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Tardieu, Jean: La Seine de Paris

Portre of Tardieu, Jean

La Seine de Paris (French)

De ceux qui préférant à leurs regrets les fleuves

et à leurs souvenirs les profonds monuments

aiment l’eau qui descend au partage des villes,

la Seine de Paris me sait le plus fidèle

à ses quais adoucis de livres. Pas un souffle

qui ne vienne vaincu par les mains des remous

sans me trouver prêt à le prendre et à relire

dans ses cheveux le chant des montagnes, pas un

silence dans les nuits d’été où je ne glisse

comme une feuille entre l’air et le flot, pas une aile

blanche d’oiseau remontant de la mer

ne longe le soleil sans m’arracher d’un cri

strident à ma pesanteur monotone! Les piliers

sont lourds après le pas inutile et je plonge

par eux jusqu’à la terre et quand

je remonte et ruisselle et m’ébroue,

j’invoque un dieu qui regarde aux fenêtres

et brille de plaisir dans les vitres caché.

Protégé par ses feux je lutte de vitesse

en moi-même avec l’eau qui ne veut pas attendre

et du fardeau des bruits de pas et de voitures

et de marteaux sur des tringles et de voix

tant de rapidité me délivre… Les quais

et les tours sont déjà loin lorsque soudain

je les retrouve, recouvrant comme les siècles,

avec autant d’amour et de terreur, vague après vague,

méandres de l’esprit la courbe de mon fleuve.



Uploaded byP. T.
Source of the quotationhttp://irc.sunchat.hu/vers/

The Seine in Paris (English)

Since I prefer rivers to regrets

the grave profundity of monuments to memories,

love the water’s flow dividing cities,

the Seine in Paris knows me deeply faithful

to its gentle book-lined quays. Not a breath

arrives defeated by the eddying waters

but that I am ready to take it and to read again

in its hair the mountain song, not a

summer night-time silence but that I glide

like a leaf between air and water, not a white

gull’s wing returned from the sea pursuing the sun

but that I am wrenched from the weight of my

monotony by a strident cry! The pillars weigh

heavy after the unnecessary step and I plunge

by them to earth, and when I climb up again

streaming and shake myself,

I invoke a god who looks through windows

and gleams with pleasure in the panes.

Protected by his rays I conduct an inner race

with water which will not wait

and from the burden of footsteps and motorcar noises

the beating of hammers on bars and voices

that rapid flow frees me… Quaysides

and towers are already far away when suddenly

I rediscover them, covering like the centuries,

with equal love and equal terror, wave upon wave,

meanderings of the mind and the bend of my river.



Uploaded byP. T.
Source of the quotationhttp://www.scribd.com

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