaser with accelerometer), if not, how can they zoom forward, then stop dead in stationary flight, to end up gliding, a banking on wing — what turbulence! willows alone experience the inversions of vibrations dragonflies — with light lift and large carrying surface classified defense secret — are an ensemble — the front and back wings of which don’t work together ash: which is male, which is female in the powerful distant game of the ashes essay on obsession: willows have only the sketches of obsessions bearing ingresque and not
P.S. I tell Degas that in the evening, when I come home, my wife can read on my face whether it was the character of the willow that I’d worked on the most, or the ash act, or that of the kingfisher gone into the Stieglitz moon, or even the one, in total post-combustion, of the dragonfly.
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