8. Papillons noirs
De sinistres papillons noirs
Du soleil ont éteint la gloire,
Et l'horizon semble un grimoire
Barbouillé d'encre tous les soirs.
Il sort d'occultes encensoirs
Un parfum troublant la mémoire :
De sinistres papillons noirs
Du soleil ont éteint la gloire.
Des monstres aux gluants suçoirs
Recherchent du sang pour le boire,
Et du ciel, en poussière noire,
Descendent sur nos désespoirs
De sinistres papillons noirs.
Nacht
Finstre, schwarze Riesenfalter
Töteten der Sonne Glanz.
Ein geschlossnes Zauberbuch,
Ruht der Horizont - verschwiegen.
Aus dem Qualm verlorner Tiefen
Steigt ein Duft, Erinnrung mordend!
Finstre, schwarze Reisenfalter
Töteten der Sonne Glanz.
Und vom Himmel erdenwärts
Senken sich mit schweren Schwingen
Unsichtbar die Ungetume
Auf die Menschenherzen nieder...
Finstre, schwarze Riesenfalter.
9. Supplique
O Pierrot ! Le ressort du rire,
Entre mes dents je l'ai cassé :
Le clair décor s'est effacé
Dans un mirage à la Shakespeare.
Au mât de mon triste navire
Un pavillon noir est hissé :
O Pierrot ! Le ressort du rire,
Entre mes dents je l'ai cassé.
Quand me rendras-tu, porte-lyre,
Guérisseur de l'esprit blessé
Neige adorable du passé,
Face de Lune, blanc messire,
O Pierrot ! Le ressort du rire ?
Gebet an Pierrot
Pierrot! Mein Lachen
Hab ich verlernt!
Das Bild des Glanzes
Zerfloß - Zerfloß!
Schwarz weht die Flagge
Mir nun vom Mast.
Pierrot! Mein Lachen
Hab ich verlernt!
O gieb mir wieder,
Roßarzt der Seele,
Schneemann der Lyrik,
Durchlaucht vom Monde,
Pierrot - mein Lachen!
10. Pierrot voleur
Les rouges rubis souverains,
Injectés de meurtre et de gloire,
Sommeillent au creux d'une armoire
Dans l'horreur des longs souterrains.
Pierrot, avec des malandrins,
Veut ravir un jour, après boire,
Les rouges rubis souverains,
Injectés de meurtre et de gloire.
Mais la peur hérisse leurs crins ;
Parmi le velours et la moire,
Comme des yeux dans l'ombre noire
S'enflamment du fond des écrins
Les rouges rubis souverains !
Raub
Rote, fürstliche Rubine,
Blutge Tropfen alten Ruhmes,
Schlummern in den Totenschreinen,
Drunten in den Grabgewolben.
Nachts, mit seinen Zechkumpanen,
Steigt Pierrot hinab - zu rauben
Rote, fürstliche Rubine,
Blutge Tropfen alten Ruhmes.
Doch da - strauben sich die Haare,
Bleiche Furcht bannt sie am Platze:
Durch die Finsternis - wie Augen! -
Stieren aus den Totenschreinen
Rote, fürstliche Rubine.