Qui donc m’a conduite ici?
Il y a certainement quelqu’un
Qui a soufflé sur mes pas.
Quand est-ce que cela s’est fait?
Avec la complicité de quel ami tranquille?
Le consentement profond de quelle nuit longue?
Qui donc a dessiné la chambre?
Dans quel instant calme
A-t-on imaginé le plafond bas
La petite table verte et le couteau minuscule
Le lit de bois noir
Et toute la rose du feu
En ses jupes pourpres gonflées
Autour de son coeur possédé et gardé
Sous les flammes oranges et bleues?
Qui donc a pris la juste mesure
De la croix tremblante de mes bras étendus?
Les quatre points cardinaux
Originent au bout de mes doigts
Pourvu que je tourne sur moi-męme
Quatre fois
Tant que durera le souvenir
Du jour et de la nuit.
Mon coeur sur la table posé,
Qui donc a mis le couvert avec soin,
Affilé le petit couteau
Sans aucun tourment
Ni précipitation?
Ma chair sétonne et sépuise
Sans cet hôte coutumier
Entre ses côtes déraciné.
La couleur claire du sang
Scelle la voűte creuse
Et mes mains croisées
Sur cet espace dévasté
Se glacent et s’enchantent de vide.
O doux corps qui dort
Le lit de bois noir te contient
Et tenferme strictement pourvu que tu ne bouges.
Surtout nouvre pas les yeux!
Songe un peu
Si tu allais voir
La table servie et le couvert qui brille!
Laisse, laisse le feu teindre
La chambre de reflets
Et műrir et ton coeur et ta chair;
Triste époux tranchés et perdus.