I. La danse des feuilles
À la fin de l'automne
les femmes se portent à
l'attaque de mes lens :
leur coquetterie, au grand jour ou secrète
me rend fou !
Trois quatre déambulent dans les couloirs
qui circulent dans la maison,
et près de la fenêsre, dans un coin
une autre rôde, la fatale !
Qu'est-ce qui leur prend ?
Seraient-ce les rayons qui tombent
d'une oblique tardive,
rougissant le feuillage
qui provoquent cet étrange effet
inquiétant sur leur cœur ?
Les belles de jadis, gaies compagnes de voyage
à Cythère, l' île sauvage :
elles furètent après leurs souvenirs,
mes petites audaces d'autrefois
les chatouillent encore aujourd'hui.
Jusqu'à leurs robes qui sont archaiques !
Cela encore... mais leur babil,
leurs bailers larmoyants-amers
me dérobent toute envie.
Que leurs mignardises sont vaines !
Une à tine elles évaluent ma rigidité,
s'éloignent, effondrées,
et ne viennent plus qu'à ma fenêtre,
en feuilles sèches.
II. Seconds floraison
Les jeunes femmes !
Pieuses ou effrontées-vicieuses,
portant les traces
des rixes à la mode,
des poings tatoués d'adolescents
me tournent autour cherchant consolation ou quoi.
Je les écoute comme un médecin maladroit :
je ne comprends guère leur langage,
leurs vilains mots me mettent en colère,
comme cette façon de fuiller en vain leurs blessures –
Mais elles découvrent vite, elles aussi,
en moi l'autre, l'étranger suspect
et amer en son ancienneté,
elles s'échappent, intimidées
– instinct de fauves à demi domptés –
dans le buisson de leur bande en broussaille.
Hélas ! Elles sont de cette armée des deux sexes
qui, même dans ses loques artificielles
pone presque uniforme, et m'abat
et m'extermine de ses chants médiocres.
(Quand près de moi plus une seule ne sera
en chair et en os,
c'est alors qu'elles se multiplieront vraiment,
et fourmilleront, luxurieuses et nues,
dans mes rêves...)