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France, Anatole: Az ing (La chemise Magyar nyelven)

France, Anatole portréja

La chemise (Francia)

C’était un jeune berger nonchalamment étendu sur l’herbe de la prairie et charmant sa solitude aux sons du chalumeau…

On lui avait enlevé de force ses habits, mais…

(Grand Dictionnaire de Pierre Larousse, article Chemise ; t. IV, p.5 ; col. 4.)

 

CHAPITRE PREMIER

LE ROI CHRISTOPHE, SON GOUVERNEMENT, SES MŒURS, SA MALADIE

Christophe V n’était pas un mauvais roi. Il observait exactement les règles du gouvernement parlementaire et ne résistait jamais aux volontés des Chambres. Cette soumission ne lui coûtait pas beaucoup, car il s’était aperçu que, s’il y a plusieurs moyens d’arriver au pouvoir, il n’y en a pas deux de s’y maintenir ni deux façons de s’y comporter, que ses ministres, quels que fussent leur origine, leurs principes, leurs idées, leurs sentiments, gouvernaient tous d’une seule et même façon et que, en dépit de certaines divergences de pure forme, ils se répétaient les uns les autres avec une exactitude rassurante. Aussi portait-il sans hésitation aux affaires tous ceux que les Chambres lui désignaient, préférant toutefois les révolutionnaires comme plus ardents à imposer leur autorité.

Pour sa part, il s’occupait surtout des affaires extérieures. Il faisait fréquemment des voyages diplomatiques, dînait et chassait avec les rois ses cousins et se vantait d’être le meilleur ministre des affaires étrangères qu’on pût rêver. A l’intérieur, il se soutenait aussi bien que le permettait le malheur des temps. Il n’était ni très aimé ni très estimé de son peuple, ce qui lui assurait l’avantage précieux de ne jamais donner de déceptions. Exempt de l’amour public, il n’était point menacé de l’impopularité assurée à quiconque est populaire.

Son royaume était riche. L’industrie et 1e commerce y florissaient sans toutefois s’étendre de façon à inquiéter les nations voisines. Ses finances surtout commandaient l’admiration. La solidité de son crédit semblait inébranlable ; les financiers en parlaient avec enthousiasme, avec amour et les yeux mouillés de larmes généreuses. Quelque honneur en rejaillissait sur le roi Christophe.

Le paysan le rendait responsable des mauvaises récoltes ; mais elles étaient rares. La fertilité du sol et la patience des laboureurs faisaient ce pays abondant en fruits, en blés, en vins, en troupeaux. Les ouvriers des usines, par leurs revendications continues et violentes effrayaient les bourgeois qui comptaient sur le roi pour les protéger contre la révolution sociale, les ouvriers de leur côté, ne pouvaient point le renverser, car ils étaient les plus faibles, et n’en avaient guère envie, ne voyant pas ce qu’ils gagneraient à sa chute.Il ne les soulageait point ni ne les opprimait davantage afin qu’ils fussent toujours une menace et jamais un danger.

Ce prince pouvait compter sur l’armée : elle avait un bon esprit. L’armée a toujours un bon esprit ; toutes les mesures sont prises pour qu’elle le garde ; c’est la première nécessité de l’État. Car, si elle le perdait, le gouvernement serait aussitôt renversé. Le roi Christophe protégeait la religion. A vrai dire, il n’était pas dévôt et, pour ne point penser contrairement à la foi, il prenait l’utile précaution de n’en examiner jamais aucun article. Il entendait la messe dans sa chapelle et n’avait que des égards et des faveurs pour ses évêques, parmi lesquels se trouvaient trois ou quatre ultramontains qui l’abreuvaient d’outrages. La bassesse et la servilité de sa magistrature lui inspiraient un insurmontable dégoût. Il ne concevait pas que ses sujets pussent supporter une si injuste justice ; mais ces magistrats achetaient leur honteuse faiblesse envers les forts par une inflexible dureté a l’égard des faibles. Leur sévérité rassurait les intérêts et commandait le respect.

Christophe V avait remarqué que ses actes ou ne produisaient pas d’effet appréciable ou produisaient des effets contraires à ceux qu’il en attendait. Aussi agissait-il peu. Ses ordres et ses décorations étaient son meilleur instrument de règne. Il les décernait à ses adversaires, qui en étaient avilis et satisfaits.

La reine lui avait donné trois fils. Elle était laide, acariâtre, avare et stupide, mais le peuple, qui la savait délaissée et trompée par le roi, la poursuivait de louanges et d’hommages. Après avoir recherché une multitude de femmes de toutes les conditions, le roi se tenait le plus souvent auprès de madame de la Poule, avec laquelle il avait des habitudes. En femmes il eût toujours aimé la nouveauté ; mais une femme nouvelle n’était plus une nouveauté pour lui et la monotonie du changement lui pesait. De dépit, il retournait à madame de la Poule et ce « déjà vu » qui lui était fastidieux chez celles qu’il voyait pour la première fois, il le supportait moins mal chez une vieille amie. Cependant elle l’ennuyait avec force et continuité. Parfois, excédé de ce qu’elle se montrât toujours fadement la même, il essayait de la varier par des déguisements et la faisait habiller en Tyrolienne, en Andalouse, en capucin, en capitaine de dragons, en religieuse, sans cesser un moment de la trouver insipide.

Sa grande occupation était la chasse, fonction héréditaire des rois et des princes qui leur vient des premiers hommes, antique nécessité devenue un divertissement, fatigue dont les grands font un plaisir. Il n’est plaisir que de fatigue. Christophe V chassait six fois par semaine. 

Un jour, en forêt, il dit à M. de Quatrefeuilles, son premier écuyer :

— Quelle misère de courre le cerf !

— Sire, lui répondit l’écuyer, vous serez bien aise de vous reposer après la chasse.

— Quatrefeuilles, soupira le roi, je me suis plu d’abord à me fatiguer, puis à me reposer. Main tenant je ne trouve d’agrément ni à l’un ni à l’autre. Toute occupation a pour moi le vide de l’oisiveté, et le repos me lasse comme un pénible travail.

Après dix ans d’un règne sans révolutions ni guerres, tenu enfin par ses sujets pour un habile politique, érigé en arbitre des rois, Christophe V ne goûtait nulle joie au monde. Plongé dans un abattement profond, il lui arrivait souvent de dire :

— J’ai constamment des verres noirs devant les yeux, et, sous les cartilages de mes côtes, je sens un rocher où s’assied la tristesse. 

Il perdait le sommeil et l’appétit.

- Je ne puis plus manger, disait-il à M. de Quatrefeuilles, devant son couvert auguste de vermeil. Hélas ! ce n’est pas le plaisir de la table que je regrette, je n’en ai jamais joui : Ce plaisir, un roi ne le connut jamais. J’ai la plus mauvaise table de mon royaume. Il n’y a que les gens du commun qui mangent bien ; les riches ont des cuisiniers qui les volent et les empoisonnent. Les plus grands cuisiniers sont ceux qui volent et empoisonnent le plus et j’ai les plus grands cuisiniers d’Europe. Pourtant j’étais gourmand, de mon naturel, et j’eusse, comme un autre, aimé les bons morceaux, si mon état l’eût permis.

Il se plaignait de maux de reins et de pesanteurs d’estomac, se sentait faible, avait la respiration courte et des battements de cœur. Par moments, les insipides bouffées d’une chaleur molle lui montaient au visage.

— Je ressens, disait-il, un mal sourd, continu, tranquille, auquel on s’habitue, et que traversent, de temps à autre, les éclairs d’une douleur fulgurante. De là ma stupeur et mon angoisse.

La tête lui tournait ; il avait des éblouissements, des migraines, des crampes, des spasmes et des élancements dans les flancs qui lui coupaient la respiration.

Les deux premiers médecins du roi, le docteur Saumon et le professeur Machellier, diagnostiquèrent la neurasthénie.

— Unité morbide mal dégagée ! dit le professeur Saumon. Entité nosologique insuffisamment définie, par là même insaisissable…

Le professeur Machellier l’interrompit ;

— Dites, Saumon, véritable Protée pathologique qui, comme le Vieillard des Mer, se transforme sans cesse sous l’étreinte du praticien et revêt les figures les plus bizarres et les plus terrifiantes ; tour à tour vautour de l’ulcère stomacal ou serpent de la néphrite, soudain elle dresse la face jaune de l’ictère, montre les pommettes rouges de la tuberculose ou crispe des mains d’étrangleuse qui feraient croire qu’elle a hypertrophié le cœur ; enfin elle présente le spectre de tous les maux funestes au corps humain, jusqu’à ce que, cédant à l’action médicale et s’avouant vaincue, elle s’enfuit sous sa véritable figure de singe des maladies.

Le docteur Saumon était beau, gracieux, charmant, aimé des dames en qui il s’aimait. Savant élégant, médecin mondain, il reconnaissait encore l’aristocratie dans un caecum et dans un péritoine et observait exactement les distances sociales qui séparent les utérus. Le professeur Machellier, petit, gros, court, en forme de pot, parleur abondant, était plus fat que son collègue Saumon. Il avait les mêmes prétentions et plus de peine à les soutenir. Ils se haïssaient ; mais, s’étant aperçus qu’en se combattant l’un l’autre ils se détruisaient tous deux, ils affectaient une entente parfaite et une communion plénière de pensées : l’un n’avait pas plutôt exprimé une idée que l’autre la faisait sienne. Bien qu’ayant de leurs facultés et de leur intelligence une mésestime réciproque, ils ne craignaient pas de changer entre eux d’opinion, sachant qu’ils n’y risquaient rien et ne perdraient ni ne gagneraient au change, puisque c’étaient des opinions médicales. Au début, la maladie du roi ne leur causait pas d’inquiétude. Ils comptaient que le malade en guérirait pendant qu’ils le soigneraient et que cette coïncidence serait notée à leur avantage. Ils prescrivirent d’un commun accord une vie sévère (Quibus nervi dolent Venus inimica), un régime tonique, de l’exercice en plein air, l’emploi raisonné de l’hydrothérapie. Saumon, à l’approbation de Machellier, préconisa le sulfure de carbone et le chlorure de méthyle ; Machellier, avec l’acquiescement de Saumon, indiqua les opiacés, le chloral et les bromures. 

Mais plusieurs mois s’écoulèrent sans que l’état du roi parût s’amender si peu que ce fût. Et bientôt les souffrances devinrent plus vives.

— Il me semble, leur dit un jour Christophe V étendu sur sa chaise longue, il me semble qu’une nichée de rats me grignotent les entrailles, pendant qu’un nain horrible, un kobold en capuchon, tunique et chausses rouges, descendu dans mon estomac, l’entame à coups de pic et le creuse profondément.

— Sire, dit le professeur Machellier, c’est une douleur sympathique.

— Je la trouve antipathique, répondit le roi.

Le docteur Saumon intervint :

— Ni l’estomac, Sire, ni l’intestin de Votre Majesté n’est malade, et, s’ils vous causent une souffrance, c’est, disons-nous, par sympathie avec votre plexus solaire, dont les innombrables filets nerveux, emmêlés, embrouillés, tiraillent dans tous les sens l’intestin et l’estomac comme autant de fils de platine incandescent.

— La neurasthénie, dit Machellier, véritable Protée pathologique…

Mais le roi les congédia tous deux.

Quand ils furent partis :

— Sire, dit M. de Saint-Sylvain, premier secrétaire des commandements, consultez le docteur Rodrigue.

— Oui, Sire, dit M. de Quatrefeuilles, faites appeler le docteur Rodrigue. Il n’y a que cela à faire.

A cette époque le docteur Rodrigue étonnait l’univers. On le voyait presque en même temps dans tous les pays du globe. Il faisait payer ses visites d’un prix tel que les milliardaires reconnaissaient sa valeur. Ses confrères du monde entier, quoi qu’ils pussent penser de son savoir et de son caractère, parlaient avec respect d’un homme qui avait porté à une hauteur inouïe jusque-là les honoraires des médecins ; plusieurs préconisaient ses méthodes, prétendant les posséder et les appliquer à prix réduits et contribuaient ainsi à sa célébrité mondiale. Mais, comme le docteur Rodrigue se plaisait à exclure de sa thérapeutique les produits de laboratoire et les préparations des officines pharmaceutiques, Comme il n’observait jamais les formules du codex, ses moyens curatifs présentaient une bizarrerie déconcertante et des singularités inimitables.

M. de Saint-Sylvain, sans avoir pratiqué Rodrigue, avait en lui une foi absolue et y croyait comme en Dieu.

Il supplia le roi de faire appeler le docteur qui opérait des miracles. Ce fut en vain.

— Je m’en tiens, dit Christophe V, à Saumon et Machellier, je les connais, je sais qu’ils ne sont capables de rien ; tandis que je ne sais pas ce dont est capable ce Rodrigue. 

 

CHAPITRE II

LE REMÈDE DU DOCTEUR RODRIGUE

Le roi n’avait jamais beaucoup aimé ses deux médecins ordinaires. Après six mois de maladie, ils lui devinrent tout à fait insupportables ; du plus loin qu’il voyait les belles moustaches qui couronnaient le sourire éternel et victorieux du docteur Saumon et les deux cornes de cheveux noirs collées sur le crâne de Machellier, il grinçait des dents et détournait farouchement le regard. Une nuit, il jeta par la fenêtre leurs potions, leurs globules et leurs poudres, qui remplissaient la chambre d’une odeur fade et triste. Non seulement il ne fit plus rien de ce qu’ils lui ordonnaient, mais il prit grand soin d’observer au rebours leurs prescriptions : il demeurait étendu quand ils lui recommandaient l’exercice, s’agitait quand ils lui ordonnaient le repos, mangeait quand ils le mettaient à la diète, jeûnait quand ils préconisaient la suralimentation ; et montrait à madame de la Poule une ardeur si inusitée qu’elle n’en pouvait croire le témoignage de ses sens et pensait rêver. Pourtant, il ne guérissait point, tant il est vrai que la médecine est un art décevant et que ses préceptes, en quelque sens qu’on les prenne, sont également vains. Il n’en allait pas plus mal, mais il n’en allait pas mieux.

Ses douleurs abondantes et variées ne le quittaient pas. Il se plaignait de ce qu’une fourmilière s’était établie dans son cerveau et que cette colonie industrieuse et guerrière y creusait des galeries, des chambres, des magasins, y transportait des vivres, des matériaux, y déposait des œufs par milliards, y nourrissait les jeunes, y soutenait des sièges, donnait, repoussait des assauts, s’y livrait des combats acharnés. Il sentait, disait-il, quand une guerrière tranchait de ses mandibules acérées le dur et mince corselet de l’ennemie.

— Sire, lui dit M. de Saint-Sylvain, faites venir le docteur Rodrigue. Il vous guérira sûrement.

Mais le roi haussa les épaules et, dans un moment de faiblesse et d’absence, il redemanda des potions et se remit au régime. Il ne retourna plus chez madame de la Poule et prit avec zèle des pilules de nitrate d’aconitine qui étaient alors dans leur claire nouveauté et leur radieuse jeunesse. A la suite de cette abstinence et de ces soins, il fut saisi d’un tel accès de suffocation que la langue lui sortait de la bouche et les yeux de la tête. On mettait son lit debout comme une horloge et son visage congestionné y faisait un cadran rouge. 

— C’est le plexus cardiaque qui est en pleine révolte, dit le professeur Machellier.

— En grande effervescence, ajouta le docteur Saumon.

M. de Saint-Sylvain trouva l’occasion bonne pour recommander une fois encore le docteur Rodrigue, mais le roi déclara qu’il n’avait pas besoin d’un médecin de plus.

— Sire, répliqua Saint-Sylvain, le docteur Rodrigue n’est pas un médecin.

— Ah ! s’écria Christophe V, ce que vous dites là, monsieur de Saint-Sylvain, est tout à son avantage et me prévient en sa faveur. Il n’est pas médecin ? Qu’est-il ?

— Un savant, un homme de génie, Sire, qui a découvert les propriétés inouïes de la matière à l’état radiant et qui les applique à la médecine.

Mais, d’un ton qui ne souffrait pas de réplique, le roi invita le secrétaire de ses commandements à ne lui plus parler de ce charlatan. 

Jamais, fit-il, jamais je ne le recevrai, jamais !

Christophe V passa l’été d’une façon supportable. Il fit une croisière à bord d’un yacht de deux cents tonneaux, avec madame de la Poule habillée en mousse. Il y reçut à déjeuner un président de la république, un roi et un empereur et y assura, de concert avec eux, la paix du monde. I1 lui était fastidieux de fixer les destins des peuples ; mais, ayant trouvé dans la cabine de madame de la Poule un vieux roman pour les petites ouvrières, il le lut avec un intérêt passionné qui, durant quelques heures, lui procura l’oubli délicieux des choses réelles. Enfin, hors quelques migraines, des névralgies, des rhumatismes et l’ennui de vivre, il se porta passablement. L’automne le rendit à ses anciennes tortures. Il endurait l’horrible supplice d’un homme pris dans glaces depuis les pieds jusqu’à la ceinture et le buste enveloppé de flammes,Pourtant, ce qu’il subissait avec plus d’horreur encore et d’épouvante, c’était des sensations qu’il ne pouvait exprimer, des états indicibles. Il y en avait, disait il, qui lui faisaient dresser les cheveux sur la tête. Il était dévoré d’anémie et sa faiblesse croissait chaque jour sans diminuer sa capacité de souffrir.

— Monsieur de Saint-Sylvain, dit-il un matin, après une mauvaise nuit vous m’avez plusieurs fois parle du docteur Rodrigue Faites-le venir.

Le docteur Rodrigue était à ce moment-là, signalé au Cap, à Melbourne, a Saint— Pétersbourg. Des câblogrammes et des radiogrammes furent aussitôt envoyés dans ces directions. Une semaine ne s’était pas écoulée que le roi réclamait le docteur Rodrigue avec instance. Les jours qui suivirent, il demandait a toute minute : « Ne viendra-t-il pas bientôt ? » On lui représenta que sa Majesté n’était pas un client à dédaigner et que Rodrigue voyageait avec une rapidité prodigieuse. Mais rien ne pouvait calmer l’impatience du malade.

— Il ne viendra pas, soupirait-il ; vous verrez qu’il ne viendra pas !

Une dépêche arriva de Gênes, annonçant que Rodrigue prenait passage à bord du Preussen. Trois jours après, le docteur mondial, après avoir fait à ses collègues Saumon et Machellier une visite de déférence insolente, se présenta au palais.

Il était plus jeune et plus beau que le docteur Saumon avec un air plus fier et plus noble. Par respect pour la nature, a laquelle il obéissait en toutes choses, il laissait croître ses cheveux et sa barbe et ressemblait à ces philosophes antiques que la Grèce a figurés dans le marbre.

Ayant examiné le roi :

— Sire, dit-il, les médecins, qui parlent des maladies comme les aveugles des couleurs, disent que vous avez une neurasthé nie ou faiblesse des nerfs. Mais, quand ils auront reconnu votre mal, ils n’en seront pas plus propres à le guérir, car un tissu organique ne se peut reconstituer que par les moyens que la nature a employés pour le constituer, et ces moyens, ils les ignorent. Or quels sont les moyens, quels sont les procédés de la nature ? Elle ne connaît ni la main ni l’outil ; elle est subtile, elle est spirituelle ; elle emploie à ses plus puissantes, à ses plus massives constructions les particules infiniment ténues de la matière, l’atome, le protyle. D’un impalpable brouillard elle fait des rochers, des métaux, des plantes, des animaux, des hommes. Comment ? par attraction, gravitation, transpiration, pénétration, imbibition, endosmose, capillarité, affinité, sympathie. Elle ne forme pas un grain de sable autrement qu’elle n’a formé la voie lactée : l’harmonie des sphères règne dans l’un comme dans l’autre ; ils ne subsistent tous deux que par le mouvement des parcelles qui les composent et qui est leur âme musicale, amoureuse et toujours agitée. Entre les étoiles du ciel et les poussières qui dansent dans le rayon de soleil qui traverse cette chambre, il n’y a aucune différence de structure, et la moindre de ces poussières est aussi admirable que Sirius, car la merveille dans tous les corps de l’univers est l’infiniment petit qui les forme et les anime. Voilà comment travaille la nature. De l’imperceptible, de l’impalpable, de l’impondérable elle a tiré le vaste monde accessible à nos sens et que notre esprit pèse et mesure, et ce dont elle nous a faits nous-mêmes est moins qu’un souffle. Opérons comme elle au moyen de l’impondérable, de l’impalpable, de l’imperceptible, par attraction amoureuse et pénétration subtile. Voilà le principe. Comment l’appliquer au cas qui nous occupe ? Comment redonner la vie aux nerfs épuisés, c’est ce qu’il nous reste à examiner. 

« Et d’abord, qu’est-ce que les nerfs ? Si nous en demandons la définition, le moindre physiologiste, que dis-je ? un Machellier, un Saumon nous la donnera. Qu’est-ce que les nerfs ? Des cordons, des fibres qui partent du cerveau et de la moelle épinière et vont se distribuer dans toutes les parties du corps pour transmettre les excitations sensorielles et faire agir les organes moteurs. Ils sont donc sensation et mouvement. Cela suffit pour nous en faire connaître la constitution intime, pour nous en révéler l’essence : de quelque nom qu’on la nomme, elle est identique à ce que, dans l’ordre des sensations, nous appelons joie, et, dans l’ordre moral, bonheur.

Où se trouvera un atome de joie et de bonheur, se trouvera la substance réparatrice des nerfs. Et quand je dis un atome de joie, je désigne un objet matériel, une substance définie, un corps susceptible de passer par les quatre états, solide, liquide, gazeux et radiant, un corps dont on peut déterminer le poids atomique. La joie et la tristesse dont les hommes, les animaux et les plantes éprouvent les effets depuis l’origine des choses sont des substances réelles ; elles sont matière ; puisqu’elles sont esprit et que sous ses trois aspects, mouvement, matière, intelligence, la nature est une. Il ne s’agit donc plus que de se procurer en quantité suffisante des atomes de joie et de les introduire dans l’organisme par endosmose et aspiration cutanée. C’est pourquoi je vous prescris de porter la chemise d’un homme heureux.

— Quoi ! s’écria le roi, vous voulez que je porte la chemise d’un homme heureux

— Sur là peau, Sire, afin que votre cuir aride aspire les particules de bonheur que les glandes sudoripares de l’homme heureux auront exhalées par les canaux excréteurs de son derme prospère. Car vous n’ignorez pas les fonctions de la peau : elle aspire et expire et opère des échanges incessants avec le milieu où elle est placée.

— C’est le remède que vous m’ordonnez, monsieur Rodrigue ?

— Sire, on n’en saurait ordonner de plus rationnel. Je ne trouve rien dans le codex qui le puisse remplacer. Ignorant la nature, incapables de l’imiter, nos potards ne fabriquent dans leurs officines qu’un petit nombre de médicaments toujours redoutables et non pas toujours efficaces. Les médicament que nous ne savons pas faire, il faut bien les prendre tout faits, comme les sangsues, le climat de la montagne, l’air de la mer, les eaux thermales naturelles, le lait d’ânesse, la peau de chat sauvage et les humeurs exsudées par un homme heureux… Ne savez-vous donc pas qu’une pomme de terre crue qu’on porte dans sa poche ôte les douleurs rhumatismales ? Vous ne voulez pas d’un remède naturel : il vous faut des remèdes artificiels ou chimiques, dès drogues ; il vous faut des gouttes et des poudres : vous avez donc beaucoup à vous en louer, de vos poudres et de vos gouttes ?…

Le roi s’excusa et promit d’obéir.

Le docteur Rodrigue, qui avait déjà gagné la porte, se retourna :

— Faites-la légèrement chauffer, dit-il, avant de vous en servir. 

 

CHAPITRE III

MM. DE QUATREFEUILLES ET DE SAINT-SYLVAIN CHERCHENT

UN HOMME HEUREUX DANS LE PALAIS DU ROI.

Pressé de revêtir cette chemise dont il attendait sa guérison, Christophe fit appeler M. de Quatrefeuilles, son premier écuyer, et de M. de Saint Sylvain, secrétaire de ses commandements, et les chargea de la lui procurer dans le moins de temps qu’il leur serait possible. Il fut convenu qu’ils garderaient un secret absolu sur l’objet de leurs recherches. On avait à craindre en effet que, si le public venait à savoir quelle sorte de remède convenait au roi, une multitude de malheureux et spécialement les personnes les plus infortunées, les plus accablées de misère, n’offrissent leur chemise dans l’espoir d’une récompense. On redoutait aussi que les anarchistes n’envoyassent des chemises empoisonnées.

Ces deux gentilshommes pensèrent qu’ils pourraient se procurer le médicament du docteur Rodrigue sans quitter le palais, et se mirent à l’oeil-de-bœuf d’où l’on voyait passer les courtisans. Ceux qu’ils aperçurent avaient la mine longue, le visage hâve ; ils portaient leur mal écrit sur la figure ; ils se consumaient du désir d’une charge, d’un ordre, d’un privilège, d’un bouton. Mais, descendus dans les grands appartements, Quatrefeuilles et Saint-Sylvain trouvèrent M. du Bocage dormant dans un fauteuil, la bouche retroussée jusqu’aux pommettes, les narines dilatées, les joues rondes et rayonnantes comme deux soleils, la poitrine harmonieuse, le ventre rythmique et paisible, riant, transpirant la joie depuis la voûte étincelante du crâne jusqu’aux orteils en éventail dans de légers escarpins, au bout des jambes écartées.

A cette vue :

— Ne cherchons pas davantage, dit Quatrefeuilles. Quand il sera éveillé, nous lui demanderons sa chemise.

Aussitôt, le dormeur se frotta les yeux, s’étira et regarda piteusement tout autour de lui. Les coins de sa bouche s’abaissaient ; ses joues tombaient, ses paupières pendaient comme du linge aux fenêtres des pauvres ; de sa poitrine sortait un souffle plaintif ; toute sa personne exprimait l’ennui, le regret et la déception.

Reconnaissant le secrétaire des commandements et le premier écuyer :

— Ah ! Messieurs, je viens de faire un beau rêve. J’ai rêvé que le roi érigeait en marquisat ma terre du Bocage. Hélas ! ce n’est qu’un rêve et je sais trop bien que les intentions du roi sont toutes contraires. 

— Passons, dit Saint-Sylvain. Il se fait tard ; nous n’avons pas de temps à perdre.

Ils croisèrent dans la galerie un pair du royaume qui étonnait le monde par la force de son caractère et la profondeur de son esprit. Ses ennemis ne niaient point son désintéressement, sa franchise ni son courage. On savait qu’il écrivait ses mémoires et chacun le flattait dans l’espoir d’y figurer honorablement aux yeux de la postérité.

— Il est peut-être heureux, dit Saint-Sylvain.

— Demandons-le-lui, dit Quatrefeuilles.

Ils l’abordèrent, échangèrent avec lui quelques propos et, mettant la conversation sur le bonheur, firent la question qui les intéressait.

— Les richesses, les honneurs ne me touchent pas, répondit-il, et les affections même les plus légitimes et les plus naturelles, les soins de famille, les plaisirs de l’amitié ne remplissent pas mon cœur. Je n’ ai d’affection qu’au bien public, et c’est la plus malheureuse des passions et l’amour la plus contrariée.

» J’ai été au pouvoir ; je me suis refusé à soutenir des fonds du trésor et du sang de mes soldats les expéditions organisées par des flibustiers et des mercantis pour leur propre enrichissement et la ruine publique ; Je n’ai pas livré 1a flotte et l’armée en proie aux fournisseurs et je suis tombé sous les calomnies de tous ces fripons qui me reprochaient, aux applaudissements de la foule imbécile, de trahir les intérêts sacrés et la gloire de ma patrie. Contre les bandit de haute volée personne ne m’a soutenu. A voir de quelle sottise et de quelle lâcheté est fait 1e sentiment populaire, je regrette le pouvoir absolu. La faiblesse du roi me désespère ; la petitesse des grands m’est un spectacle affreux ; l’impéritie et l’improbité des ministres, l’ignorance, la bassesse et la vénalité des représentants du peuple me jettent dans des alternatives de stupeur et de rage. Pour me soulager des maux que j’endure le jour, je les écris la nuit et rends ainsi le fiel dont je me nourris.

Quatrefeuilles et Saint-Sylvain tirèrent leur chapeau au noble pair et, faisant quelques pas dans la galerie, se trouvèrent face à face avec un tout petit homme, apparemment bossu, car on lui voyait le dos par-dessus la tête, et qui, de façon mignarde, se dandinait avantageusement.

— Il est inutile, dit Quatrefeuilles, de s’adresser celui-là.

— Qui sait ? fit Saint-Sylvain.

— Croyez-moi : je le connais, reprit l’écuyer ; je suis son confident. Il est content de lui et parfaitement satisfait de sa personne, et il a des raisons de l’être. Ce petit bossu est la coqueluche des femmes. Dames de la cour, dames de la ville, comédiennes, bourgeoises, filles galantes, coquettes, prudes, dévotes, les plus fières, les plus belles sont à ses pieds. Il perd, à les contenter, sa santé et la vie et, devenu mélancolique, porte la peine d’être un porte-bonheur.

Le soleil se couchait et, sur l’avis que le roi ne paraîtrait point aujourd’hui, les derniers courtisans vidaient les appartements.

— Je donnerais volontiers ma chemise, dit Quatrefeuilles. J’ai, je puis dire, une heureuse nature. Toujours content ; je bois et mange bien, je dors bien. On me fait compliment de ma mine fleurie ; on me trouve bon visage : aussi n’est-ce pas du visage que je me plains. Je sens à la vessie une chaleur et un poids qui me gâtent la joie de vivre. Ce matin j’ai mis au jour une pierre grosse comme un œuf de pigeon. Je craindrais que ma chemise ne valût rien pour le roi.

— Je donnerais bien la mienne, dit Saint Sylvain. Mais j’ai aussi ma pierre : c’est ma femme. J’ai épousé la plus laide et la plus méchante créature qui ait jamais existé, et, bien qu’on sache que l’avenir est à Dieu, j’ajoute hardiment la plus méchante et la plus laide qui existera jamais, car la répétition d’un pareil original est d’une telle improbabilité qu’on peut pratiquement la dire impossible. Il est des jeux auxquels la nature ne se livre pas deux fois…

Puis, quittant ce pénible sujet :

— Quatrefeuilles, mon ami, nous avons manqué de sens. Ce n’est pas à la cour ni chez les puissants de ce monde qu’il faut chercher un heureux.

— Vous parlez comme un philosophe, riposta Quatrefeuilles ; vous vous exprimez comme ce gueux de Jean-Jacques. Vous vous faites du tort. Il y a autant d’hommes heureux et dignes de l’être dans les palais des rois et dans les hôtels de l’aristocratie que dans les cafés des gens de lettres et dans les cabarets fréquentés par les ouvriers manuels. Si nous n’en avons pas trouvéaujourd’hui sous ces lambris, c’est qu’il se faisait tard et que nous n’avons pas eu de chance favorable. Allons ce soir au jeu de la reine, et nous y aurons meilleure fortune.

— Chercher un homme heureux autour d’une table de jeu !, s’écria Saint-Sylvain, autant chercher un collier de perles dans un champ de navets et une vérité dans la bouche d’un homme d’État !… L’ambassadeur d’Espagne donne cette nuit une fête, toute la ville y sera. Allons-y et nous mettrons facilement la main sur une bonne et convenable chemise.

— Il m’est arrivé quelquefois, dit Quatrefeuilles, de mettre la main à la chemise d’une femme heureuse. C’était avec plaisir. Mais notre bonheur n’était que d’un moment. Si je vous parle ainsi, ce n’est pas pour me vanter (il n’y a vraiment pas de quoi), ni pour rappeler des félicités passées, qui peuvent revenir, car, contrairement à ce que dit le proverbe, chaque âge a le même plaisir. Mon intention est tout autre ; elle est plus grave et plus vertueuse et se rapporte directement a l’auguste mission dont nous sommes chargés tous deux : c’est de vous soumettre une idée qui vient de naître dans mon cerveau. Ne pensez-vous pas, Saint-Sylvain, qu’en prescrivant la chemise d’un homme heureux, le docteur Rodrigue a pris le terme d’ « homme » dans son sens générique, considérant l’espèce humaine tout entière, abstraction faite du sexe, et entendant une chemise de femme aussi bien qu’une chemise d’homme. Pour moi, j’incline à le croire, et, si tel était aussi votre sentiment, nous pourrions étendre le champ de nos recherches et croître de plus du double nos chances favorables, car, dans une société élégante et policée comme la nôtre, les femme sont plus heureuses que les hommes : nous faisons plus pour elles qu’elles ne font pour nous.

Saint-Sylvain, la tâche étant de la sorte agrandie, nous pourrions nous la partager. Ainsi, par exemple, a partir de ce soir jusqu’à demain matin, je chercherais une femme heureuse pendant que vous chercheriez un heureux homme. Convenez, mon ami, que c’est une délicate chose qu’une chemise de femme. J’en ai jadis palpé une qui passait dans une bague ; la batiste en était plus fine qu’une toile d’araignée. Et que dites-vous, mon ami, de cette chemise qu’une dame de la cour de France, au temps de Marie— Antoinette, porta au bal chiffonnée dans sa coiffure ? Nous aurions bonne grâce, il me semble, à présenter au roi notre maître une belle chemise de linon avec ses entre-deux, ses volants de valenciennes et ses glorieuses épaulettes de ruban rose, plus légère qu’un souffle, sentant l’iris et l’amour.

Mais Saint-Sylvain s’éleva vivement contre cette manière de comprendre la formule du docteur Rodrigue.

— Y pensez-vous, Quatrefeuilles ? s’écria-t-il, une chemise de femme ne procurerait au roi qu’un bonheur de femme qui ferait sa misère et sa honte. Je n’examinerai pas ici, Quatrefeuilles, si la femme est plus capable de bonheur que l’homme. Ce n’est ni le lieu ni le temps : il est l’heure d’aller dîner. Les physiologistes attribuent à la femme une sensibilité plus exquise que la nôtre ; mais ce sont 1à des généralités transcendantes qui passent par-dessus les têtes et n’embrassent personne. Je ne sais pas si, comme vous semblez le croire, notre société polie est mieux faite pour le bonheur des femmes que pour celui des hommes. J’observe que, dans notre monde, elles n’élèvent pas leurs enfants, ne dirigent pas leur ménage, ne savent rien, ne font rien, et se tuent de fatigue : elles se consument à briller, c’est un sort de chandelle ; j ignore s’il est enviable.

Mais ce n’est pas la question. Peut-être qu’un jour il n’y aura plus qu’un sexe ; peut-être qu’il y en aura trois ou même davantage. Dans ce cas, la morale sexuelle en sera plus riche, plus diverse et plus abondante. En attendant, nous avons deux sexes ; il se trouve beaucoup de l’un dans l’autre, beaucoup de l’homme dans la femme et beaucoup de la femme dans l’homme. Toutefois, ils sont distincts ; ils ont chacun leur nature, leurs mœurs et leurs lois, leurs plaisirs et leurs peines.

Si vous féminisez son idée du bonheur, de quel oeil glace notre roi regardera-t-il désormais madame de la Poule ?… Et peut-être enfin, par son hypocondrie et par sa mollesse, en viendra-t-il à compromettre l’honneur de notre glorieuse patrie. Est-ce donc ce que vous voulez, Quatrefeuilles ?

» Jetez les yeux, dans la galerie du palais royal, sur l’histoire d’Hercule en tapisserie des Gobelins, et voyez ce qui est arrivé à ce héros particulièrement malheureux en chemises, il mit, par caprice, celle d’Omphale et ne sut plus que filer la laine. C’est la destinée que votre imprudence prépare à notre illustre monarque.

— Oh ! oh ! fit le premier écuyer, mettons que je n’aie rien dit et n’en parlons plus. 

 

CHAPITRE IV

JERONIMO

L’ambassade d’Espagne étincelait dans la nuit. Du reflet de ses lumières elle dorait les nuées. Des guirlandes de feu, bordant les allées du parc, donnaient aux feuillages voisins la transparence et l’éclat de l’émeraude. Des feux de Bengale rougissaient le ciel au-dessus des grands arbres noirs. Un orchestre invisible jetait des sons voluptueux a la brise légère. La foule élégante des invités couvrait la pelouse ; les fracs s’agitaient dans I ombre ; les habits militaires brillaient de cordons et de croix ; des formes claires glissaient avec grâce sur l’herbe, traînant leurs parfums derrière elles.

Quatrefeuilles, avisant deux illustres hommes d’État, le président du conseil et son prédécesseurs qui causaient ensemble sous la statue de la Fortune, pensait les aborder. Mais Saint-Sylvain l’en dissuada.

— Ils sont tous deux infortunés, lui dit-il ; l’un ne se console pas d’avoir perdu le pouvoir, l’autre tremble de le perdre. Et leur ambition est d’autant plus misérable qu’ils sont l’un et l’autre plus libres et plus puissants dans une condition privée que dans l’exercice du pouvoir, ou ils ne peuvent se maintenir que par une humble et déshonorante soumission aux caprices des Chambres, aux passions aveugles du peuple et aux intérêts des gens de finance. Ce qu’ils poursuivent avec tant d’ardeur, c’est leur pompeux abaissement. Ah ! Quatrefeuilles, restez avec vos piqueux, vos chevaux et vos chiens et n’aspirez pas à gouverner les hommes.

Ils s’éloignèrent. A peine avaient-ils fait quelques pas que, attirés par des fusées de rite jaillies d’un bosquet, ils y entrèrent et trouvèrent sous la charmille, assis sur quatre chaises, un gros homme débraillé qui, d’une voix chaude, faisait des contes a une assemblée nombreuse, suspendue à ses lèvres de satyre antique et penchés sur son visage surhumain, qu’on eût dit barbouillé de la lie dionysiaque. C’était l’homme le plus célèbre du royaume et le seul populaire, Jeronimo. Il parlait abondamment, joyeusement, richement lançait des propos en l’air, enfilait des histoires, les unes excellentes, les autres moins bonnes, mais qui faisaient rire. Il contait qu’un jour, à Athènes, la révolution sociale s’accomplit, que les biens furent partagés et les femmes mises en commun, mais que bientôt les laides et les vieilles se plaignirent d’être négligées et qu’on fit alors, en leur faveur, une loi obligeant les hommes à passer par elles pour arriver aux jeunes et aux jolies ; et il décrivait avec une robuste gaieté des hymens comiques, des embrassements grotesques et les courages épouvantés des jeunes hommes a l’aspect de leurs amantes chassieuses et roupieuses, qui semblaient casser des noisettes entre leur nez et leur menton. Puis il disait des histoires grasses et salées, des histoires de juifs allemands, de curés, de paysans, toute une ribambelle de propos récréatifs et de joyeux devis.

Jeronimo était un prodigieux instrument oratoire. Quand il parlait, toute sa personne, des pieds à la tête, parlait, et jamais le jeu du dis cours n’avait été si complet dans un orateur. Tour à tour grave, enjoué, sublime, bouffon, il avait toutes les éloquences, et ce même homme qui sous la charmille débitait en comédien consommé, pour des oisifs et pour lui-même, toutes sortes d’amusantes facéties, la veille, à la Chambre, soulevait de sa voix puissante les clameurs et les applaudissements, faisait trembler les ministres et palpiter les tribunes et des échos de son dis cours agitait sa patrie. Adroit dans sa violence et calculé dans ses emportements, il était devenu chef de l’opposition sans se brouiller avec le pou voir et, travaillant dans le peuple, fréquentait l’aristocratie. On le disait l’homme du temps. Il était l’homme de l’heure. son esprit se proportionnait toujours au moment et au lieu. Il pensait à propos ; son génie vaste et commun correspondait à la communauté des citoyens ; sa médiocrité énorme effaçait toutes les petitesses et toutes les grandeurs environnantes : on ne voyait que lui. Sa santé seule aurait dû assurer son bonheur ; elle était solide et massive comme son âme. Grand buveur, grand amateur de chair rôtie et de chair fraîche, il s’entretenait en joie et prenait une part léonine des plaisirs de ce monde. En l’entendant conter ses merveilleuses histoires, Quatrefeuilles et Saint-Sylvain riaient comme les autres et, se tâtant du coude, lorgnaient du coin de l’oeil la chemise sur laquelle Jeronimo avait libéralement répandu les sauces et les vins d’un joyeux repas.

L’ambassadeur d’un peuple orgueilleux, qui marchandait au roi Christophe son amitié intéressée, passait alors, superbe et solitaire, sur la pelouse. Il s’approcha du grand homme et s’inclina légèrement devant lui. Aussitôt Jeronimo se transforma : une sereine et douce gravité, un calme souverain se répandit sur son visage et les sonorités éteintes de sa voix flattèrent des plus nobles caresses du langage l’oreille de l’ambassadeur. Toute son attitude exprimait l’entente des affaires extérieures, l’esprit des congrès et des conférences ; il n’était jusqu’à sa cravate en ficelle, sa chemise bouffante et son pantalon éléphantique qui ne prissent par miracle la dignité diplomatique et l’air des ambassades.

Les invités s’écartèrent et les deux illustres personnages causèrent longtemps ensemble sur un ton amical, et parurent sur un pied d’intimité qui fut très observé et très commenté par les hommes politiques et les dames de la « carrière » .

— Jeronimo, disait l’un, sera ministre d affaires étrangères quand il voudra.

— Lorsqu’il le sera, disait l’autre, il mettra le roi dans sa poche.

L’ambassadrice d’Autriche, l’examinant à travers sa face-à-main, dit :

— Ce garçon est intelligent, il se fera.

L’entretien terminé, Jeronimo s’en fut faire un tour de jardin avec son fidèle Jobelin, espèce d’échassier à tête de hibou qui ne le quittait jamais.

Le secrétaire des commandements et le premier écuyer le suivirent.

— C’est sa chemise qu’il nous faut, dit tout bas Quatrefeuilles. Mais la donnera-t-il ? Il est socialiste et combat le gouvernement du roi.

Bah ! ce n’est pas un méchant homme, répliqua Saint-Sylvain, et il a de l’esprit. Il ne doit pas souhaiter de changement, puisqu’il est de l’opposition. Il n’a pas de responsabilité ; sa situation est excellente : il doit y tenir. Un bon opposant est toujours conservateur. Ou je me trompe fort, ou ce démagogue serait bien fâché de nuire à son roi. Si l’on négocie habilement, on obtiendra la chemise. Il traitera avec la Cour, comme Mirabeau. Mais il faut qu’il soit assuré du secret.

Tandis qu’ils parlaient ainsi, Jeronimo se promenait, le chapeau sur l’oreille, faisait le moulinet avec sa canne, répandait son humeur hilare en plaisanteries, en badinages, en rires, en exclamations, en mauvais jeux de mots, en calembours obscènes et scatologiques, en fredons. Cependant, à quinze pas devant lui, le duc des Aulnes, arbitre des élégances et prince de la jeunesse, rencontrant une dame de sa connaissance, la salua très simplement d’un petit geste sec, mais non sans grâce. Le tribun l’observa d’un regard attentif, puis, devenu sombre et songeur, il abattit sa main pesante sur l’épaule de son échassier :

- Jobelin, lui dit-il, je donnerais ma popularité et dix ans de ma vie pour porter le frac et parler aux femmes comme ce freluquet.

Il avait perdu sa gaieté. Il allait maintenant, morne, la tête basse et regardait sans plaisir son ombre que la lune ironique lui jetait dans les jambes comme un poussah bleu.

— Qu’a-t-il dit ?… Se moque-t-il ? demanda Quatrefeuilles inquiet.

— Il n’a jamais été plus sincère ni plus sérieux, répondit Saint-Sylvain. Il vient de nous découvrir la plaie qui le ronge. Jeronimo ne se console pas de manquer d’aristocratie et d’élégance. Il n’est pas heureux. Je ne donnerais pas quatre sols de sa chemise.

Le temps s’écoulait et la recherche s’annonçait laborieuse. Le secrétaire des commandements et le premier écuyer décidèrent de poursuivre leur enquête chacun de son coté et convinrent de se retrouver pendant le souper dans le petit salon jaune pour s’instruire réciproquement du résultat de leur enquête. Quatrefeuilles interrogeait de préférence les militaires, les grands seigneurs et les gros propriétaires, et ne négligeait pas de s’enquérir auprès des femmes. Saint-Sylvain, plus pénétrant, lisait dans les yeux des financiers et sondait les reins des diplomates.

Ils se rejoignirent à l’heure dite, tous deux las et la mine allongée.

— Je n’ai vu que des heureux, dit Quatrefeuilles, et leur bonheur a tous était gâté. Les militaires sèchent du désir d’une croix, d’un grade ou d’une dotation. Les avantages et les honneurs obtenus par leurs r ; vaux leur ravagent le foie. A la nouvelle que le général de Tintille était nommé duc des Comores, je les ai vus jaunes comme du coco et verts comme des lézards. L’un d’eux devint pourpre : c’était d’apoplexie. Nos gentilshommes crèvent à la fois d’ennui et de tracas sur leurs terres ; toujours en procès avec leurs voisins, dévorés par les hommes de loi, ils traînent dans les soucis leur pesante oisiveté.

— Je n’ai pas mieux trouvé que vous ! dit Saint-Sylvain. Et ce qui me frappe, c’est de voir que les hommes ont pour souffrir des motifs contraires et des raisons opposées. J’ai vu le prince des Estelles malheureux parce que sa femme le trompe, non qu’il l’aime, mais il a de l’amour propre, et le duc de Mauvert malheureux de ce que sa femme ne le trompe pas et le frustre ainsi des moyens de relever sa maison ruinée. Celui-ci est excédé par ses enfants ; celui-là se désespère de n’en pas avoir. J’ai rencontré des bourgeois qui ne rêvent que d’habiter la campagne et des campagnards qui ne pensent qu’à s’établir à la ville. J’ai reçu la confidence de deux hommes d’honneur, l’un, inconsolable d’avoir tué en duel l’homme qui lui avait pris sa maîtresse ; l’autre, désespéré d’avoir manqué son rival.

— Je n’aurais jamais cru, soupira Quatrefeuilles, qu’il fût si difficile de rencontrer un homme heureux.

— Peut-être aussi que nous nous y prenons mal, objecta Saint-Sylvain : nous cherchons au hasard, sans méthode, nous ne savons pas au juste ce que nous cherchons. Nous n’avons pas défini le bonheur. Il faut le définir.

— Ce serait du temps perdu, répondit Quatre feuilles.

- Je vous demande pardon, répliqua Saint Sylvain. Quand nous l’aurons défini, c’est-à— dire limité, déterminé, fixé en son lieu et en son temps, nous aurons plus de moyens de le trouver.

- Je ne crois pas, dit Quatrefeuilles.

Toutefois ils convinrent de consulter à ce sujet l’homme le plus savant du royaume, M. Chaudesaigues, directeur de la Bibliothèque du roi.

Le soleil était levé quand ils rentrèrent au palais. Christophe V avait passé une mauvaise nuit et réclamait impatiemment la chemise médicinale. Ils s’excusèrent du retard et grimpèrent au troisième étage, où M. Chaudesaigues les reçut dans une vaste salle qui contenait huit cent mille volumes imprimés et manuscrits. 

 

CHAPITRE V

LA BIBLIOTHÈQUE ROYALE

Après les avoir fait asseoir, le bibliothécaire montra d’un geste aux visiteurs la multitude de livres rangés sur les quatre murs, depuis le plancher jusqu’à la corniche :

— Vous n’entendez pas ? vous n’entendez pas le vacarme qu’ils font ? J’en ai les oreilles rompues. Ils parlent tous à la fois et dans toutes les langues. Ils disputent de tout : Dieu, la nature, l’homme, le temps, le nombre et l’espace, le connaissable et l’inconnaissable, le bien, le mal ; ils examinent tout, contestent tout, affirment tout, nient tout. Ils raisonnent et déraisonnent. Il y en a de légers et de graves, de gais et de tristes, d’abondants et de concis ; plusieurs parlent pour ne rien dire, comptent les syllabes et assemblent les sons selon des lois dont ils ignorent eux mêmes l’origine et l’esprit : ce sont les plus contents d’eux. Il y en a d’une espèce austère et morne qui ne spéculent que sur des objets dépouillés de toute qualité sensible et mis soigneusement à l’abri des contingences naturelles ; ils se débattent dans le vide et s’agitent dans les invisibles catégories du néant, et ceux-là sont d’acharnés disputeurs qui mettent à soutenir leurs entités et leurs symboles une fureur sanguinaire. Je ne m’arrête pas à ceux qui font des histoires sur leur temps ou les temps antérieurs, car per sonne ne les croit. En tout, ils sont huit cent mille dans cette salle et il n’y en a pas deux qui pensent tout à fait de même sur aucun sujet, et ceux qui se répètent les uns les autres ne s’entendent pas entre eux. Ils ne savent, le plus souvent, ni ce qu’ils disent ni ce que les autres ont dit.

» Messieurs, d’ouïr ce tapage universel, je deviendrai fou comme le devinrent tous ceux qui vécurent avant moi dans cette salle aux voix sans nombre, à moins d’y entrer naturellement idiot, comme mon vénéré collègue, monsieur Froidefond, que vous voyez assis en face de moi cataloguant avec une paisible ardeur. Il est né simple et simple il est resté. Il était tout uni et n’est point devenu divers. Car l’unité ne saurait produire la diversité, et c’est là, je vous le rappelle en passant, messieurs, la première difficulté que nous rencontrons en recherchant l’origine des choses : la cause n en pouvant être unique, il faut qu’elle soit double, triple, multiple, ce qu’on admet difficilement. Monsieur Froidefond a l’esprit simple et l’âme pure. Il vit catalogalement. De tous les volumes qui garnissent ces murailles il connaît le titre et le format, possédant ainsi la seule science exacte qu’on puisse acquérir dans une bibliothèque, et, pour n’avoir jamais pénétré au dedans d’un livre, il s’est gardé de la molle incertitude, de l’erreur aux cent bouches, du doute affreux, de l’inquiétude horrible, monstres qu’enfante la lecture dans un cerveau fécond. Il est tranquille et pacifique, il est heureux.

— Il est heureux ! s’écrièrent ensemble les deux chercheurs de chemise.

— Il est heureux, reprit M. Chaudesaigues, mais il ne le sait pas. Et peut-être n’est— on heureux qu’à cette condition.

— Hélas ! dit Saint-Sylvain, ce n’est pas vivre que d’ignorer qu’on vit ; ce n’est pas être heureux que d’ignorer qu’on l’est.

Mais Quatrefeuilles, qui se défiait du raisonnement et n’en croyait, en toutes choses, que l’expérience, s’approcha de la table où Froidefond, dans un amas de bouquins recouverts de veau, de basane, de maroquin, de vélin, de parchemin, de peau de truie, d’ais de bois, sentant la poussière, le moisi, le rat et la souris, cataloguait.

— Monsieur le bibliothécaire, lui dit-il, obligez-moi de me répondre. Êtes-vous heureux ?

— Je ne connais pas d’ouvrage sous ce titre, répondit le vieux catalogal.

Quatrefeuilles, levant les bras en signe de découragement, vint reprendre sa place.

— Réfléchissez, messieurs, dit Chaudesaigues, que l’antique Cybèle, portant monsieur Froidefond sur son sein fleuri lui fait décrire un orbe immense autour du soleil et que le soleil entraîne monsieur Froidefond, avec la terre et tout son cortège d’astres, à travers les abîmes de l’espace, vers la constellation d’Hercule. Pourquoi ? Des huit cent mille volumes assemblés autour de nous aucun ne peut nous l’apprendre. Nous ignorons cela et le reste. Messieurs, nous ne savons rien. Les causes de notre ignorance sont nombreuses, mais je suis persuadé que la principale est dans l’imperfection du langage. Le vague des mots produit le trouble de nos idées. Si nous prenions plus de soin de définir les termes au moyen desquels nous raisonnons, nos idées seraient plus nettes et plus sûres.

— Qu’est-ce que je vous disais, Quatrefeuilles ? s’écria Saint-Sylvain triomphant.

Et, se tournant vers le bibliothécaire :

— Monsieur Chaudesaigues, ce que vous dites là me comble de joie. Et je vois que, en venant vers vous, nous nous sommes bien adressés. Nous venons vous demander la définition du bonheur. C’est pour le service de Sa Majesté.

— Je vous répondrai de mon mieux. La définition d’un mot doit être étymologique et radicale. Qu’entend-on par « bonheur ? me demandez vous. Le « bonheur ou « heur bon », c’est le bon augure, c’est le favorable présage tiré du vol et du chant des oiseaux, à l’opposé du « malheur » ou « mauvais heur » qui signifie un essai infortuné des volailles, le mot l’indique.

— Mais, demanda Quatrefeuilles, comment découvrir qu’un homme est heureux ?

A l’inspection des poulets ! répondit le bibliothécaire. Le terme l’implique. « Heur vient d’augurium, qui est pour avigurium.

— L’inspection des poulets sacrés ne se fait plus depuis les Romains, objecta le premier écuyer.

— Mais, demanda Saint-Sylvain, un homme heureux, n’est-ce pas un homme à qui la chance est favorable et n’existe-t-il pas certains signes extérieurs et visibles de la bonne chance ?

— La chance, répondit Chaudesaigues, c’est ce qui tombe bien ou mal, c’est le coup de dés. Si je vous ai bien compris, messieurs, vous cher chez un homme heureux, un homme chanceux, c’est-à-dire un homme pour qui les oiseaux n’aient que de bons présages et que les dés favorisent constamment. Ce rare mortel, cherchez-le parmi les hommes qui achèvent leur vie, et, de préférence, parmi ceux qui déjà sont étendus sur leur lit de mort, parmi ceux enfin qui n’auront plus à consulter les poulets sacrés ni à jeter les dés. Car ceux-là seuls peuvent se féliciter d’une chance fidèle et d’un bonheur constant.

» Sophocle n’a-t-il pas dit en son Œdipe roi :

Ne proclamons heureux nul homme avant sa mort ?

Ces conseils déplaisaient à Quatrefeuilles, qui goûtait mal l’idée de courir après le bonheur derrière les saintes huiles. Saint-Sylvain ne se faisait pas non plus un plaisir d’aller tirer la chemise aux agonisants ; mais, comme il avait de la philosophie et des curiosités, il demanda au bibliothécaire s’il connaissait un de ces beaux vieillards ayant jeté pour la dernière fois leurs dés glorieusement pipés.

Chaudesaigues hocha la tête, se leva, alla à la fenêtre et tambourina sur les vitres. Il pleuvait ; la place d’armes était déserte. Au fond se dressait un palais magnifique dont l’attique était surmonté de trophées d’armes et qui portait à son fronton une Bellone casquée d’une hydre, cuirassée d’écailles et brandissant un glaive romain.

— Allez dans ce palais, dit-il enfin.

— Quoi ! fit Saint-Sylvain surpris. Chez le maréchal de Volmar ?

— Sans doute. Quel mortel plus fortuné, sous le ciel, que le vainqueur d’Elbruz et de Baskir ? Volmar est un des plus grands hommes de guerre qui aient jamais existé, et, de tous, le plus constamment heureux.

— Le monde entier le sait, dit Quatrefeuilles.

— Il ne l’oubliera jamais, reprit le bibliothécaire. Le maréchal Pilon, duc de Volmar, venu dans un temps où les conflagrations des peuples n’embrasaient plus toute la surface de la terre à la fois, sut corriger cette ingratitude du sort en se jetant avec son cœur et son génie sur tous les points du globe où s’allumait une guerre. Dès l’âge de douze ans il servit en Turquie et fit la campagne du Kourdistan. Depuis lors il a porté ses armes victorieuses dans toutes les parties du monde connu ; il a franchi quatre fois le Rhin, avec une si insolente facilité que le vieux fleuve couronné de roseaux, séparateur des peuples, en parut humilié et bafoué ; il a, plus habilement encore que le maréchal de Saxe, défendu la ligne de la Lys, il a franchi les Pyrénées, forcé l’entrée du Tage, ouvert les portes caucasiennes et remonté le Borysthène ; il a tour à tour défendu et combattu toutes les nations d’Europe et trois fois sauvé sa patrie. 

 

CHAPITRE VI

LE MARÉCHAL DUC DE VOLMAR

Chaudesaigues fit apporter les campagnes du duc de Volmar. Trois garçons de bibliothèque pliaient sous le faix. Les atlas ouverts s’étendaient sur les tables à perte de vue.

— Voici, messieurs, la campagne de Styrie, la campagne du Palatinat, la campagne de Karamanie, celle du Caucase et celle de la Vistule. Les positions et la marche des armées sont indiquées exactement sur ces cartes par des losanges accompagnés de jolis petits drapeaux et l’ordre des batailles y est parfait. Cet ordre se détermine généralement après l’action et c’est le génie des grands capitaines d’ériger en système, à leur gloire, les caprices du hasard. Mais le duc de Volmar a toujours tout prévu

» Jetez les yeux sur ce plan au dix-millième de la fameuse bataille de Baskir remportée sur les Turcs par Volmar. Il y déploya le plus prodigieux génie tactique. L’action était engagée depuis cinq heures du matin ; à quatre heures du soir, les troupes de Volmar, accablées de fatigue et leurs munitions épuisées, se repliaient en désordre ; l’intrépide maréchal, seul a la tête du pont jeté sur l’Aluta, un pistolet à chaque main, brûlait la cervelle des fuyards. Il opérait sa retraite quand il apprit que les ennemis, en pleine déroute, se précipitaient éperdument dans le Danube. Aussitôt il fit volte-face, se jeta à leur poursuite et acheva leur destruction. Cette victoire lui valut cinq cent mille francs de revenu et lui ouvrit les portes de l’Institut. 

» Messieurs, pensez-vous trouver un homme plus heureux que le vainqueur d’Elbruz et de Baskir ? Il a fait avec un bonheur constant quatorze campagnes, gagné soixante batailles rangées et trois fois sauvé d’une ruine totale sa patrie reconnaissante. Chargé de gloire et d’honneurs, il prolonge au delà du terme ordinaire, dans la richesse et la paix, son auguste vieillesse.

— Il est vrai qu’il est heureux, dit Quatrefeuilles. Qu’en pensez-vous, Saint-Sylvain ?

— Allons lui demander audience, répondit le secrétaire des commandements.

Introduits dans le palais, ils traversèrent le vestibule où se dressait la statue équestre du maréchal.

Sur le socle étaient inscrites ces fières paroles : « Je lègue à la reconnaissance de la patrie et à l’admiration de l’univers mes deux filles Elbruz et Baskir. » L’escalier d’honneur élevait la double courbe de ses degrés de marbre entre des murs décorés de panoplies et de drapeaux et son vaste palier conduisait à une porte dont les battants s’ornaient de trophées d’armes et de grenades enflammées et que surmontaient les trois couronnes d’or décernées par le roi, le parlement et la nation au duc de Volmar, sauveur de sa patrie.

Saint-Sylvain et Quatrefeuilles s’arrêtèrent, glacés de respect, devant cette porte close ; à la pensée du héros dont elle les séparait, l’émotion les tenait cloués sur le seuil et ils n’osaient affronter tant de gloire.

Saint-Sylvain se rappelait la médaille frappée en commémoration de la bataille d’Elbruz, et qui présentait à l’avers le maréchal posant une couronne sur le front d’une victoire ailée, avec cet exergue magnifique : Victoria Caesarem et Napoleonem coronavit ; major autem Volmarus coronat Victoriam. Et il murmura :

— Cet homme est grand de cent coudées. 

Quatrefeuilles pressait des deux mains son cœur, qui battait à se rompre.

Ils n’avaient pas encore repris leurs sens quand ils entendirent des cris aigus qui semblaient sortir du fond des appartements et se rapprochaient peu à peu. C’était des glapissements de femme mêlés à des bruits de coups, suivis de faibles gémissements. Soudain, les battants brusquement écartés, un très petit vieillard, lancé à coups de pied par une robuste servante, s’abattit comme un mannequin sur les marches, dégringola l’escalier, la tête la première, et tomba cassé, disloqué, brisé, dans le vestibule, devant les valets solennels. C’était le duc de Volmar. Ils le relevèrent. La servante, échevelée et débraillée, hurlait d’en haut :

— Laissez donc ! On ne touche ça qu’avec le balai.

Et, brandissant une bouteille :

— Il voulait me prendre mon eau-de-vie ! De quel droit ? Eh ! va donc, vieux décombre ! C’est pas moi qui suis allée te chercher, bien sûr, vieille charogne !

Quatrefeuilles et Saint-Sylvain s’enfuirent à grands pas du palais. Quand ils furent sur la place d’armes, Saint-Sylvain fit cette remarque qu’à sa dernière partie de dés le héros n’avait pas été heureux.

— Quatrefeuilles, ajouta-t-il, je vois que je me suis trompé. Je voulais procéder avec une méthode exacte et rigoureuse ; j’avais tort. La science nous égare. Revenons au sens commun. On ne se gouverne bien que par l’empirisme le plus grossier. Cherchons la bonheur sans vouloir le définir.

Quatrefeuilles se répandit longuement en récriminations et en invectives contre le bibliothécaire, qu’il traitait de mauvais plaisant. Ce qui le fâchait le plus, c’était de voir sa foi dévastée, le culte qu’il vouait au héros national avili, souillé dans son âme. Il en souffrait. Sa douleur était généreuse, et, sans doute, les douleurs généreuses contiennent en soi leur adoucissement et, pour ainsi dire, leur récompense : elles se supportent mieux, plus aisément d’un plus facile courage, que les douleurs égoïstes et intéressées. Il serait injuste de vouloir qu’il en fût autrement. Aussi Quatrefeuilles eut bientôt l’âme assez libre et l’esprit assez clair pour s’apercevoir que la pluie, tombant sur son chapeau de soie en altérait le lustre, et il soupira :

— Encore un chapeau de fichu !

Il avait été militaire et avait jadis servi son roi comme lieutenant de dragons. C’est pourquoi il eut une idée : il alla acheter chez le libraire de l’état-major, sur la place d’armes, à l’angle de la rue des Grandes-Écuries, une carte du royaume et un plan de la capitale.

— On ne doit jamais se mettre en campagne sans cartes ! dit-il. mais le diable, c’est de les lire. Voici notre ville avec ses environs. Par où commencerons-nous ? Par le nord ou par le sud, par l’est ou par l’ouest ? On a remarqué que les villes s’accroissaient toutes par l’ouest. Peut-être y a-t-il là un indice qu’il ne faut pas négliger. Il est possible que les habitants des quartiers occidentaux, à l’abri du vent malin de l’est, jouissent d’une meilleure santé, aient l’humeur plus égale et soient plus heureux. Ou plutôt, commençons par les coteaux charmants qui s’élèvent au bord de la rivière, à dix lieues au sud de la ville. C’est là qu’habitent, en cette saison, les plus opulentes familles du pays. Et, quoi qu’on dise, c’est parmi les heureux qu’il faut chercher un heureux.

— Quatrefeuilles, répondit le secrétaire des commandements, je ne suis pas un ennemi de la société, je ne suis pas un adversaire du bonheur public. Je vous parlerai des riches en honnête homme et en bon citoyen. Les riches sont dignes de vénération et d’amour ; ils entretiennent l’État en s’enrichissant encore et, bienfaisants même sans le vouloir, ils nourrissent une multitude de personnes qui travaillent à la conservation et à l’accroissement de leurs biens. Oh ! que la richesse privée est belle, digne, excellente ! Comme elle doit être ménagée, allégée, privilégiée par le sage législateur et combien il est inique, perfide, déloyal, contraire aux droits les plus sacrés, aux intérêts les plus respectables et funeste aux finances publiques de grever l’opulence ! C’est un devoir social de croire à la bonté des riches ; il est doux aussi de croire à leur bonheur. Allons, Quatrefeuilles ! 

 

CHAPITRE VII

DES RAPPORTS DE LA RICHESSE AVEC LE BONHEUR

Résolu de s’adresser d’abord au meilleur, au plus riche, Jacques Felgine-Cobur, qui possédait des montagnes d’or, des mines de diamant, des mers de pétrole, ils longèrent longtemps les murs de son parc, qui renfermait des prairies immenses, des forêts, des fermes, des villages ; et à chaque porte du domaine où ils se présentaient, on les renvoyait à une autre. Las d’aller et de venir et de virer sans cesse, ils avisèrent un cantonnier qui sur la route, devant une grille armoriée, cassait des pierres, et lui demandèrent Si c’était par cette entrée qu’on passait pour se rendre chez M. Jacques Felgine-Cobur qu’ils désiraient voir.

L’homme redressa péniblement sa maigre échine et tourna vers eux son visage creux, masqué de lunettes grillées.

— Monsieur Jacques Felgine-Cobur, c’est moi, dit-il.

Et, les voyant surpris :

— Je casse les pierres : c’est ma seule distraction.

Puis, se courbant de nouveau, il frappa de son marteau un caillou qui se brisa avec un bruit sec.

Tandis qu’ils s’éloignaient :

— Il est trop riche, dit Saint-Sylvain. Sa fortune l’écrase. C’est un malheureux.

Quatrefeuilles pensait se rendre ensuite chez le rival de Jacques Felgine-Cobur, chez le roi du fer, Joseph Machero, dont le château tout neuf dressait horriblement sur la colline voisine ses tours crénelées et ses murs percés de mâchicoulis, hérissés d’échauguettes. Saint-Sylvain l’en dissuada.

— Vous avez vu son portrait : il a l’air minable on sait par les journaux qu’il est piétiste, vit comme un pauvre, évangélise les petits garçons et chante des psaumes à l’église. Allons plutôt chez le prince de Lusance. Celui-là est un véritable aristocrate, qui sait jouir de sa fortune. Il fuit le tracas des affaires et ne va pas à la cour. Il est amateur de jardins et a la plus belle galerie de tableaux du royaume.

Ils s’annoncèrent. Le prince de Lusance les reçut dans son cabinet des antiques ou l’on voyait la meilleure copie grecque qu’on connaisse de l’Aphrodite de Cnide, œuvre d’un ciseau vraiment praxitélien et pleine de vénusté. La déesse semblait humide encore de l’onde marine. Un médaillier en bois de rose, qui avait appartenu à madame de Pompadour, contenait les plus belles pièces d’or et d’argent de Grèce et de Sicile. Le prince, fin connaisseur, rédigeait lui-même le catalogue de ses médailles. Sa loupe traînait encore sur la vitrine des pierres gravées, jaspes, onyx, sardoines, calcédoilles, renfermant dans la grandeur de l’ongle des figures d’un style large, des groupes composés avec une ampleur magnifique. Il prit d’une main amoureuse sur sa table un petit faune de bronze pour en faire admirer à ses visiteurs le galbe et la patine, et son langage était digne du chef-d’œuvre qu’il expliquait.

- J’attends, ajouta-t-il, un envoi d’argenterie antique, des tasses et des coupes qu’on dit plus belles que celles d’Hildesheim et de Bosco-reale ! Je suis impatient de les voir. Monsieur de Caylus ne connaissait pas de volupté plus grande que de déballer des caisses. c’est mon sentiment.

Saint-Sylvain sourit :

— On dit pourtant, mon cher prince, que vous êtes expert on toutes les voluptés.

— Vous me flattez, monsieur de Saint- Sylvain. Mais je crois que l’art du plaisir est le premier de tous, et que les autres n’ont de prix que par le concours qu’ils prêtent a celui-là.

Il conduisit ses hôtes dans sa galerie de tableaux, où se concertaient les tons argentés de Véronèse, l’ambre du Titien, les rougeurs de Rubens, les rousseurs de Rembrandt, le gris et les roses de Vélasquez ; où toutes les palettes chantantes formaient une harmonie glorieuse. Un violon dormait oublié sur un fauteuil devant le portrait d’une dame brune, à bandeaux plats, le teint olivâtre ; ses grands yeux marrons lui mangeant les joues : une inconnue, dont Ingres avait caressé les formes d’une main amoureuse et sûre.

- Je vais vous avouer ma manie, dit le prince de Lusance. Parfois, quand je suis seul, je joue devant ces tableaux et j’ai l’illusion de traduire par des sons l’harmonie des couleurs et des lignes. Devant ce portrait, j’essaye de rendre la ferme caresse du dessin et, découragé, je laisse mon violon.

Une fenêtre s’ouvrait sur le parc. Le prince et ses hôtes s’accoudèrent au balcon.

— Quelle belle vue ! s’écrièrent Quatrefeuilles et Saint-Sylvain.

Des terrasses, chargées de statues, d’orangers et de fleurs, conduisaient par de lents et faciles escaliers à la pelouse bordée de charmille et aux bassins où l’eau jaillissait en gerbes blanches des conques des tritons et des urnes des nymphes. A droite et à gauche une mer de verdure étendait ses houles apaisées j jusqu’à la rivière lointaine dont on suivait le fil argenté entre les peupliers, sous les collines enveloppées de brumes roses.

Naguère souriant, le prince attachait un regard soucieux sur un point de cette vaste et belle étendue.

— Ce tuyau !… murmura-t-il d’une voix altérée, en désignant du doigt une cheminée d’usine qui fumait à plus d’une demi-lieue du parc. 

— Cette cheminée ? On ne la voit guère, dit Quatrefeuilles.

— Je ne vois qu’elle, répondit le prince. Elle me gâte toute cette vue, elle me gâte la nature entière, elle me gâte la vie. Le mal est sans remède. Elle appartient à une compagnie qui ne veut céder son usine à aucun prix. J’ai essayé de tous les moyens pour la masquer ; je n’ai pas pu. J’en suis malade.

Et, quittant la fenêtre, il s’abîma dans un fauteuil.

— Nous devions le prévoir, dit Quatrefeuilles en montant en voiture. C’est un délicat : il est malheureux.

Avant de poursuivre leurs recherches, ils s’assirent un moment dans le jardinet d’une guinguette située à la pointe de la montagne et d’où l’on découvrait la belle vallée, le fleuve clair et sinueux et ses îles ovales. Au mépris de deux épreuves désespérantes, ils espéraient découvrir un milliardaire heureux. Il leur en restait une douzaine à voir dans la contrée, et entre autres, M. Bloch, M. Potiquet, le baron Nichol, le plus grand industriel du royaume, et le marquis de Granthosme, le plus riche peut-être de tous et d’une famille illustre, aussi chargée de gloire que de biens.

Près d’eux un homme long, maigre, buvait une tasse de lait, plié en deux, mou comme un traversin ; ses gros yeux pâles lui tombaient au milieu des joues ; son nez lui pendait sur la bouche. Il semblait abîmé de douleur et regardait avec affliction les pieds de Quatrefeuilles.

Après une contemplation de vingt minutes, il se leva, lugubre et résolu, s’approcha du premier écuyer et, s’excusant de l’importunité :

— Monsieur, lui dit-il, permettez-moi de vous faire une question qui est pour moi d’une extrême importance. Combien payez-vous vos bottines ?

— Malgré l’étrangeté de la demande, répondit Quatrefeuilles, je ne vois pas d’inconvénient à y répondre. J’ai payé cette paire soixante-cinq francs.

Longtemps l’inconnu examina alternativement son pied et celui de son interlocuteur, et compara les deux chaussures avec une attention minutieuse.

Puis, pâle et d’une voix émue :

— Vous dites que vous payez ces bottines-là soixante-cinq francs. En êtes-vous bien sûr ?

— Certainement.

— Monsieur, prenez bien garde à ce que vous dites !…

— Ah çà ! grommela Quatrefeuilles, qui commençait à s’impatienter, vous êtes un plaisant bottier, monsieur.

— Je ne suis pas bottier, répondit l’étranger plein d’une humble douceur, je suis le marquis de Granthosme.

Quatrefeuilles salua.

— Monsieur, poursuivit le marquis, J’en avais le pressentiment : hélas ! je suis encore volé ! Vous payez vos bottines soixante-cinq francs, je paye les miennes, toutes semblables aux vôtres, quatre-vingt-dix. Ce n’est pas le prix que je considère : le prix n’est rien pour moi : mais je ne puis supporter d’être volé. Je ne vois, je ne respire autour de moi qu’improbité, fraude, larcin, mensonge, et je prends en horreur mes richesses qui corrompent tous les hommes qui m’approchent, domestiques, intendants, fournisseurs, voisins, amis, femme, enfants, et me les rendent odieux et méprisables. Ma position est atroce. Je ne suis jamais certain de ne pas voir devant moi un malhonnête homme. Et d’appartenir moi-même à l’espèce humaine, je me sens mourir de dégoût et de honte.

Et le marquis s’en fut s’abattre sur sa tasse de lait en soupirant :

— Soixante-cinq francs ! soixante-cinq francs !… 

A ce moment, des plaintes et des gémissements éclatèrent sur la route, et les deux envoyés du roi virent un vieillard qui se lamentait, suivi de deux grands laquais galonnés.

Ils s’émurent à cette vue. Mais le cafetier fort indifférent :

— Ce n’est rien, leur dit-il, c’est le baron Nichol, qui est si riche !… Il est devenu fou, il se croit ruiné et se lamente nuit et jour.

— Le baron Nichol ! s’écria Saint-Sylvain, encore un à qui vous vouliez demander sa chemise, Quatrefeuilles !

Sur cette dernière rencontre, ils renoncèrent à chercher plus longtemps chez les plus riches du royaume la chemise salutaire. Comme ils étaient mécontents de leur journée et craignaient d’être mal reçus au château, ils s’en prirent l’un à l’autre de leur mécompte.

— Quelle idée aussi aviez-vous, Quatrefeuilles, d’aller chez ces gens-là pour faire autre chose que des observations tératologiques ? Mœurs, idées, sensations, rien n’est sain, rien n’est normal en eux. Ce sont des monstres.

— Quoi ! ne m’avez-vous pas dit, Saint-Sylvain, que la richesse est une vertu, qu’il est juste de croire à la bonté des riches et doux de croire à leur bonheur ? Mais prenez-y bien garde : il y a richesse et richesse. Quand la noblesse est pauvre et la roture riche, c’est la subversion de l’État et la fin de tout.

— Quatrefeuilles, je suis fâché de vous le dire : vous n’avez aucune idée de la constitution des États modernes. Vous ne comprenez pas l’époque où vous vivez. Mais cela ne fait rien. Si maintenant nous tâtions de la médiocrité dorée ? Qu’en pensez— vous ? je crois que nous ferions sagement d’assister demain aux réceptions des dames de la ville, bourgeoises et titrées. Nous y pourrons observer toutes espèces de gens, et, si vous m’en croyez, nous visiterons d’abord les bourgeoises de condition modeste. 

 

CHAPITRE VIII

LES SALONS DE LA CAPITALE

Ainsi firent-ils. Ils se présentèrent d’abord chez madame Souppe, femme d’un fabricant de pâtes alimentaires qui avait une usine dans le Nord. Ils y trouvèrent monsieur et madame Souppe malheureux de n’être pas reçus chez madame Esterlin, femme du maître de forges, député au parlement. Ils allèrent chez madame Esterlin et l’y trouvèrent désolée, ainsi que M. Esterlin, de n’être pas reçue chez madame du Colombier, femme du pair du royaume, ancien ministre de la Justice. Ils allèrent chez madame du Colombier et y trouvèrent le pair et la pairesse enragés de n’être pas dans l’intimité de la reine.

Les visiteurs qu’ils rencontrèrent dans ces diverses maisons n’étaient pas moins malheureux, désolés, enragés. La maladie, les peines de cœur, les soucis d’argent les rongeaient. Ceux qui possédaient, craignant de perdre, étaient plus infortunés que ceux qui ne possédaient pas. Les obscurs voulaient paraître, les illustres paraître davantage. Le travail accablait la plupart ; et ceux qui n’avaient rien à faire souffraient d’un ennui plus cruel que le travail. Plusieurs pâtissaient du mal d’autrui, souffraient des souffrances d’une femme, d’un enfant aimés, Beaucoup dépérissaient d’une maladie qu’ils n’avaient pas, mais qu’ils croyaient avoir ou dont ils craignaient les atteints.

Une épidémie de choléra venait de sévir dans la capitale et l’on citait un financier qui, de peur d’être atteint par la contagion et ne connaissant pas de retraite assez sûre, se suicida.

— Le pis, disait Quatrefeuilles, c’est que tous ces gens-là, non contents des maux réels qui pleuvent sur eux dru comme grêle, se plongent dans une mare de maux imaginaires.

— Il n’y a pas de maux imaginaires, répondait Saint-Sylvain Tous les maux sont réels des qu’on les éprouve, et le rêve de la douleur est une, douleur véritable.

— C’est égal, répliquait Quatrefeuilles. Quand je pisse des pierres grasses comme un œuf de canard, je voudrais bien que ce fût en rêve.

Cette fois encore Saint-Sylvain observa que bien souvent les hommes s’affligent pour des raisons opposées et contraires.

Il causa successivement, dans le salon de madame du Colombier, avec deux hommes de haute intelligence, éclairés, cultivés, qui, par les tours et détours qu’à leur insu ils imprimaient à leur pensée, lui décelaient le mal moral dont ils étaient profondément atteints. C’est de l’état public que tous deux tiraient la cause de leur souci ; mais ils la tiraient à rebours. M. Brome vivait dans la peur perpétuelle d’un changement. Dans la stabilité présente, au milieu de la prospérité et de la paix dont jouissait le pays, il craignait des troubles et redoutait un bouleversement total. Ses mains n’ouvraient qu’en tremblant les journaux ; il s’attendait tous les matins à y trouver l’annonce de tumultes et d’émeutes. Sous cette impression, il transformait les faits les plus insignifiants et les plus vulgaires incidents en préludes de révolutions, en prodromes de cataclysmes. Se croyant toujours à la veille d’une catastrophe universelle, il vivait dans un perpétuel effroi.

Un mal tout contraire, plus étrange et plus rare, ravageait M. Sandrique. Le calme l’ennuyait, l’ordre public l’impatientait, la paix lui était odieuse, la sublime monotonie des lois humaines et divines l’assommait. Il appelait en secret des changements et, feignant de les craindre, soupirait après les catastrophes. Cet homme bon, doux, affable, humain, ne concevait d’autres amusements que la subversion violente de son pays, du globe, de l’univers, épiant jusque dans les astres les collisions et les conflagrations. Déçu, abattu, triste, morose, quand le style des papiers publics et l’aspect des rues lui révélait l’inaltérable quiétude de la nation, il en souffrait d’autant plus qu’ayant la connaissance des hommes et l’expérience des affaires, il savait combien l’esprit de conservation, de tradition, d’imitation et d’obéissance est fort dans les peuples et comme d’un train égal et lent va la vie sociale.

Saint-Sylvain observa, à la réception de madame du Colombier, une autre contrariété, plus vaste et de plus de conséquence. 

Dans un coin du petit salon, M. de la Galissonnière, président du tribunal civil, s’entretenait paisiblement et à voix basse avec M. Larive-du-Mont, administrateur du Jardin zoologique.

— Je le confierai à vous, mon ami, disait M. de la Galissonnière : l’idée de la mort me tue. J’y pense sans cesse, j’en meurs sans cesse. La mort m’épouvante, non par elle— même, car elle n’est rien, mais pour ce qui la suit, la vie future. J’y crois ; j’ai la foi, la certitude de mon immortalité. Raison, instinct, science, révélation, tout me démontre l’existence d’une âme impérissable, tout me prouve la nature, l’origine et les fins de l’homme telles que l’Église nous les enseigne. Je suis chrétien ; je crois aux peines éternelles ; l’image terrible de ces peines me pour suit sans trêve ; l’enfer me fait peur et cette peur, plus forte qu’aucun autre sentiment, détruit en moi l’espérance et toutes les vertus nécessaires au salut, me jette dans le désespoir et m’expose à cette réprobation que je redoute. La peur de la damnation me damne, l’épouvante de l’enfer m’y précipite et, vivant encore, j’éprouve par avance les tourments éternels. Il n’y a pas de supplice comparable à celui que j’endure et qui se fait plus cruellement sentir d’année en année, de jour en jour, d’heure en heure, puisque chaque jour, chaque minute me rapproche de ce qui me terrifie. Ma vie est une agonie pleine d’affres et d’épouvantements.

En prononçant ces paroles, le magistrat battait l’air de ses mains comme pour écarter les flammes inextinguibles dont il se sentait environné.

— Je vous envie, mon bien cher ami, soupira M. Larive-du-Mont. Vous êtes heureux en comparaison de moi ; c’est aussi l’idée de la mort qui me déchire ; mais que cette idée diffère de la vôtre et combien elle la dépasse en horreur ! Mes études, mes observations, une pratique constante de l’anatomie comparée et des recherches approfondies sur la constitution de la matière ne m’ont que trop persuadé que les mots âme, esprit, immortalité, immatérialité ne représentent que des phénomènes physiques ou la négation de ces phénomènes et que, pour nous, le terme de la vie est aussi le terme de la conscience, enfin que la mort consomme notre complet anéantissement. Ce qui suit la vie, il n’y a pas de mot pour l’exprimer, car le terme de néant que nous y employons n’est qu’un signe de dénégation devant la nature entière. Le néant, c’est un rien infini et ce rien nous enveloppe. Nous en venons, nous y allons ; nous sommes entre deux néants comme une coquille sur la mer. Le néant, c’est l’impossible et le certain ; cela ne se conçoit pas et cela est. Le malheur des hommes, voyez-vous, leur malheur et leur crime est d’avoir découvert ces choses. Les autres animaux ne les savent pas ; Nous devionsles ignorer à jamais. Être et cesser d’être, l’effroi du cette idée me fait dresser les cheveux sur la tête ; elle ne me quitte pas. Ce qui ne sera pas me gâte et me corrompt ce qui est et le néant m’abîme par avance. Atroce absurdité I je m’y sens, je m’y vois.

— Je suis plus à plaindre que vous, répliqua M. de la Galissonnière. Chaque fois que vous prononcez ce mot, ce perfide et délicieux mot de néant, sa douceur caresse mon âme et me flatte, comme l’oreiller du malade, d’une promesse de sommeil et de repos. Mais Larive-du-Mont :

— Mes souffrances sont plus intolérables que les vôtres, puisque le vulgaire supporte l’idée d’un enfer éternel et qu’il faut une force d’âme peu commune pour être athée. Une éducation religieuse, une pensée mystique vous ont donné la peur et la haine de la vie humaine. Vous n’êtes pas seulement chrétien et catholique ; vous ôtes janséniste et vous portez au flanc l’abîme que côtoyait Pascal. Moi, j’aime la vie, la vie de cette terre, la vie telle qu’elle est, la chienne de vie. Je l’aime brutale, vile et grossière ; je l’aime sordide, malpropre, gâtée ; je l’aime stupide, imbécile et cruelle ; je l’aime dans son obscénité, dans son ignominie, dans son infamie, avec ses souillures, ses laideurs et ses puanteurs, ses corruptions et ses infections. Sentant qu’elle m’échappe et me fuit, je tremble comme un lâche et deviens fou de désespoir.

» Les dimanches, les jours de fête, je cours a travers les quartiers populeux, je me mêle à la foule qui roule par les rues, je me plonge dans les groupes d’hommes, de femmes, d’enfants, autour des chanteurs ambulants ou devant les baraques des forains ; je me frotte aux jupes sales, aux camisoles grasses, j’aspire les odeurs fortes et chaudes de la sueur, des cheveux, des haleines. Il me semble, dans ce grouillement de vie, être plus loin de la mort. J’entends une voix qui me dit :

» —— La peur que je te donne, seule je t’en guérirai ; la fatigue dont mes menaces t’accablent, seule je t’en reposerai.

» Mais je ne veux pas ! Je ne veux pas !

— Hélas ! soupira le magistrat. Si nous ne guérissons pas en cette vie les maladies qui ruinent nos âmes, la mort ne nous apportera pas le repos.

— Et ce qui m’enrage, reprit le savant, c’est que, quand nous serons tous deux morts, je n’aurai pas même la satisfaction de vous dire : « Vous voyez, La Galissonnière ! je ne me trompais pas : il n’y a rien. » Je ne pourrai pas me flatter d’avoir eu raison. Et vous, vous ne serez jamais détrompé. De quel prix se paie la pensée ! Vous êtes malheureux, mon ami, parce que votre pensée est plus vaste et plus forte que celle des animaux et de la plupart des hommes. Et je suis plus malheureux que vous parce que j’ai plus de génie.

Quatrefeuilles, qui avait attrapé des bribes de ce dialogue, n’en fut pas très frappé.

— Ce sont là des peines d’esprit, dit-il ; elles peuvent être cruelles, mais elles sont peu communes. Je m’alarme davantage des peines plus vulgaires, souffrances et difformités du corps, mal d’amour et défaut d’argent, qui rendent notre recherche si difficile.

— En outre, lui fit observer Saint-Sylvain, ces deux messieurs forcent trop violemment leur doctrine à les rendre misérables. Si La Galissonnière consultait un bon père jésuite, il serait bientôt rassuré, et Larive-du-Mont devrait savoir qu’on peut être athée avec sérénité comme Lucrèce, avec délices comme André Chénier. Qu’il se répète le vers d’Homère : « Patrocle est mort qui valait mieux que toi », et consente de meilleure grâce à rejoindre un jour ou l’autre ses maîtres les philosophes de l’antiquité, les humanistes de la Renaissance, les savants modernes et tant d’autres qui valaient mieux que lui. « Et meurent Pâris et Hélène », dit François Villon. « Nous sommes tous mortels », comme dit Cicéron. « Nous mourrons tous », dit cette femme dont l’Écriture a loué la prudence au second livre des Rois. 

 

CHAPITRE IX

LE BONHEUR D ÊTRE AIME

Ils allèrent dîner au parc royal, promenade élégante qui est à la capitale du roi Christophe ce qu’est le bois de Boulogne à Paris, la Cambre à Bruxelles, Hyde-Park à Londres, le Thier-garten à Berlin, le Prater à Vienne, le Prado à Madrid, les Cascines à Florence, le Pincio à Rome. Assis au frais, parmi la foule brillante des dîneurs, ils promenaient leurs regards sur les grands chapeaux chargés de plumes et de fleurs, pavillons errants des plaisirs, abris agités des amours, colombiers vers lesquels volaient les désirs. 

- Je crois, dit Quatrefeuilles, que ce que nous cherchons se trouve ici. Il m’est arrivé tout comme à un autre d’être aimé : c’est le bonheur, Saint-Sylvain, et aujourd’hui encore je me demande si ce n’est pas l’unique bonheur des hommes ; et, bien que je porte le poids d’une vessie plus chargée de pierres qu’un tombereau au sortir de la carrière, il y a des jours où je suis amoureux comme a vingt ans.

— Moi, répondit Saint-Sylvain, je suis misogyne. Je ne pardonne pas aux femmes d’être du même sexe que madame de Saint-Sylvain. Elles sont toutes, je le sais, moins sottes, moins méchantes et moins laides, mais c’est trop qu’elles aient quelque chose en commun avec elle.

— Laissez cela, Saint-Sylvain. Je vous dis que ce que nous cherchons est ici et que nous n’avons que la main à étendre pour l’atteindre.

Et, montrant un fort bel homme assis seul à une petite table : 

- Vous connaissez Jacques de Navicelle. Il plaît aux femmes, il plaît à toutes les femmes. C’est le bonheur ; ou je ne m’y connais pas.

Saint-Sylvain fut d’avis de s’en assurer. Ils invitèrent Jacques de Navicelle à faire table commune, et, tout en dînant, causèrent familièrement avec lui. Vingt fois, par de longs circuits ou de brusques détours, de front, obliquement, par insinuation ou en toute franchise, ils s’informèrent de son bonheur, sans pouvoir rien apprendre de ce compagnon dont la parole élégante et le visage charmant n’exprimaient ni joie ni tristesse. Jacques de Navicelle causait volontiers, se montrait ouvert et naturel ; il faisait même des confidences, mais elles enveloppaient son secret et le rendaient plus impénétrable. Sans doute il était aimé ; en était-il heureux ou malheureux ? Quand on apporta les fruits, les deux inquisiteurs du roi renonçaient à le savoir. De guerre lasse, ils parlèrent pour ne rien dire, et parlèrent d’eux mêmes : Saint-Sylvain de sa femme et Quatrefeuilles de sa pierre fondamentale, endroit par lequel il ressemblait à Montaigne. On débita des histoires en buvant des liqueurs : l’histoire de madame Bérille qui s’échappa d’un cabinet particulier déguisée en mitron, une manne sur la tête ; l’histoire du général Débonnaire et de madame la baronne de Bildermann ; l’histoire du ministre Vizire et de madame Cérès, qui, comme Antoine et Cléopâtre, firent fondre un empire en baisers, et plusieurs autres, anciennes et nouvelles. Jacques de Navicelle conta un conte oriental :

— Un jeune marchand de Bagdad, dit-il, étant un matin dans son lit, se sentit très amoureux et souhaita, à grands cris, d’être aimé de toutes les femmes. Un djinn qui l’entendit lui apparut et lui dit : a Ton souhait est désormais accompli. A compter d’aujourd’hui tu seras aimé de toutes les femmes. » Aussitôt le jeune marchand sauta du lit tout joyeux et, se promettant des plaisirs inépuisables et variés, descendit dans la rue. A peine y avait-il fait quelques pas, qu’une affreuse vieille, qui filtrait du vin dans sa cave, éprise à sa vue d’un ardent amour, lui envoya des baisers par le soupirail. Il détourna la tête avec dégoût, mais la vieille le tira par la jambe dans le souterrain où elle le garda vingt ans enfermé.

Jacques de Navicelle finissait ce conte, quand un maître d’hôtel vint l’avertir qu’il était attendu. Il se leva et, l’oeil morne et la tête baissée, se dirigea vers la grille du jardin où l’attendait, au fond d’un coupé, une figure assez rêche.

— Il vient de conter sa propre histoire, dit Saint-Sylvain. Le jeune marchand de Bagdad, c’est lui-même.

Quatrefeuilles se frappa le front :

— On m’avait bien dit qu’il était gardé par un dragon : je l’avais oublié. 

Ils rentrèrent tard au palais sans autre chemise que la leur, et trouvèrent le roi Christophe et madame de la Poule qui pleuraient à chaudes larmes en écoutant une sonate de Mozart.

Au contact du roi, madame de la Poule, devenue mélancolique, nourrissait des idées sombres et de folles terreurs. Elle se croyait persécutée, victime de machinations abominables ; elle vivait dans la crainte perpétuelle d’être empoisonnée et obligeait ses femmes de chambre à goûter tous les plats de sa table. Elle ressentait l’effroi de mourir et l’attrait du suicide. L’état du roi s’aggravait de celui de cette dame avec laquelle il passait de tristes jours.

— Les peintres, disait Christophe V, sont de funestes artisans d’imposture. Ils prêtent une beauté touchante aux femmes qui pleurent et nous montrent des Andromaque, des Artémis, des Madeleine, des Héloïse, parées de leurs larmes. J’ai un portrait d’Adrienne Lecouvreur dans le rôle de Cornélie, arrosant de ses pleurs les cendres de Pompée : elle est adorable. Et, dès que madame de la Poule commence à pleurer, sa face se convulse, son nez rougit : elle est laide à faire peur.

Ce malheureux prince, qui ne vivait que dans l’attente de la chemise salutaire, vitupéra Quatrefeuilles et Saint-Sylvain de, leur négligence, de leur incapacité et de leur mauvaise chance, comptant peut-être que de ces trois reproches un du moins serait juste.

- Vous me laisserez mourir, comme font mes médecins Machellier et Saumon. Mais, eux, c’est leur métier. J’attendais autre chose de vous ; je comptais sur votre intelligence et sur votre dévouement. Je m’aperçois que j’avais tort. Revenir bredouille ! vous n’avez pas honte ? Votre mission était-elle donc si difficile à remplir ? Est-il donc si malaisé de trouver la chemise d’un homme heureux ? Si vous n’êtes même pas capables de cela, à quoi êtes-vous bons ? On n’est bien servi que par soi-même. Cela est vrai des particuliers et plus vrai des rois. Je vais de ce pas chercher la chemise que vous ne savez découvrir.

Et, jetant son bonnet de nuit et sa robe de chambre, il demanda ses habits.

Quatrefeuilles et Saint-Sylvain essayèrent de le retenir.

— Sire, dans votre état, quelle imprudence !

— Sire, il est minuit sonné.

— Croyez-vous donc, demanda le roi, que les gens heureux se couchent comme les poules ? N’y a-t-il plus de lieux de plaisir dans ma capitale ? N’y a-t-il plus de restaurants de nuit ? Mon préfet de police a fait fermer tous les claquedents : n’en sont-ils pas moins ouverts ? Mais je n’aurai pas besoin d’aller dans les cercles. Je trouverai ce que je cherche dans la rue, sur les bancs. 

A peine habillé, Christophe V enjamba madame de la Poule qui se tordait à terre dans des convulsions, dégringola les escaliers et traversa le jardin à la course. Quatrefeuilles et Saint-Sylvain, consternés, le suivaient de loin, en silence. 

 

CHAPITRE X

SI LE BONHEUR EST DE NE SE PLUS SENTIR

Parvenu à la grande route, ombragée de vieux ormes, qui bordait le Parc royal, il aperçut un homme jeune et d’une admirable beauté qui, appuyé contre un arbre, contemplait avec une expression d’allégresse les étoiles qui traçaient dans le ciel pur leurs signes étincelants et mystérieux. La brise agitait sa chevelure bouclée, un reflet des clartés célestes brillait dans son regard.

« J’ai trouvé ! » pensa le roi.

Il s’approcha de ce jeune homme riant et si beau, qui tressaillit légèrement à sa vue.

-- Je regrette, monsieur, dit le prince, de troubler votre rêverie. Mais la question que je vais vous faire est pour moi d’un intérêt vital. Ne refusez pas de répondre à un homme qui est peut-être à même de vous obliger, et qui ne sera pas ingrat. Monsieur, êtes-vous heureux ?

— Je le suis.

— Ne manque-t-il rien à votre bonheur ?

— Rien. Sans doute, il n’en a pas toujours été ainsi. J’ai, comme tous les hommes, éprouvé le mal de vivre et peut-être l’ai-je éprouvé plus douloureusement que la plupart d’entre eux. Il ne me venait ni de ma condition particulière, ni de circonstances fortuites, mais du fond commun à tous les hommes et à tout ce qui respire ; j’ai connu un grand malaise : il est entièrement dissipé. Je goûte un calme parfait, une douce allégresse ; tout en moi est contentement, sérénité, satisfaction profonde ; une joie subtile me pénètre tout entier. Vous me voyez, monsieur, au plus beau moment de ma vie, et, puisque la fortune me fait vous rencontrer, je vous prends à témoin de mon bonheur. Je suis enfin libre, exempt des craintes et des terreurs qui assaillent les hommes, des ambitions qui les dévorent et des folles espérances qui les trompent. Je suis au dessus de la fortune ; j’échappe aux deux invincibles ennemis des hommes, l’espace et le temps. Je peux braver les destins. Je possède un bonheur absolu et me confonds avec la divinité. Et cet heureux état est mon ouvrage ; il est dû à une résolution que j’ai prise, si sage, si bonne, si belle, si ver tueuse, si efficace, qu’à la tenir on se divinise.

» Je nage dans la joie, je suis magnifiquement ivre. Je prononce avec une entière conscience et dans la plénitude sublime de sa signification ce mot de toutes les ivresses, de tous les enthousiasmes et de tous les ravissements : « Je ne me connais plus ! » 

Il tira sa montre.

— C’est l’heure. Adieu.

— Un mot encore, monsieur. Vous pouvez me sauver. Je…

— On n’est sauvé qu’en me prenant pour exemple. Vous devez me quitter ici. Adieu !

Et l’inconnu, d’un pas héroïque, d’une allure juvénile, s’élança dans le bois qui bordait la route. Christophe, sans vouloir rien entendre, le poursuivit : au moment de pénétrer dans le taillis, il entendit un coup de feu, s’avança, écarta les branches et vit le jeune homme heureux couché dans l’herbe, la tempe percée d’une balle et tenant encore son revolver dans la main droite.

A cette vue, le roi tomba évanoui. Quatrefeuilles et Saint-Sylvain, accourus à lui, l’aidèrent à reprendre ses sens et le portèrent au palais. Christophe s’enquit de ce jeune homme qui avait trouvé sous ses yeux un bonheur désespéré. Il apprit que c’était l’héritier d’une famille noble et riche, aussi intelligent que beau et constamment favorisé par le sort. 

 

CHAPITRE XI

SIGISMOND DUX

Le lendemain, Quatrefeuilles et Saint-Sylvain, a la recherche de la chemise médicinale, descendant à pied la rue de la Constitution, rencontrèrent la comtesse de Cécile qui sortait d’un magasin de musique. Ils la reconduisirent à sa voiture.

— Monsieur de Quatrefeuilles, on ne vous a pas vu hier à la clinique du professeur Quillebœuf ; ni vous non plus, monsieur de Saint-Sylvain. Vous avez eu tort de n’y pas venir ; c’était très intéressant. Le professeur Quillebœuf avait invité tout le monde élégant, à la fois une foule et une élite, à son opération de cinq heures, une charmante ovariotomie. Il y avait des fleurs, des toilettes, de la musique ; on a servi des glaces. Le professeur s’est montré d’une élégance, d’une grâce merveilleuses. Il a fait prendre des clichés pour le cinématographe.

Quatrefeuilles ne fut pas trop surpris de cette description. Il savait que le professeur Quillebœuf opérait dans le luxe et les plaisirs ; il serait allé lui demander sa chemise, s’il n’avait vu quelques jours auparavant l’illustre chirurgien inconsolable de n avoir pas opéré les deux plus grandes célébrités du jour, l’empereur d’Allemagne qui venait de se faire enlever un kyste par le professeur Hilmacher, et la naine des Folies-Bergère qui, ayant avalé un cent de clous, ne voulait pas qu’on lui ouvrît l’estomac et prenait de l’huile de ricin.

Saint-Sylvain, s’arrêtant à la devanture du magasin de musique, contempla le buste de Sigismond Dux et poussa un grand cri.

— Le voilà, celui que nous cherchons ! le voilà, l’homme heureux !

Le buste, très ressemblant, offrait des traits réguliers et nobles, une de ces figures harmonieuses et pleines, qui ont l’air d’un globe du monde. Bien que très chauve et déjà vieux, le grand compositeur y paraissait aussi charmant que magnifique. Son crâne s’arrondissait comme un dôme d’église, mais son nez un peu gros se plantait au-dessous avec une robustesse amoureuse et profane ; une barbe, coupée aux ciseaux, ne dissimulait pas des lèvres charnues, une bouche aphrodisiaque et bachique. Et c’était bien l’image de ce génie qui compose les oratorios les plus pieux, la musique de théâtre la plus passionnée et la plus sensuelle.

— Comment, poursuivit Saint-Sylvain, n’avons nous pas pensé à Sigismond Dux qui jouit si pleinement de son immense gloire, habile à en saisir tous les avantages et tout juste assez fou pour s’épargner la contrainte et l’ennui d’une haute position, le plus spiritualiste et le plus sensuel des génies, heureux comme un dieu, tranquille comme une bête, joignant dans ses innombrables amours à la délicatesse la plus exquise le cynisme le plus brutal ?

— C’est, dit Quatrefeuilles, un riche tempérament. Sa chemise ne pourra que faire du bien à Sa Majesté. Allons la quérir.

Ils furent introduits dans un hall vaste et sonore comme une salle de café-concert. Un orgue, élevé de trois marches, couvrait un pan de la muraille de son buffet aux tuyaux sans nombre. Coiffé d’un bonnet de doge, vêtu d’une dalmatique de brocart, Sigismond Dux improvisait des mélodies et sous ses doigts naissaient des sons qui troublaient les âmes et faisaient fondre les cœurs. Sur les trois marches tendues de pourpre, une troupe de femmes couchées, magnifiques ou charmantes, longues, minces et serpentines, ou rondes, drues, d’une splendeur massive, toutes également belles de désir et d’amour, ardentes et pâmées, se tordaient à ses pieds. Dans tout le hall, une foule frémissante de jeunes Américaines, de financiers israélites, de diplomates, de danseuses, de cantatrices, de prêtres catholiques, anglicans et bouddhistes, de princes noirs, d’accordeurs de pianos, de reporters, de poètes lyriques, d’impresarii, de photographes, d’hommes habillés en femmes et de femmes habillées en hommes, pressés, confondus, amalgamés, ne formaient qu’une seule masse adorante, au-dessus de laquelle, grimpées aux colonnes, à cheval sur les candélabres, pendues aux lustres, s’agitaient de jeunes et agiles dévotions. Ce peuple immense nageait dans l’ivresse : c’était ce qu’on appelait une matinée intime.

L’orgue se tut. Une nuée de femmes enveloppa le maître qui, par moments, en sortait à demi, comme un astre lumineux, pour s’y replonger aussitôt. Il était doux, câlin, lascif, glissant. Aimable, pas plus fat qu’il ne fallait, grand comme le monde et mignon comme un amour, en souriant, il montrait dans sa barbe grise des dents de jeune enfant et disait à toutes des choses faciles et jolies qui les enchantaient, et qu’on ne pouvait retenir tant elles étaient ténues, de sorte que le charme en demeurait tout entier, embelli de mystère. Il était pareillement affable et bon avec les hommes et, voyant Saint-Sylvain, il l’embrassa trois fois et lui dit qu’il l’aimait chèrement. Le secrétaire du roi ne perdit pas de temps : il lui demanda deux mots d’entretien confidentiel de la part du roi et, lui ayant expliqué sommairement de quelle importante mission il était chargé, il lui dit : —— Maître, donnez-moi votre che…

Il s’arrêta, voyant les traits de Sigismond Dux subitement décomposés.

Un orgue de barbarie s’était mis à moudre dans la rue la Polka des Jonquilles. Et, dès les premières mesures, le grand homme avait pâli. Cette Polka des Jonquilles, le caprice de la saison, était d’un pauvre violon de bastringue, nommé Bouquin, obscur et misérable. Et le maître couronné de quarante ans de gloire et d’amour ne pouvait souffrir qu’un peu de louange s’égarât sur Bouquin ; il en ressentait comme une insupportable offense. Dieu lui-même est jaloux et s’afflige de l’ingratitude des hommes. Sigismond Dux ne pouvait entendre la Polka des Jonquilles sans tomber malade. Il quitta brusquement Saint Sylvain, la foule de ses adorateurs, le magnifique troupeau de ses femmes pâmées et courut dans son cabinet de toilette vomir une cuvette de bile.

— Il est a plaindre, soupira Saint-Sylvain.

Et, tirant Quatrefeuilles par ses basques, il franchit le seuil du musicien malheureux. 

 

CHAPITRE XII

SI LE VICE EST UNE VERTU

Durant quatorze mois, du matin au soir et du soir au matin, ils fouillèrent la ville et les environs, observant, examinant, interrogeant en vain. Le roi, dont les forces diminuaient de jour en jour et qui se faisait maintenant une idée de la difficulté d’une semblable recherche, donna l’ordre à son ministre de l’Intérieur d’instituer une commission extraordinaire, chargée, sous la direction de MM. Quatrefeuilles, Chaudesaigues, Saint Sylvain et Froidefond, de procéder, avec pleins pouvoirs, à une enquête secrète sur les personnes heureuses du royaume. Le préfet de police, déférant à l’invitation du ministre, mit ses plus habiles agents au service des commissaires et bientôt, dans la capitale, les heureux furent recherchés avec autant de zèle et d’ardeur que, dans les autres pays, les malfaiteurs et les anarchistes. Un citoyen passait-il pour fortuné, aussitôt il était dénoncé, épié, filé. Deux agents de la préfecture traînaient, à toute heure, de long en large, leurs gros souliers ferrés sous les fenêtres des gens suspects de bonheur. Un homme du monde louait-il une loge à l’Opéra, il était mis aussitôt en surveillance. Un propriétaire d’écurie, dont le cheval gagnait une course, était gardé a vue. Dans toutes les maisons de rendez-vous un employé de la préfecture, installé au bureau, prenait note des entrées. Et, sur l’observation de M. le préfet de police, que la vertu rend heureux, les personnes bienfaisantes, les fondateurs d’œuvres charitables, les généreux donateurs, les épouses délaissées et fidèles, les citoyens signalés pour des actes de dévouement, les héros, les martyrs étaient également dénoncés et soumis à de minutieuses enquêtes.

Cette surveillance pesait sur toute la ville ; mais on en ignorait absolument la raison. Quatre feuilles et Saint-Sylvain n’avaient confié à per sonne qu’ils cherchaient une chemise fortunée, de peur, comme nous l’avons dit, que des gens ambitieux ou cupides, feignant de jouir d’une félicité parfaite, ne livrassent au roi, comme heureux, un vêtement de dessous tout imprégné de misères, de chagrins et de soucis. Les mesures extraordinaires de la police semaient l’inquiétude dans les hautes classes et l’on signalait une certaine fermentation dans la ville. Plusieurs dames très estimées se trouvèrent compromises et des scandales éclatèrent.

La commission se réunissait tous les matins à la Bibliothèque royale, sous la pré sidence de M. de Quatrefeuilles, avec l’assistance de MM. Trou et Boncassis, conseillers d’État en service extraordinaire. Elle examinait, à chaque séance, quinze cents dossiers en moyenne. Après une session de quatre mois, elle n’avait pas encore surpris l’indice d’un homme heureux.

Comme le président Quatrefeuilles s’en lamentait :

— Hélas, s’écria M. Boncassis, les vices font souffrir, et tous les hommes ont des vices.

— Je n’en ai pas moi, soupira M. Chaudesaigues, et j’en suis au désespoir. La vie sans vice n’est que langueur, abattement et tristesse. Le vice est l’unique distraction qu’on puisse goûter en ce monde ; le vice est le coloris de l’existence, le sel de l’âme, l’étincelle de l’esprit. Que dis-je, le vice est la seule originalité, la seule puissance créatrice de l’homme ; il est l’essai d’une organisation de la nature contre la nature, de l’intronisation du règne humain au-dessus du règne animal, d’une création humaine contre la création anonyme, d’un monde conscient dans l’inconscience universelle ; le vice est le seul bien propre à l’homme, son réel patrimoine, sa vraie vertu au sens propre du mot, puisque vertu est le fait de l’homme (virtus, vir).

» J’ai essayé de m’en donner ; je n’ai pas pu : il y faut du génie, il y faut un beau naturel. Un vice affecté n’est pas un vice.

— Ah çà ! demanda Quatrefeuilles, qu’appelez-vous vice ?

— J’appelle vice une disposition habituelle à ce que le nombre considère comme anormal et mauvais, c’est-à-dire la morale individuelle, la force individuelle, la vertu individuelle, la beauté, la puissance, le génie.

— A la bonne heure ! dit le conseiller Trou, il ne s’agit que de s’entendre.

Mais Saint-Sylvain combattit vivement l’opinion du bibliothécaire. 

— Ne parlez donc pas de vices, lui dit-il, puisque vous n’en avez pas. Vous ne savez pas ce que c’est. J’en ai, moi : j’en ai plusieurs et je vous assure que j’en tire moins de satisfaction que de désagrément. Il n’y a rien de pénible comme un vice. On se tourmente, on s’échauffe, on s’épuise à le satisfaire, et, dès qu’il est satisfait, on éprouve un immense dégoût.

— Vous ne parleriez pas ainsi, monsieur, répliqua Chaudesaigues, si vous aviez de beaux vices, des vices nobles, fiers, impérieux, très hauts, vraiment vertueux. Mais vous n’avez que de petits vices peureux, arrogants et ridicules. Vous n’êtes pas, monsieur, un grand contempteur des dieux.

Saint-Sylvain se sentit d’abord piqué de ce propos, mais le bibliothécaire lui représenta qu’il n’y avait là nulle offense. Saint-Sylvain en convint de bonne grâce et fit avec calme et fermeté cette réflexion :

— Hélas ! la vertu comme le vice, le vice comme la vertu est effort, contrainte, lutte, peine, travail, épuisement. Voilà pourquoi nous sommes tous malheureux.

Mais le président Quatrefeuilles se plaignit que sa tête allait éclater.

— Messieurs, dit-il, ne raisonnons donc point. Nous ne sommes pas faits pour cela.

Et il leva la séance.

Il en fut de cette commission du bonheur comme de toutes les commissions parlementaires et extraparlementaires réunies dans tous les temps et dans tous les pays : elle n’aboutit à rien, et, après avoir siégé cinq ans, se sépara sans avoir apporté aucun résultat utile.

Le roi n’allait pas mieux. La neurasthénie, semblable au Vieillard des mers, prenait pour le terrasser des formes diversement terribles. Il se plaignait de sentir tous ses organes, devenus erratiques, se mouvoir sans cesse dans son corps et se transporter à des places inaccoutumées, le rein au gosier, le cœur au mollet, les intestins dans le nez, le foie dans la gorge, le cerveau dans le ventre.

— Vous n’imaginez pas, ajoutait-il, combien ces sensations sont pénibles et jettent de confusion dans les idées.

— Sire, je le conçois d’autant mieux, répondit Quatrefeuilles, que dans ma jeunesse il m’arrivait souvent que le ventre me remontait jusque dans le cerveau, et cela donnait à mes idées la tournure qu’on peut se figurer. Mes études de mathématiques on ont bien souffert.

Plus Christophe ressentait de mal, plus il réclamait ardemment la chemise qui lui était prescrite. 

 

CHAPITRE XIII

M. LE CURE MITON

— J’en reviens à croire, dit Saint-Sylvain à Quatrefeuilles, que, si nous n’avons pas trouvé, c’est que nous avons mal cherché. Décidément, je crois à la vertu et je crois au bonheur. Ils sont inséparables. Ils sont rares ; ils se cachent. Nous les découvrirons sous d’humbles toits au fond des campagnes. Si vous m’en croyez, nous les chercherons de préférence dans cette région mon tueuse et rude qui est notre Savoie et notre Tyrol.

Quinze jours plus tard, ils avaient parcouru soixante villages de la montagne, sans rencontrer un homme heureux. Toutes les misères qui désolent les villes, ils les retrouvaient dans ces hameaux, où la rudesse et l’ignorance des hommes les rendaient encore plus dures. La faim et l’amour, ces deux fléaux de la nature, y frappaient les malheureux humains à coups plus forts et plus pressés. Ils virent des maîtres avares, des maris jaloux, des femmes menteuses, des servantes empoisonneuses, des valets assassins, des pères incestueux, des enfants qui renversaient la huche sur la tête de l’aïeul, sommeillant à l’angle du foyer. Ces paysans ne trouvaient de plaisir que dans l’ivresse ; leur joie même était brutale, leurs jeux cruels. Leurs fêtes se terminaient en rixes sanglantes.

A mesure qu’ils les observaient davantage, Quatrefeuilles et Saint-Sylvain reconnaissaient que les mœurs de ces hommes ne pouvaient être ni meilleures ni plus pures, que la terre avare les rendait avares, qu’une dure vie les endurcissait aux maux d’autrui comme aux leurs, que s’ils étaient jaloux, cupides, faux, menteurs, sans cesse occupés à se tromper les uns les autres, c’était l’effet naturel de leur indigence et de leur misère.

— Comment, se demandait Saint-Sylvain, ai j e pu croire un seul moment que le bonheur habite sous le chaume ? Ce ne peut être que l’effet de l’instruction classique. Virgile, dans son poème administratif, intitulé les Géorgiques, dit que les agriculteurs seraient heureux s’ils connaissaient leur bonheur. Il avoue donc qu’ils n’en ont point connaissance. En fait, il écrivait par l’ordre d’Auguste, excellent gérant de l’Empire, qui avait peur que Rome manquât de pain et cherchait à repeupler les campagnes. Virgile savait comme tout le monde que la vie du paysan est pénible. Hésiode en a fait un tableau affreux.

— Il y a un fait certain, dit Quatrefeuilles, c’est que, dans toutes les contrées, les garçons et les filles de la campagne n’ont qu’une envie : se louer à la ville. Sur le littoral, les filles rêvent d’entrer dans des usines de sardines. Dans les pays de charbon les jeunes paysans ne songent qu’à des cendre dans la mine.

Un homme, dans ces montagnes, montrait, au milieu des fronts soucieux et des visages renfrognés, son sourire ingénu. Il ne savait ni travailler la terre ni conduire les animaux ; il ne savait rien de ce que savent les autres hommes, il tenait des propos dénués de sens et chantait toute la journée un petit air qu’il n’achevait jamais. Tout le ravis sait. Il était partout aux anges. Son habit était fait de morceaux de toutes les couleurs, bizarre ment assembles. Les enfants le suivaient en se moquant ; mais, comme il passait pour porter bonheur, on ne lui faisait pas de mal et on lui donnait le peu dont il avait besoin. C’était Hurtepoix, l’innocent. Il mangeait aux portes, avec les petits chiens, cl couchait dans les granges.

Observant qu’il était heureux et soupçonnant que ce n’était pas sans des raisons profondes que les gens de la contrée le tenaient pour un porte-bonheur, Saint-Sylvain, après de longues réflexions, le chercha pour lui tirer sa chemise. Il le trouva prosterné, tout en pleurs, sous e porche de l’église. Hurtepoix venait d’apprendre la mort de Jésus-Christ, mis en croix pour le salut des hommes.

Descendus dans un village dont le maire était cabaretier, les deux officiers du roi le firent boire avec eux et s’enquirent si, d’aventure, il ne connaissait pas un homme heureux.

— Messieurs, leur répondit-il, allez dans ce village dont vous voyez, à l’autre versant de la vallée, les maisons blanches pendues au flanc de la montagne, et présentez-vous au curé Miton ; il vous recevra très bien et vous serez en présence d’un homme heureux et qui mérite sa félicite. Vous aurez fait la route en deux heures.

Le maire offrit de leur louer des chevaux. Ils partirent après leur déjeuner.

Un jeune homme qui suivait le même chemin, monté sur un meilleur cheval, les rejoignit au premier lacet. Il avait la mine ouverte, un air de joie et de santé. Ils lièrent conversation avec lui.

Ayant appris d’eux qu’ils se rendaient chez le curé Miton :

— Faites-lui bien mes compliments. Moi, je vais un peu plus haut, à la Sizeraie, où j’habite, au milieu de beaux pâturages. J’ai hâte d’y arriver.

Il leur conta qu’il avait épousé la plus aimable et la meilleure des femmes, qu’elle lui avait donne deux enfants beaux comme le jour, un garçon et une fille.

— Je viens du chef-lieu, ajouta-t-il sur un ton d’allégresse, et j’en rapportede belles robes en pièces, avec des patrons et des gravures de modes ou l’on voit l’effet du costume. Alice (c’est le nom de ma femme) ne se doute pas du cadeau que je lui destine. Je lui remettrai les paquets tout enveloppés et j’aurai le plaisir de voir ses jolis doigts impatients s’agacer à défaire les ficelles. Elle sera bien contente ; ses yeux ravis se lèveront sur moi, pleins d’une fraîche lumière et elle m’embrassera. Nous sommes heureux, mon Alice et moi. Depuis quatre ans que nous sommes mariés, nous nous aimons chaque jour davantage. Nous avons les plus grasses prairies de la contrée. Nos domestiques sont heureux aussi ; ils sont braves à faucher et à danser. Il faut venir chez nous un dimanche, messieurs : vous boirez de notre petit vin blanc et vous regarderez danser les plus gracieuses filles et les plus vigoureux gars du pays, qui vous enlèvent leur danseuse et la font voler comme une plume. Notre maison est à une demi-heure d’ici. On tourne à droite, entre ces deux rochers que vous voyez a cinquante pas devant vous et qu’on appelle les Pieds-du-Chamois ; on passe un pont de bois jeté sur un torrent et l’on traverse le petit bois de pins qui nous garantit du vent du nord. Dans moins d’une demi-heure, je retrouverai ma petite famille et nous serons tous quatre bien contents.

— Il faut lui demander sa chemise, dit tout bas Quatrefeuilles à Saint-Sylvain ; je suppose qu’elle vaut bien celle du curé Miton.

- Je le suppose aussi, répondit Saint-Sylvain.

Au moment où ils échangeaient ces propos, un cavalier déboucha entre les Pieds-du— Chamois, et s’arrêta sombre et muet devant les voyageurs.

Reconnaissant un de ses métayers :

— Qu’est-ce, Ulric ? demanda le jeune maître. 

Ulric ne répondit pas.

— Un malheur ? parle !

— Monsieur, votre épouse, impatiente de vous revoir, a voulu aller au-devant de vous. Le pont de bois s’est rompu et elle s’est noyée dans le torrent avec ses deux enfants.

Laissant le jeune montagnard fou de douleur, ils se rendirent chez M. Miton, et furent reçus au presbytère dans une chambre qui servait au curé de parloir et de bibliothèque ; il y avait là, sur des tablettes de sapin, un millier de volumes et, contre les murs blanchis à la chaux, des gravures anciennes d’après des paysages de Claude Lorrain et du Poussin ; tout y révélait une culture et des habitudes d’esprit qu’on ne rencontre pas d ordinaire dans un presbytère de village. Le curé Miton, entre deux âges, avait l’air intelligent et bon.

A ses deux visiteurs, qui feignaient de vouloir s’établir dans le pays, il vanta le climat, la fertilité, la beauté de la vallée. Il leur offrit du pain blanc, des fruits, du fromage et du lait. Puis il les mena dans son potager qui était d’une fraîcheur et d’une propreté charmantes ; sur le mur qui recevait le soleil les espaliers allongeaient leurs branches avec une exactitude géométrique ; les quenouilles des arbres fruitiers s’élevaient à égale distance les unes des autres, bien régulières et bien fournies.

— Vous ne vous ennuyez jamais, monsieur le curé ? demanda Quatrefeuilles.

— Le temps me paraît court entre ma bibliothèque et mon jardin, répondit le prêtre. Pour tranquille et paisible qu’elle soit, ma vie n’en est pas moins active et laborieuse. Je célèbre les offices, je visite les malades et les indigents, je confesse mes paroissiens et mes paroissiennes. Les pauvres créatures n’ont pas beaucoup de péchés à dire ; puis je m’en plaindre ? Mais elles les disent longuement. Il me faut réserver quelque temps pour préparer mes prônes et mes catéchismes : mes catéchismes surtout me donnent de la peine, bien que je les fasse depuis plus de vingt ans. Il € est si grave de parler aux enfants : ils croient tout ce qu’on leur dit. J’ai aussi mes heures de distraction. Je fais des promenades ; ce sont toujours les mêmes et elles sont infiniment variées.

Un paysage change avec les saisons, avec les jours, avec les heures, avec les minutes ; il est toujours divers, toujours nouveau. Je passe agréablement les longues soirées de la mauvaise saison avec de vieux amis, le pharmacien, le percepteur et le juge de paix. Nous faisons de la musique.

— Morine, ma servante, excelle à cuire les châtaignes ; nous nous en régalons. Qu’y a— t-il de meilleur au goût que des châtaignes, avec un verre de vin blanc ?

— Monsieur, dit Quatrefeuilles à ce bon curé, nous sommes au service du roi. Nous venons vous demander de nous faire une déclaration qui sera pour le pays et pour le monde entier d’une grande conséquence. Il y va de la santé et peut être de la vie du monarque. C’est pourquoi nous vous prions d’excuser notre question, si étrange et si indiscrète qu’elle vous paraisse, et d’y répondre sans réserve ni réticence aucune. Monsieur le curé, êtes-vous heureux ?

M. Miton prit la main de Quatrefeuilles, la pressa et dit d’une voix a peine perceptible.

— Mon existence est une torture. Je vis dans un perpétuel mensonge. Je ne crois pas.

Et deux larmes roulèrent de ses yeux, 

 

CHAPITRE XIV ET DERNIER

UN HOMME HEUREUX

Après avoir toute année vainement parcouru le royaume, Quatrefeuilles et Saint-Sylvain se rendirent au château de Fontblande où le roi s’était fait transporter pour jouir de la fraîcheur des bois. Ils le trouvèrent dans un état de prostration dont s’alarmait 1a Cour.

Les invités ne logeaient pas dans ce château de Fontblande, qui n’était guère qu’un pavillon de chasse. Le secrétaire des commandements et le premier écuyer avaient pris logis au village et, chaque jour, ils se rendaient sous bois auprès du souverain. Durant le trajet ils rencontraient sou vent un petit homme qui logeait dans un grand platane creux de la forêt. Il se nommait Mousque et n’était pas beau avec sa face camuse, ses pommettes saillantes et son large nez aux narines toutes rondes. Mais ses dents carrées que ses lèvres rouges découvraient dans un rire fréquent, donnaient de l’éclat et de l’agrément à sa figure sauvage. Comment s’était-il emparé du grand platane creux, personne ne le savait ; mais il s’y était fait une chambre bien propre, et munie de tout ce qui lui était nécessaire. A vrai dire il lui fallait peu. Il vivait de la forêt et de l’étang, et vivait très bien. On lui pardonnait l’irrégularité de sa condition parce qu’il rendait des services et savait plaire. Quand les dames du château se promenaient en voiture dans la forêt, il leur offrait, dans des corbeilles d’osier, qu’il avait lui même tressées, des rayons de miel, des fraises Les bois ou le fruit amer et sucré du cerisier des oiseaux. Il était toujours prêt à donner un coup d’épaule aux charrois embourbés et aidait à rentrer les foins quand le temps menaçait. Sans se fatiguer, il en faisait plus qu’un autre. Sa force et son agilité étaient extraordinaires. Il brisait de ses mains la mâchoire d’un loup, attrapait un lièvre à la course et grimpait aux arbres comme un chat. Il faisait pour amuser les enfants des flûtes de roseau, des petits moulins à vent et des fontaines d’Hiéron.

Quatrefeuilles et Saint-Sylvain entendaient souvent dire, dans le village : « Heureux comme Mousque. » Ce proverbe frappa leur esprit et un jour, passant sous le grand platane creux, ils virent Mousque qui jouait avec un jeune mopse et paraissait aussi content que le chien. Ils s’avisèrent de lui demander s’il était heureux.

Mousque ne put répondre, faute d’avoir réfléchi sur le bonheur. Ils lui apprirent en gros et simplement ce que c’était. Et, après y avoir songé un moment, il répondit qu’il l’avait.

A cette réponse, Saint-Sylvain s’écria impétueusement :

— Mousque, nous te procurerons tout ce que tu peux désirer, de l’or, un palais, des sabots neufs, tout ce que tu voudras ; donne-nous ta chemise. Sa bonne figure exprima non le regret et la déception, qu’il était bien incapable d’éprouver ; mais une grande surprise. Il fit signe qu’il ne pouvait donner ce qu’on lui demandait. Il n’avait pas de chemise.



FeltöltőP. T.
Az idézet forrásahttps://fr.wikisource.org/wiki

Az ing (Magyar)

Egy fiatal pásztor hevert hanyagul a rét füvén, és tilinkója hangjával széppé varázsolta magányát...
Erővel leszedték ruháját, de...
(Larousse lexikon, ING címszó, IV. kötet 5. l. 4. hasáb.)

1
Kristóf király uralkodása, erkölcsei, betegsége

V. Kristóf nem volt rossz király. Szigorúan tiszteletben tartotta a parlamentáris kormányzás szabályait, és sohasem ellenkezett az országgyűlés akaratával. Ez az engedékenység nem esett túlságosan nehezére, mert észrevette, hogyha többféle módon lehet is hatalomra jutni, de nincs kétféle mód a hatalom megtartására, sem a vele való bánásra; hogy a miniszterei, bármilyen lett légyen is az eredetük, bármilyenek az elveik, eszméik, érzelmeik - mind tökéletesen ugyanazon a módon kormányoztak, és néhány tisztán formai különbséget nem számítva, megnyugtató egyformasággal ismételték egymást. Habozás nélkül ki is nevezte hát azokat, akiket az országgyűlés kijelölt, bár legjobban mégis a forradalmárokat szerette, mert azok égtek leginkább a vágytól, hogy tekintélyüket megszilárdítsák.

Ő maga főképpen a külügyekkel foglalkozott. Gyakran tett diplomáciai utazásokat; ebédelt és vadászott királyi cousinjaival, és hivalkodott azzal, hogy álmodni sem lehet nála jobb külügyminisztert. A belügyekkel is boldogult annyira, amennyire a rossz idők engedték. Népe nem szerette és nem becsülte túlságosan, s ez biztosította számára azt az értékes előnyt, hogy sohasem kellett csalódást okoznia. Mentes lévén a közszeretettől, nem fenyegette a népszerűtlenség, amely minden népszerű embert elér.

Királysága gazdag volt. Ipara és kereskedelme virágzott, de terjeszkedésével nem nyugtalanította a szomszédos népeket. Főképpen pénzügyei voltak bámulatra méltók. Hitelének szilárdsága megingathatatlannak látszott; a pénzemberek lelkesedéssel, szeretettel és nagylelkű könnyektől nedves szemmel beszéltek róla. Valami dicsőség Kristóf királyra is háramlott ebből.

A paraszt őt tette felelőssé a rossz termésért; de ez igen ritka volt. A föld termékenysége és a földművesek türelme gazdaggá tette az országot gyümölcsben, gabonában, borban, marhában. A gyári munkások folytonos és erőszakos követeléseikkel megriasztották a polgárokat, akik a királyra számítottak, hogy megvédje őket a szocialista forradalomtól; ami viszont a munkásokat illeti, azok nem buktathatták meg, mert ők voltak a gyöngébbek - és nem is igen akarták, nem látván, hogy mit nyernének a bukásával. Hogy mindig fenyegetve legyenek, és veszélyt sose jelentsenek, Kristóf király nem könnyített sorsukon, de nem is nyomta el őket még jobban.

Az uralkodó számíthatott hadseregére, amelynek jó volt a szelleme. A hadsereg szelleme mindig jó; minden lehetőt megtesznek, hogy meg is őrizze; ez az állam első szükséglete. Mert ha elvesztené, azonnal összetoppanna a kormányzat. Kristóf király istápolta a vallást. Az igazat megvallva, nem volt vakbuzgó, és hogy ne gondolkozzék a hit ellenére, azt a hasznos óvintézkedést tette, hogy sohasem vizsgáltatott egy hitcikkelyt sem. Meghallgatta a misét házikápolnájában, és csupa figyelem és kegyesség volt püspökei iránt, bár közülük három-négy ultramontán sértésekkel árasztotta el. Bírói testületének aljassága és szolgalelkűsége leküzdhetetlen undort keltett benne. Föl nem foghatta, hogyan tűrik el alattvalói ezt az igazságtalan igazságtevést; de a bírák az erősekkel szemben tanúsított szégyenletes gyengeségüket azzal tették jóvá, hogy könyörtelenül ridegek voltak a gyengébbekkel szemben. Szigorúságuk biztosította az érdekeket, és tiszteletet parancsolt.

V. Kristóf észrevette, hogy cselekedeteinek vagy nincs valamirevaló eredménye, vagy éppen ellenkező eredménye van, mint várta. Ezért nem is cselekedett sokat. A rendjelek és kitüntetések voltak uralkodásának legjobb eszközei. Ellenfeleinek adta, akiket megrontottak és kielégítettek.

A királyné három fiúval ajándékozta meg. Csúnya, házsártos, fösvény és ostoba asszony volt, de a nép, amely tudva, hogy a király elhagyta és megcsalja, elárasztotta dicséreteivel és hódolatával. A király, miután egy sereg mindenféle osztályból származó nővel kísérletezett, leggyakrabban La Poule asszonynál tartózkodott, akit megszokott. Asszony dolgában mindig szerette az újságot, de egy új asszony már nem volt újság neki, és a változatosság egyhangúsága nyomasztóan hatott rá. Bosszúságában visszatért La Poule asszonyhoz, és azt a "sokszor látott dolgot", amit unt már az először látott asszonyoknál, inkább el tudta viselni régi barátnőjénél. Pedig az az asszony is erősen és állandóan untatta. Néha kétségbeesve azon, hogy mindig unalmasan ugyanannak mutatja magát, megpróbálta őt jelmezekkel változatosabbá tenni, és hol tiroli vagy andaluziai nőnek, hol meg kapucinus barátnak vagy dragonyos kapitánynak vagy akár apácának is öltöztette, de azért mindvégig egyformán ízetlennek találta.

Legkedvesebb foglalkozása a vadászat volt, királyok és hercegek öröklött mestersége, amely még az első emberekről szállott rájuk; szórakozássá vált ősi szükséglet, fáradtság, amelyből az előkelők gyönyörűséget csinálnak. Csak fáradsággal lehet gyönyörűséghez jutni. V. Kristóf hatszor vadászott hetenként.

Egy napon így szólt az erdőben Quatrefeuilles úrhoz, első istállómesteréhez:

- Micsoda kínszenvedés szarvast űzni!

- Felség - felelte az istállómester -, jól fog esni a pihenő a vadászat után.

- Quatrefeuilles - sóhajtott a király -, régebben szerettem kifáradni, és aztán kipihenni magam! Most egyikben sem találok gyönyörűséget. Minden foglalkozásban a tétlenség ürességét érzem, és a pihenés úgy fáraszt, mint valami kínos munka.

Tízévi, forradalom és háború nélkül való uralkodás után, alattvalóitól végül is ügyes politikus gyanánt tisztelve, királyok bírájául választva, V. Kristófnak nem ízlett a világ semmiféle öröme. Mélységes levertségbe merülten gyakran mondogatta:

- Folyvást fekete üveg van a szemem előtt, és a bordáim alatt egy sziklát érzek, ahol szomorúság tanyázik.

Aludni sem tudott, étvágya sem volt.

- Nem tudok már enni - mondta Quatrefeuilles úrnak, fenséges, és aranyozott terítéke előtt. - Ó, jaj, nem az asztal örömeit sajnálom, ezeket sohasem élveztem, az ilyen örömöket király sohasem ismerte. Nálam van a legrosszabb konyha egész királyságomban. Csak a polgárember eszik jól: a gazdagoknak olyan szakácsaik vannak, akik meglopják és megmérgezik őket. A legnagyobb szakácsok lopnak és mérgeznek a legtöbbet, és nálam vannak Európa legnagyobb szakácsai. Pedig természettől fogva ínyenc voltam, és én is szerettem volna úgy a jó falatokat, mint más, ha a helyzetem engedi.

Keresztcsontfájdalmakról és gyomornyomásról panaszkodott, gyöngének érezte magát, elakadt a lélegzete, és szívdobogása volt. Néha hirtelen langymelegség szállt a fejébe.

- Valami fojtott, szüntelen, csöndes bajt érzek - mondta -, amelyhez hozzászokik az ember, s amelyet időnként metsző fájdalom villámai hasítanak át. Ez okozza kábulatomat, ettől van szorongó érzésem.

Szédült, kábult, feje fájt, olyan görcsei és deréknyilallásai voltak hogy a lélegzete is elállt.

A király két legelső orvosa, Saumon doktor és Machellier professzor, neuraszténiát állapított meg.

- Nehezen megállapítható kóros egység! - mondta Saumon doktor. - Kellőképpen meg nem határozott, és ezért megfoghatatlan sorvadásos tünethalmaz...

Machellier professzor félbeszakította:

- Mondja azt, Saumon, hogy valóságos patológiai Proteusz, amely, ama tengeri szörny módjára, folyton változik az orvos szorítása közben, és a legfurcsább és rémítőbb alakokat ölti fel; egymás után lesz a gyomorfekély keselyűje vagy a vesegyulladás kígyója, hirtelen a sárgaság sápadt arcát veszi fel, a tuberkulózis piros arcfoltjait mutatja, vagy fojtogatóan szorítja össze kezeit, ami szívtágulásra engedne következtetni; végül elénk állítja minden, az emberi testre végzetes betegség rémképét - míg csak az orvosi kezelésnek engedve és magát legyőzöttnek vallva, el nem fut igazi alakjában, mint a többi betegség majmolója.

Saumon doktor szép volt, vonzó, kedves, az asszonyok szerették, és ő is szerettette magát velük. Mint elegáns tudós és nagyvilági orvos, még a vakbél és a hashártya terén is elismerte az arisztokráciát, és szigorúan tiszteletben tartotta a szociális távolságokat két anyaméh között. Machellier professzor, kicsi, vastag, kurta, lábasforma, bőbeszédű ember, még önteltebb volt, mint Saumon kollégája. Ugyanazok voltak az igényei, de nehezebben tudta kielégíteni. Gyűlölték egymást, de észrevévén, hogy ha harcolnak egymással, önmagukat is tönkreteszik, tökéletes egyetértést és gondolataik teljes azonosságát színlelték: alig mondott ki egyikük valamilyen gondolatot, a másik már magáévá is tette. Noha kölcsönösen kevésre becsülték egymás képességeit, bátran vették át egymás véleményeit, tudván, hogy nem kockáztatnak semmit, és se veszíteni, se nyerni nem fognak a cserén, hiszen orvosi vélemények voltak. A király betegsége eleinte nem okozott nekik gondot. Arra számítottak, hogy kezelésük közben majd csak meggyógyul a beteg, és ez a véletlen javukat szolgálhatja majd. Közös megegyezéssel szigorú önmegtartóztatást szabtak ki a királynak (Quibus nervi dolent Venus inimica[23]), erősítő étrendet, szabad levegőn való mozgást, rendszeres vízgyógymódok alkalmazását. Saumon, Machellier helyeslésével, széndiszulfidot és motilkloridot írt elő, Saumon hozzájárulásával, ópiumot, klorált és brómot rendelt.

De hónapok teltek el, s a király állapotában a legcsekélyebb javulás sem mutatkozott. Szenvedései nemsokára fokozódtak is.

- Úgy érzem - szólt egy napon V. Kristóf az orvosaihoz, pamlagán kinyújtózva -, úgy érzem, mintha egy patkányfamília rágcsálná a beleimet, s egy rettenetes törpe, egy vöröskámzsás, tunikás és nadrágos kobold a gyomromba leszállva, csákánnyal kezdené ki, és mély lyukat vágna benne.

- Felség - mondta Saumon doktor -, ez valami szimpatikus fájdalom.

- Én antipatikusnak találom - felelte a király.

Machellier professzor közbelépett:

- Felség, sem a gyomra, sem a belei nem betegek felségednek, s ha fájdalmat okoznak, annak magyarázata szerintünk a hasi idegfonattal való szimpátiájuk, amelynek számtalan idegszála összekeveredve, összezavarodva, minden irányban rángatja a beleket és a gyomrot, mint megannyi izzó platinaszál.

- A neuraszténia - mondta Machellier - valóságos patológikus Proteusz...

De a király elbocsátotta mind a kettőt.

Távozásuk után így szólt Saint-Sylvain úr, a kabinet-iroda első titkára:

- Felség, kérjen tanácsot Rodrigue doktortól.

- Igen, felség - mondta Quatrefeuilles úr -, hívassa el Rodrigue doktort. Nincs egyéb hátra.

Ez idő tájt Rodrigue doktor az egész világot bámulatba ejtette. Jóformán ugyanabban az időben látták a föld minden országában. Oly drágán fizettette meg látogatásait, hogy a milliárdosok is elismerték értékét. Kartársai, akárhogyan vélekedtek is tudományáról és jelleméről, világszerte tisztelettel beszéltek arról az emberről, aki mindeddig hallatlan magasságra emelte az orvosok honoráriumait: sokan pedig tele szájjal dicsérték a módszereit, azt állítva, hogy ők is tudják és olcsóbban alkalmazzák - s így is hozzájárultak világraszóló hírnevéhez. De minthogy Rodrigue doktor tetszelgett abban, hogy gyógyító rendszeréből kizár minden laboratóriumi terméket és gyógyszerész készítette orvosságot, és minthogy sohasem tartotta tiszteletben a szakmai előírásokat - gyógyító módjai tele voltak zavarbahozó furcsaságokkal és utánozhatatlan különlegességekkel.

Saint-Sylvain úr, aki nem ismerte Rodrigue-ot, vakon hitt benne, akár Istenben.

Könyörgött a királynak, hogy hívassa el a csodatevő doktort. De hiába.

- Ragaszkodom - mondta V. Kristóf - Saumonhoz és Machellier-hez. Ismerem őket, tudom, hogy semmire sem képesek; azt viszont még nem tudom, mi mindenre képes az a Rodrigue.

 
2
Rodrigue doktor orvossága

A király sohasem szerette nagyon ezt a két állandó orvosát. Félesztendei betegség után egészen elviselhetetlennek találta őket; ha csak messziről látta is azt a szép bajuszt, amely Saumon doktor örökös, diadalmas mosolyát koszorúzta, vagy a Machellier koponyájára ragasztott fekete haj-szarvakat - csikorgatta a fogát, és mogorván elfordította tekintetét. Egy éjjel az ablakon dobta ki orvosságaikat, piruláikat, poraikat, amelyek nyomasztó, szomorú szaggal töltötték meg a szobát. Nemcsak hogy nem tett meg többé semmit, amit rendeltek neki, hanem nagy gondja volt rá, hogy éppen előírásukkal ellenkezően cselekedjék; fekve maradt, ha testmozgást ajánlottak neki, mozgott, ha nyugalmat parancsoltak, evett, amikor diétára fogták, böjtölt, mikor a legbővebb táplálkozást tanácsoltak; La Poule asszony iránt pedig oly szokatlan szenvedélyt tanúsított, hogy az nem hitt érzékeinek, és azt gondolta, álmodik. És lám, mégse gyógyult meg, mert szentigaz, hogy az orvostudomány megtévesztő mesterség, s tanai még megfordítva is hiábavalók. Nem lett rosszabbul, de jobban sem.

Sok és sokféle fájdalma egy pillanatra sem hagyta el. Panaszkodott, hogy egy hangyaboly költözött az agyába, és ezek a szorgalmas és harcias telepesek folyosókat, szobákat, raktárakat vájtak ott, élelmiszereket, mindenféle anyagot hordtak oda, ezermilliószámra rakták le tojásaikat, táplálták kicsinyeiket, ostromokat álltak ki, támadtak és védekeztek, elkeseredett harcokat folytattak. Érezte, szólt, mikor egyik harcos acélos állkapcsával szétroppantotta ellenfele kemény és vékony mellvértjét.

- Felség - mondta Saint-Sylvain úr -, hívassa el Rodrigue doktort. Bizonyosan meggyógyítja.

De a király vállat vont, s egy gyönge és szórakozott pillanatában újra kérte az orvosságokat, és megint elkezdte a kúráját. Nem tért vissza La Poule asszonyhoz, s buzgón szedte az aconitinnitrát-pirulákat, amelyek akkortájt ragyogtak új voltukban és fiatalságukban. E megtartózkodás és e sok gondoskodás következményeképpen olyan fulladási roham fogta el, hogy kiöltötte a nyelvét, és majd kiugrott a két szeme. Fölállították az ágyát, mint egy faliórát, és vérbőségtől duzzadó arca vörös óralapnak látszott benne.

- A szív-visszér van forrongásban - mondta Machellier professzor.

- Nagy izgalomban - tette hozzá Saumon doktor.

Saint-Sylvain úr jónak találta az alkalmat, hogy ismét ajánlja Rodrigue doktort, de a király kijelentette, hogy nem kell neki még egy orvossal több.

- Felség - felelte Saint-Sylvain -, Rodrigue doktor nem orvos.

- Ah! - kiáltott fel V. Kristóf. - Amit most mond, Saint-Sylvain úr, az előnyére válik, és kezd a pártjára hódítani. Nem orvos? Hát micsoda?

- Tudós, lángész, felség, aki az anyag kisugárzásának soha nem hallott tulajdonságait fedezte fel és alkalmazza az orvostudományban.

De a király ellentmondást nem tűrő hangon szólította fel kabinetirodája titkárát, hogy ne beszéljen neki többet erről a szemfényvesztőről.

- Soha - így szólt -, soha, soha nem fogadom!...

V. Kristóf tűrhetően töltötte a nyarat. Kéjutazást tett egy kétszáztonnás jachton, a hajóinasnak öltözött La Poule asszonnyal. A jachton vendégül látott ebédre egy köztársasági elnököt, egy királyt meg egy császárt, és velük egyetértően biztosította a világbékét. A népek sorsának irányítása unalmas volt neki; de talált La Poule asszony kabinjában egy munkáslányok számára írt ócska regényt, s azt olyan szenvedélyes érdeklődéssel olvasta, hogy néhány órára gyönyörrel feledte el a valóságot. Egyszóval, néhány fejszaggatást, idegbántalmat, csúzt és életuntságot nem számítva, tűrhetően érezte magát. Ősszel visszatértek régi szenvedései. Annak az embernek rettentő kínját érezte, aki lábtól övig jégbe fagyott, s a felsőtestét lángok veszik körül. De még sokkal nagyobb rémülettel és borzadással viselte el azokat az érzéseket, amiket nem tudott kifejezni, a kimondhatatlan állapotokat. Voltak olyanok, beszélte, hogy a hajaszála égnek meredt tőlük.

Vérszegénység sorvasztotta, és gyöngesége napról napra nőtt, de szenvedőképességét nem csökkentette.

- Saint-Sylvain úr - szólt egy rosszul töltött éjszaka reggelén -, ön többször említette előttem Rodrigue doktort. Hívassa el.

E pillanatban Capetownban, Melbourne-ben és Szentpétervárott jelezték Rodrigue doktor ottlétét. Azonnal kábelsürgönyöket és rádióüzeneteket küldtek ezekbe az irányokba. Még egy hét sem telt el, és a király már makacsul követelte Rodrigue doktort. A következő napokban percről percre megkérdezte: "Jön-e már?" Megmagyarázták neki, hogy őfelsége nem megvetendő páciens, és Rodrigue csodálatos gyorsasággal utazik. De a beteg türelmetlenségét semmi sem tudta lecsöndesíteni.

- Nem jön el - sóhajtotta -, meglátják, hogy nem jön el!

Egy génuai távirat jelentette, hogy Rodrigue elindult a Preussen hajón. A világhírű doktor három nap múlva - Saumon és Machellier kollégáinál tett szemtelenül alázatos látogatása után - jelentkezett a palotában.

Fiatalabb és szebb volt Saumon doktornál, arckifejezése büszkébb és nemesebb. A természet iránt való tiszteletből, amelynek mindenben engedelmeskedett, megnövesztette haját és szakállát, s hasonlított azokhoz az antik filozófusokhoz, akiket Hellász faragott márványba.

A király megvizsgálása után így szólt:

- Felség! Az orvosok, akik úgy beszélnek a betegségekről, mint vak a színekről, azt mondják, hogy felséged neuraszténiában vagy ideggyöngeségben szenved. De még ha fölismerik is a baját, akkor sem tudják jobban meggyógyítani, mert szerves szövetet csak azokkal az eszközökkel lehet újjáteremteni, amelyekkel a természet megteremtette, és ezeket az eszközöket ők nem ismerik. Nos hát, milyenek ezek az eszközök, hogyan alkot a természet? Se keze, se szerszáma nincs; csupa képesség, csupa szellem: a leghatalmasabb, legszilárdabb alkotásaihoz is az anyag végtelenül kicsiny részecskéit használja föl: az atomot, a sejtet. Egy megfoghatatlan ködből sziklákat, fémeket, növényeket, állatokat, embereket csinál. Hogyan? A vonzás, nehézkedés, kigőzölgés, behatolás, beszívódás, átszivárgás, hajszálcsövesség, vegyrokonság, vonzódás segítségével. Egy porszemet sem formál másképpen, mint a tejutat: a világmindenség harmóniája mind a kettőben egyformán uralkodik; mindkettőt csak az alkotó sejteknek mozgása tartja fenn; a sejt az ő zenélő, szerelmes, mindig forrongó lelkük. Az ég csillagai és a porszemek közt, amelyek itt táncolnak a szobába törő napsugárban, nincs semmi szerkezeti különbség, s akárhány a legkisebb porszemek közül éppen olyan csodálatra méltó, mint a Sziriusz, mert a világegyetem minden testében az a végtelen kicsiny valami a csoda, amely formálja és lelket önt belé. Íme, így dolgozik a természet. Az észrevehetetlenből, a megfoghatatlanból, a súlytalanból megalkotta ezt a nagy világot, amely hozzáférhető az érzékeink számára, amelyet szellemünk meg- és kimér: és az, amiből minket magunkat alkotott, leheletnél is kevesebb. Működjünk mi is úgy, mint ő, a súlytalannak, a megfoghatatlannak, észrevehetetlennek az eszközeivel - a gyöngéd vonzással, a finom beszívódással. Ez az elv. Hogyan alkalmazzuk a mi esetünkre, amely most foglalkoztat minket? Lássuk, hogyan adjuk vissza az életet a kimerült idegeknek.

- Először is, mik azok az idegek? Ha a meghatározást kérdezzük, a legkisebb fiziológus, akár egy Machellier, egy Saumon is megfelelne. Mik azok az idegek? Fonalak, szálak, amelyek az agyból és a gerincvelőből indulnak ki, és szétágaznak a test minden részébe, hogy továbbítsák az érzékingereket, és működtessék a mozgató szerveket. Az ideg tehát érzés és mozgás. Ez elég, hogy megismertesse velünk belső szerkezetét, megértesse a lényegét: akárhogy nevezzük is, azonos azzal, amit az érzelmek között örömnek, az erkölcsi fogalmak között boldogságnak mondunk. Ahol egy atomnyi öröm és boldogság akad, ott megvan az idegek gyógyítóanyaga is. És mikor az öröm atomjáról beszélek, anyagnemű tárgyat, meghatározott elemet értek rajta, olyan testet, amely mind a négy halmazállapotban előfordulhat, lehet tömör, folyékony, gáznemű, sugárzó, olyan testet, amelynek meg lehet határozni az atomsúlyát! Az öröm és a szomorúság, amelynek hatásait emberek, állatok és növények a világ kezdete óta érzik, valóságos elemek: anyagok, mert szellemből valók, és mert a természet a maga hármas megnyilvánulásában: mint mozgás, anyag és értelem egységes! Tehát most már csak arról van szó, hogy elegendő öröm-atomot szerezzünk, és vigyük be a szervezetbe átszivárgás és bőrlélegzés útján. És ezért azt rendelem felségednek, hogy viselje egy boldog ember ingét.

- Micsoda! - kiáltott fel a király. - Azt akarja, hogy egy boldog ember ingét viseljem?

- A csupasz bőrén, felség, hogy ez a szikkadt bőr beszívja azokat a boldogság-részecskéket, amelyeket a boldog ember izzadságmirigyei kileheltek termékeny bőrének kiválasztó csatornáin. Mert ismeri felséged a bőr szerepét: be- és kilehel, és állandó csereviszonyban van a környezetével.

- Hát ezt az orvosságot rendeli ön nekem, Rodrigue úr?

- Felség, nem lehetne ésszerűbbet rendelni. Semmit sem találok a kódexben, ami helyettesíthetné. A mi patikusaink nem ismerik a természetet, képtelenek utánozni, és laboratóriumaikban csak kevés orvosságot készítenek, amelyek mindig félelmesek, és nem mindig eredményesek. Azokat az orvosságokat, amelyeket nem tudnak elkészíteni, legjobb készen beszerezni, mint például a piócákat, a hegyi vagy tengeri levegőt, a természetes melegforrásokat, a szamártejet, a vadmacska bőrét és a boldog ember izzadmányát... Hát nem tudja, hogy a zsebben hordott nyers burgonya megszünteti a csúzos fájdalmakat? Felséged nem akar természetes orvosságot; mesterséges, kémiai orvosságot, gyógyszereket kíván; csöppeket és porokat; talán bizony sok hasznát vette eddig a poroknak és a csöppeknek?

A király mentegetőzött, és megígérte, hogy engedelmeskedni fog.

Rodrigue doktor, aki már az ajtóban volt, visszafordult:

- Melegíttesse meg egy kissé - mondotta -, mielőtt használja.

 
3
Quatrefeuilles és Saint-Sylvain boldog embert keresnek a palotában

V. Kristóf minél előbb fel akarta venni ezt az inget, amelytől gyógyulását várta, tehát elhívatta Quatrefeuilles urat, első istállómesterét, és Saint-Sylvain urat, a kabinetiroda titkárát, s megbízta őket, hogy szerezzék meg a lehető legrövidebb idő alatt. Megállapodtak, hogy keresésük tárgyát teljes titokban tartják. Valóban félő volt, hogy ha a közönség megtudja, micsoda orvosszerre van szüksége a királynak, a boldogtalanok egész tömege, és különösen a legszerencsétlenebb, legnyomorultabb emberek, felajánlják majd az ingüket jutalom reményében. Attól is féltek, hogy az anarchisták mérgezett ingeket találnak küldeni.

A két nemes úr azt hitte, hogy már a palotában megszerezhetik Rodrigue doktor orvosszerét; odaálltak a kis kerek ablakhoz, ahonnét láthatták a járó-kelő udvaroncokat. Akiket észrevettek, azoknak mind hosszú képe, aszott ábrázata volt: arcukra írva viselték a bajukat, s ez a baj ismeretes volt: állások, rendjelek, kiváltságok, kitüntetések vágya emésztette őket. De a nagy termekbe lemenve, Quatrefeuilles és Saint-Sylvain ott találták Bocage urat karosszékben alva: szája fülig szaladt, orrlyukai kitágultak, orcái kerekek és ragyogók voltak, mint két nap; melle harmonikusan emelkedett, hasa ritmikusan és nyugodtan mozgott; nevetett, örömet árasztott koponyája fényes boltozatától kezdve szétvetett lába végéig s legyezőszerűen szétálló, könnyű bálicipőben levő ujjai hegyéig.

Erre a látványra így szólt Quatrefeuilles:

- Ne keressünk tovább. Majd ha felébredt, elkérjük az ingét.

Az alvó azonnal megdörzsölte szemét, nyújtózkodott, és szánalmas arccal nézett körül. Szája széle lekonyult, orcái összeestek, szemhéja úgy lógott, mint a mosott ruha a szegények ablakából; melléből panaszos sóhaj tört elő; egész lénye bosszúságot, sajnálkozást, csalódást fejezett ki.

Mikor megismerte a kabinetiroda titkárát és az istállómestert, így szólt hozzájuk:

- Ah, uraim, gyönyörű álmom volt. Azt álmodtam, hogy a király márkivá tett. Ó, jaj, ez csak álom, és nagyon is jól tudom, hogy a királynak éppen ellenkező szándékai vannak.

- Gyerünk - mondta Saint-Sylvain. - Későre jár; nincs veszteni való időnk.

A folyosón a királyság egy főrendjével találkoztak, akit a világ bámult erős jelleme és elméjének mélysége miatt. Ellenségei sem tagadták önzetlen, őszinte és bátor voltát. Tudták, hogy emlékiratain dolgozik, és mindenki azzal a reménnyel kecsegtette magát, hogy azokban szép szerepet fog majd játszani az utókor előtt.

- Ez talán boldog - mondta Saint-Sylvain.

- Kérdezzük meg tőle - felelte Quatrefeuilles.

Csatlakoztak hozzá, váltottak vele néhány szót, és a boldogságra terelve a társalgást, megtették az őket érdeklő kérdést.

- Vagyonnal, dicsőséggel nem törődöm - felelte a főúr - és a legtörvényesebb, legtermészetesebb érzelmek, a családomról való gondoskodás, a barátság örömei sem töltik be szívemet. Csak a közügyekért rajongok, és ez a legszerencsétlenebb szenvedély, a legreménytelenebb szerelem.

...Hatalmon voltam: nem akartam az állam pénzével és katonáink vérével támogatni azokat a vállalkozásokat, amelyeket kalózok és kalmárok szerveztek tulajdon meggazdagodásukra és a közösség kárára; nem dobtam oda a szállítók áldozatául a flottát és a hadsereget, és megbuktam ezeknek a gazfickóknak a rágalmai miatt, akik az ostoba tömeg tapsai között hányták szememre, hogy elárulom hazám szent érdekeit és dicsőségét. Senki sem támogatotthoz előkelő banditákkal szemben. Látva, hogy milyen ostobaság és hitványság keveréke a közvélemény, visszakívánom az abszolút hatalmat. Kétségbeejt a király gyöngesége. A nagyok kicsinysége rettenetes látvány nekem; a miniszterek ügyetlensége és becstelensége, a nép képviselőinek tudatlansága, aljassága és megvesztegethető volta hol elképedést, hol dühöt ébreszt bennem. Hogy elcsitítsam azt a kínt, amely nappal gyötör, éjjel leírom - és így adom ki az epét, amit lenyelek.

Quatrefeuilles és Saint-Sylvain kalapot emeltek a nemes főúr előtt, és néhány lépést téve a folyosón, találkoztak egy kicsi, feltűnően púpos emberkével: akinek a hátát a fején keresztül lehetett látni, és finomkodó mozdulatokkal, öntelten ringatózva járt.

- Ehhez nem érdemes fordulni - mondta Quatrefeuilles.

- Ki tudja? - felelte Saint-Sylvain.

- Higgy nekem: én ismerem - szólt az istállómester -, bizalmasa vagyok. Önhitt ember, tökéletesen meg van saját személyével elégedve, és van is rá oka. Ez a kis púpos kedvence az asszonyoknak. Az udvar és a város valamennyi hölgye, színésznők, polgárasszonyok, könnyűvérű, kacér, szemérmes, istenfélő leányok, a legbüszkébbek, a legszebbek, mind a lábánál hevernek. Az ő kielégítésükre vesztegeti az egészségét, az életét, és melankolikus lett a miatt a szerencsétlenség miatt, hogy szerencsét hoz.

A nap lenyugodott, és arra a hírre, hogy a király ma nem jelenik meg, az utolsó udvaroncok is elhagyták a termeket.

- Én szívesen odaadnám az ingemet - mondta Quatrefeuilles. - Nekem, mondhatom, szerencsés természetem van. Mindig elégedett vagyok! Jól eszem, iszom, alszom. Bókokat mondanak a ragyogó arcomra, vígképűnek találnak; nem is az ábrázatom miatt panaszkodom. A hólyagomban érzek valami melegséget és nyomást, ami megrontja az életkedvemet. Ma akkora követ adtam ki, mint egy galambtojás. Félek, hogy az ingem nem érne semmit a királynak.

- Én is szívesen odaadnám az enyémet - szólt Saint-Sylvain. - De nekem is megvan a magam köve: a feleségem. A legcsúnyább és leggonoszabb teremtést vettem el, aki csak valaha volt a világon, és bár a jövő tudvalevően Isten kezében van, bátran hozzá merem tenni, a legcsúnyábbat és leggonoszabbat, aki valaha is élni fog, mert egy ilyen rendkívüliség ismétlődése annyira valószínűtlen, hogy gyakorlatilag lehetetlennek mondhatjuk. Vannak játékok, amikre a természet nem vetemedik kétszer...

Majd eltérve e kínos tárgytól, így folytatta:

- Quatrefeuilles barátom, nem cselekedtünk okosan. Nem az udvarnál és nem a világ hatalmasságai között kell a boldog embert keresni.

- Úgy beszélsz, mint egy filozófus - felelte Quatrefeuilles. - Úgy fejezed ki magadat, mint az a nyomorult Rousseau. Tévedsz. Éppen annyi boldog és boldogságot érdemlő ember van a királyi palotákban és a főúri kastélyokban, mint az irodalmi kávéházakban és a munkások kocsmáiban. Ma csak azért nem találunk ilyet ennek a palotának a födele alatt, mert későre jár az idő, és nem volt szerencsénk. Menjünk el este a királyné játékasztalához, ott nagyobb szerencsénk lesz.

- Boldog embert keresni egy játékasztal mellett! - kiáltott fel Saint-Sylvain. - Hisz ez annyi, mint gyöngy-nyakéket keresni a répaföldön, vagy igazságot egy államférfi szájában!... A spanyol nagykövet ünnepélyt rendez ma éjjel; az egész város ott lesz. Gyerünk oda, és könnyen keríthetünk egy jó és megfelelő inget.

- Megesett néha, hogy megérintettem egy boldog nő ingét - mondotta Quatrefeuilles. - Gyönyörűséggel tettem. De boldogságunk nagyon rövid ideig tartott. Nem azért mondom el, hogy dicsekedjem (igazán nincs mivel), sem azért, hogy felidézzem az elmúlt boldogságok emlékét, amik visszatérhetnek még, hiszen - éppen ellenkezően a közmondással - minden kornak ugyanaz a gyönyörűsége. Egészen más a szándékom, komolyabb, erényesebb és közvetlen kapcsolatban van azzal a felséges feladattal, amely kettőnkre van bízva: eléd akarok terjeszteni egy eszmét, amely most született meg az agyamban. Nem gondolod, Saint-Sylvain, hogy Rodrigue doktor, mikor egy boldog ember ingét rendelte őfelségének, az "ember" szót faji értelemben használta, az egész emberi fajra gondolva, tekintet nélkül a nemi különbségekre - és éppen úgy értvén női inget, mint férfi inget! Ami engem illet, én hajlandó vagyok ezt hinni, és ha te is így vélekednél, kiterjeszthetnők kutatásaink területét, és több mint kétszeresére emelnők a kedvező esélyek számát; mert az ilyen finom és fegyelmezett társadalomban, mint a miénk, az asszonyok boldogabbak a férfiaknál: mi többet teszünk értük, mint ők érettünk. Saint-Sylvain, ilyenformán megnagyobbodván a feladatunk, megosztozhatnánk rajta. Így például ma estétől holnap reggelig én boldog asszonyt keresnék, te pedig boldog férfit. Ismerd el, barátom, hogy a női ing nagyon kényes valami. Megtapintottam egyszer egy olyant, hogy gyűrűn is keresztül lehetett húzni; a batisztja finomabb volt a pókhálónál. És mit szólsz ahhoz az inghez, amelyet egy francia udvarhölgy, Marie Antoinette idejében, fejdíszébe gyűrve elvitt a bálba? A király, azt hiszem, kegyesen fogadná, ha egy szép, fátyolfinomságú inget nyújtanának át neki, csipkebetéttel, valencienne-fodrokkal, diadalmas rózsaszín vállszalagokkal - könnyedebbet a szellőnél, íriszillatot és szerelmet árasztót...

De Saint-Sylvain hevesen kikelt Rodrigue doktor formulájának ilyen értelmezése ellen.

- Hova gondolsz, Quatrefeuilles? - kiáltott fel. - Egy női ing csak asszonyi boldogságot szerezne a királynak, ez pedig nyomorúsága és szégyene lenne. Most nem boncolgatom azt, Quatrefeuilles, hogy az asszony alkalmasabb-e a boldogságra, mint a férfi. Nincs itt ennek sem helye, sem ideje; ideje, hogy vacsorázni menjünk. A fiziológusok a miénknél finomabb érzőképességet tulajdonítanak az asszonyoknak; de ezek elvont általánosságok, fejünk fölött húzódnak el, és senkit sem foglalnak magukba. Azt sem tudom, úgy van-e, amint te hiszed, hogy a mi elfinomodott társadalmunk inkább az asszonyok boldogságára van teremtve, mint a férfiakéra. Azt látom, hogy a mi társaságunkbeli asszonyok nem nevelik a gyermekeiket, nem vezetnek háztartást, nem tudnak semmit, nem csinálnak semmit, és halálra fárasztják magukat: a ragyogás emészti el őket - gyertyasors, nem tudom, irigyelendő-e. De nem ez a kérdés. Valamikor talán csak egy nem lesz, vagy talán három, négy vagy még több. Ebben az esetben a nemi erkölcstan még gazdagabb, különfélébb, bőségesebb lesz. Egyelőre két nemünk van; sok van egyikből a másikban, sok a férfiból a nőben, és sok a nőből a férfiban. De mégiscsak különbözők: Mindegyiknek megvan a maga természete, erkölcse, megvannak a törvényei, gyönyörei és bajai. Ha nőiessé teszed a boldogságról való fogalmait, micsoda fagyos szemmel nézi majd királyunk La Poule asszonyt?... És végül képzelődése és puhasága esetleg odáig juttatja, hogy foltot ejt dicsőséges hazánk becsületén is. Ezt akarod te, Quatrefeuilles?

...Nézd meg a királyi palota folyosóján Hercules történetét gobelinbe szőve; lásd, hogyan járt ez az ingek dolgában különösen szerencsétlen hős; szeszélyből felöltötte Omphálé ingét, s attól kezdve csak fonni tudott. A te oktalanságod ilyen sorsot idéz a mi dicsőséges uralkodónkra is.

- Ó, ó - szólt az első istállómester -, tegyünk úgy, mintha semmit sem szóltam volna, és ne beszéljünk többet a dologról.

 
4
Jeronimo

A spanyol nagykövetség ragyogott az éjszakában. Lámpáinak visszaverődő fénye megaranyozta a felhőket. A park fasorait beszegő tűzfüzérek smaragdszerűen ragyogóvá és átlátszóvá tették a közelükben levő lombozatot. Bengálitüzek festették pirosra az eget a nagy, fekete fák fölött. Egy láthatatlan zenekar kéjes hangokat bízott a könnyű szellő szárnyaira. A meghívottak fényes tömege lepte el a gyepet; frakkok mozogtak az árnyékban; a katonaruhák szalagoktól és keresztektől ragyogtak; világos alakok bájosan suhantak végig a füvön, kábító illatot hagyva maguk mögött.

Quatrefeuilles észrevett két kiváló államférfit, a miniszterelnököt és az elődjét, akik a Szerencse szobra alatt csevegtek egymással; oda akart lépni hozzájuk. De Saint-Sylvain lebeszélte erről.

- Mind a kettő szerencsétlen - mondta -, az egyik vigasztalhatatlan, mert elvesztette a hatalmat, a másik reszket, hogy el találja veszteni. És a becsvágyuk annál szánalmasabb, mert mindegyik szabadabb és hatalmasabb volna magánemberként, mint a hatalom polcán, ahol csak az országgyűlés szeszélyei, a nép vak szenvedélyei és a pénzemberek érdekei előtt való alázatos és gyalázatos hajlongással tudnak megmaradni. Csak ezt a ragyogó megaláztatást kergetik egész szenvedélyükkel. Ah, Quatrefeuilles, maradj csak a vadászaid, lovaid, kutyáid mellett, és ne akard kormányozni az embereket.

Tovább mentek. Alig tettek néhány lépést, egy kis berekből kitörő kacagás hangja vonta magára figyelmüket; odamentek, és egy lugasban, nyírott gyertyánfa alatt, négy széken terpeszkedve, egy kövér, szabadszájú embert találtak, aki meleg hangján történeteket mondott egy nagyszámú társaságnak, s az valósággal csüngött antik szatírajkán, és odahajolt emberfölötti arcához, amelyen Dionüzosz bíborszíne ragyogott. Ez a királyság leghíresebb és egyetlen népszerű embere volt: Jeronimo. Gazdagon, bőségesen, vidáman áradt belőle a szó, sziporkázott az ötlet; sorra mondta a történeteket, jót, rosszat vegyest, de mindig kacagtatókat. Elmondta, hogy Athénben egy napon diadalmaskodott a társadalmi forradalom, felosztották a javakat, és közössé tették a nőket; de a csúnyák és öregek hamarosan panaszkodni kezdtek, hogy elhanyagolják őket, s ekkor a kedvükért törvénnyel kényszerítették a férfiakat, hogy csak rajtuk keresztül juthassanak a fiatalokhoz és szépekhez; durva vígsággal írta le a kacagtató frigyeket, a groteszk öleléseket és a fiatalemberek kétségbeesett hősiességét csipás szemű, csepegős orrú szeretőik láttára, akiknek orra az állát verte. Aztán erős, borsos históriákat mondott el, német zsidókról, plébánosokról, parasztokról szóló történeteket; egész sereg jókedvre derítő ötletet, vidám pletykát.

Jeronimo csodálatos szónokló-szerkezet volt. Ha beszélt, beszélt az egész teste, fejétől a lába hegyéig, és soha szónok annyira meg nem játszotta, amit mondott, mint ő. Egymás után tudott komolyan, derűsen, fenségesen és bohóckodva beszélni; megvolt benne az ékesszólás minden fajtája; ugyanaz az ember, aki a lugasban tökéletes komédiásként adott elő mindenféle mulattató illetlenséget a semmittevők és önmaga számára, azelőtt való nap a képviselőházban hatalmas hangjával éljenzést, tapsot aratott, megreszkettette a minisztereket, felkorbácsolta a karzatot, és beszédjének visszhangja lázba hozta az országot. Ügyes erőszakossága, kiszámított felindulásai az ellenzék fejévé tették, anélkül, hogy összeveszett volna a hatalommal, s a nép kegyére törekedve, szoros összeköttetésben volt az arisztokráciával. A ma emberének mondták. Sőt az éppen folyó óra embere volt: szelleme mindig a pillanathoz és a helyhez alkalmazkodott. Alkalomszerűen gondolkozott; nagy és közönséges esze megegyezett a polgárok közösségével; óriás középszerűsége elhalványított a közelében minden kicsiséget és minden nagyságot: csak őt lehetett látni. Az egészsége egymagában is biztosíthatta volna boldogságát; szilárd és szívós volt, mint a lelke. Mint nagy ivó s a sült és friss hús nagy kedvelője, vidáman élt, kivette oroszlánrészét e világ gyönyörűségeiből. Csodálatos históriáit hallgatva, Quatrefeuilles és Saint-Sylvain éppen úgy nevetett, mint a többiek, és könyökükkel bökdösve egymást, az ingre sandítottak, amelyre Jeronimo bőkezűen öntötte a vidám lakoma mártásait és borait.

Egy gőgös nép nagykövete, aki Kristóf királynak árusította számító barátságát, vonult ekkor végig a gyepen fenségesen és magánosan. Közeledett a nagy férfiúhoz és könnyedén meghajolt előtte. Jeronimo abban a pillanatban átalakult: derűs, édesded komolyság, fejedelmi nyugalom ült az arcán, és hangjának meghalkult csengése a nyelv legelőkelőbb hízelgéseivel simogatta a nagykövet fülét. Egész testtartása a külügyek megértését, a kongresszusok és konferenciák szellemét fejezte ki; még csokorra kötött nyakkendője, kibuggyanó ingmelle és elefánt jellegű nadrágszárai is csodálatos módon diplomata-méltóságot öltöttek magukra, és nagykövetségi színt kaptak.

A meghívottak távolabb húzódtak, és a két kiváló személyiség sokáig beszélgetett egymással baráti hangon; úgy látszott nagyon bizalmas lábon állnak; a politikusok és a diplomácia hölgyei erősen megfigyelték, és sokat beszéltek róla.

- Jeronimo - mondta az egyik - akkor lesz külügyminiszter, amikor akar.

- Mikor pedig az lesz - mondta a másik -, zsebébe dugja a királyt.

Az osztrák nagykövet felesége lornyettjén vizsgálgatva, így szólt:

- Eszes fickó, kitapossa a maga útját.

A beszélgetés után Jeronimo sétálni kezdett a kertben hűséges Jobelinjével, egy bagolyfejű égimeszelővel, aki sohasem hagyta el. A kabinetiroda titkára és az első istállómester követték.

- Az ő inge kell nekünk - mondta halkan Quatrefeuilles. - De ideadja-e? Szocialista, és harcol a király kormányzása ellen.

- Eh, hiszen nem rossz ember, és van esze - válaszolt Saint-Sylvain. - Nem kívánhat változást, mert ellenzéki. Nincs felelős állásban; a helyzete kitűnő; bizonyosan ragaszkodik hozzá. A jó ellenzéki mindig konzervatív. Hacsak nem csalódom, ez a demagóg roppantul sajnálná, ha ártana a királynak. Ha ügyesen bánunk vele, megkapjuk az inget. Egyezkedni fog az udvarral, mint Mirabeau. Csak biztosítani kell titoktartásunkról.

Míg így beszélgettek, Jeronimo félrecsapott kalappal sétált, hadonászott a botjával, s a jókedv tréfák, mókák, kacagások, felkiáltások, rossz szójátékok, illetlen és piszkos élcek, meg dudorászások alakjában ömlött ki belőle. Eközben tizenöt lépéssel előtte Aulnes hercege, az arbiter elegantiarum[24], az ifjúság bálványa találkozott egy ismerős hölggyel, és igen egyszerűen, egy kis, száraz, de nem minden báj nélkül való mozdulattal üdvözölte. A népszónok figyelmes tekintettel nézett oda, aztán elkomolyodva és mélázóan csapott súlyos kezével hosszú kísérője vállára:

- Jobelin - mondta néki -, odaadnám a népszerűségemet és tíz esztendőt az életemből, ha úgy tudnám viselni a frakkot, és úgy tudnék beszélni az asszonyokkal, mint ez a kölyök.

Odavolt a vidámsága. Zordonan lehajtott fejjel járkált és gyönyörűség nélkül nézegette az árnyékát, melyet a csúfondáros hold kék keljfeljancsiként vetett lába elé.

- Mit mondott?... Tréfál? - kérdezte Quatrefeuilles nyugtalanul.

- Sohasem volt őszintébb és komolyabb - felelte Saint-Sylvain. - Fölfedte előttünk azt a sebet, amely emészti. Jeronimo vigasztalhatatlan, mert nincs benne előkelőség és elegancia. Egy fityinget sem adnék az ingéért.

Az idő múlt, és a kutatás fáradságosnak ígérkezett. A kabinetiroda titkára és az első istállómester elhatározták, hogy ki-ki a maga szakállára folytatja a keresést, és megállapodtak, hogy vacsora alatt a kis sárga szalonban találkoznak, s ott kölcsönösen felvilágosítják egymást fáradozásaik eredményéről. Quatrefeuilles legszívesebben katonákat, nagyurakat és nagybirtokosokat kérdezett ki, és nem mulasztotta el azt sem, hogy az asszonyoknál is tudakozódjék. Saint-Sylvain mélyebben szántott; ő a pénzemberek szemében olvasott, és a diplomaták veséjét vizsgálta.

A megállapított órában mind a kettő fáradtan és hosszú orral jelent meg.

- Csupa boldog embert láttam - mondta Quatrefeuilles - és valamennyinek a boldogságát megkeserítette valami. A katonák érdemkeresztért, rangfokozatért vagy kegydíjért epednek. Versenytársaik előbbre jutása vagy dicsősége a májukat rágja. Láttam, amint arra a hírre, hogy Tintille tábornokot Comores hercegévé nevezték ki, sárgák lettek, akár a kókuszdió, és zöldek, akár a gyík. Egyik bíborvörösre vált: megütötte a guta. Nemességünk a birtokán az unalom és a sok huzalkodás miatt egyformán odavan: örökké pörben állnak a szomszédaikkal, a törvény emberei kiszívják a vérüket, és csupa gond közt cipelik nyomasztó tétlenségük terhét...

- Én sem jártam jobban, mint te - mondta Saint-Sylvain. - És főképpen az lep meg, hogy az emberek egészen ellentétes motívumokból, ellenkező okok miatt szenvednek. Estelles herceget boldogtalannak láttam, mert megcsalja a felesége, nem mintha szeretné az asszonyt, de hiú ember; Mauvert herceg azért boldogtalan, mert a felesége nem csalja, és így megfosztja az eszközöktől, hogy tönkrejutott házának régi fényét visszaszerezze. Ezt kétségbeejtik a gyermekei, amaz boldogtalan, mert nincs gyermeke. Találkoztam városi polgárokkal, akiknek egyetlen álma, hogy falun lakhassanak, és falusiakkal, akik egyébre sem gondolnak, mint arra, hogyan telepedhetnének le városban. Bizalmasan beszélgettem két becsületes emberrel: egyik vigasztalhatatlan, mert megölte párbajban azt az embert, aki elütötte kezéről a szeretőjét; a másik kétségbe van esve, mert elhibázta a vetélytársát.

- Sohasem hittem volna - sóhajtotta Quatrefeuilles -, hogy ilyen nehéz boldog emberre találni.

- Talán rosszul is fogtunk hozzá - jegyezte meg Saint-Sylvain -, találomra, rendszertelenül kutatunk, azt sem tudjuk pontosan, hogy mit. Nem határoztuk meg a boldogságot. Meg kell határozni.

- Kárba veszett idő volna - felelte Quatrefeuilles.

- Bocsánatot kérek - vágott vissza Saint-Sylvain. - Ha meghatározzuk, vagyis elhatároljuk és rögzítjük és leszögezzük hely és idő szempontjából, akkor több módunk lesz arra, hogy megtaláljuk.

- Nem hiszem - mondta Quatrefeuilles.

Mindamellett megállapodtak, hogy tanácsot kérnek e tárgyban a királyság legtudósabb férfiától, Chaudesaigues-től, a királyi könyvtár igazgatójától.

A nap már fölkelt, mire visszatértek a palotába. V. Kristóf rosszul töltötte az éjszakát, és türelmetlenül követelte a gyógyító erejű inget. Mentegetőztek a késedelem miatt, és felmásztak a harmadik emeletre, ahol Chaudesaigues fogadta őket egy nagy teremben, amelyben nyolcszázezer nyomtatott és kézzel írott kötet volt.

 
5
A királyi könyvtár

A könyvtáros leültette őket, aztán egy kézmozdulattal megmutatta látogatóinak a négy fal mentén sorba rakott könyveket, amelyek a padló deszkájától a tető párkányáig mindent elborítottak.

- Nem hallják? Nem hallják, milyen lármát csapnak? Megsüketültem bele. Mind egyszerre beszélnek a világ minden nyelvén. Vitatkoznak mindenről; Isten, természet, ember, idő, szám, tér, megismerhető és megismerhetetlen, a jó, a rossz - megvizsgálnak mindent. Vitatnak mindent, megerősítenek mindent, tagadnak mindent. Okoskodnak és oktalankodnak. Vannak könnyűek és nehezek, vígak és szomorúak, bőbeszédűek és szűkszavúak; sok azért beszél, hogy ne mondjon semmit; szótagokat számol és hangokat csoportosít olyan törvények szerint, amelyeknek ő maga sem ismeri az eredetét és szellemét: az ilyen a legelégedettebb köztük. Van egy komoly, sőt komor fajta, ez csak olyan tárgyakon gondolkozik, amelyek minden érzékelhető tulajdonságtól meg vannak fosztva és gondosan elzárva minden természetes összefüggéstől; az űrben hadakoznak, és a semmiség láthatatlan kategóriái közt mozognak; elkeseredett vitatkozók, akik véres dühvel védelmezik a maguk lényegiségeit és szimbólumait. Nem is említem azokat, akik a maguk korának vagy elmúlt időknek történetét írják meg, mert ezeknek senki sem hisz. Elég az hozzá, nyolcszázezren vannak ebben a teremben, és kettő sincs köztük, aki egyformán gondolkoznék ugyanarról a tárgyról, s akik ismétlik egymást, azok sem értenek egyet. Leggyakrabban azt sem tudják, hogy ők maguk mit mondanak, sem azt, hogy a másik mit mond.

...Uraim, ennek az általános lármának a hallgatásától meg fogok bolondulni, mint ahogy megbolondultak mindazok, akik előttem éltek ebben az ezerszavú teremben, hacsak természettől fogva hülyén nem léptek be, mint nagyra becsült kollégám, Froidefond úr, aki velem szemközt ül, és nyugodt buzgósággal katalogizál. Együgyűnek született, és az is maradt. Tökéletesen egységes volt, és nem is lett többféle. Mert az egységből nem is származhatik többféleség - és ez, mellékesen jegyzem meg, uraim, az első nehézség, amellyel a dolgok eredetét kutatva, találkozunk: az ok nem lehetvén egyetlen, szükséges, hogy kettős, hármas, sokszoros legyen, és ezt nehezen ismerik el. Froidefond úr elméje egyszerű és a lelke tiszta. Katalogikusan él. Minden könyvnek, mely e falakat borítja, ismeri címét és alakját, és így birtokában van az egyedüli egzakt tudásnak, amit egy könyvtárban, meg lehet szerezni; mivel pedig sohasem hatolt egy könyvnek a belsejéig, ment maradt a lágy bizonytalanságtól, a százajkú tévedéstől, a rémítő nyugtalanságtól - azoktól a szörnyektől, amelyeket az olvasás nemz egy termékeny agyvelőben. Ő nyugodt, békességszerető ember, és így boldog.

- Boldog! - kiáltott fel egyszerre a két ingkereső.

- Boldog - folytatta Chaudesaigues -, de nem tudja. És talán csak ezzel a föltétellel lehet boldog az ember.

- Sajnos - mondta Saint-Sylvain -, az nem élet, ha nem tudja az ember, hogy él; nem boldogság, ha nem tudja, hogy boldog.

De Quatrefeuilles, aki nem bízott az okoskodásban, és mindenkor csak a tapasztalásnak hitt, odalépett ahhoz az asztalhoz, amelynél Froidefond katalogizált egy halom borjúbőrbe, birkabőrbe, szattyánba, velinbe, pergamenbe, disznóbőrbe, fába kötött, poros, penészes, patkány- és egérszagú ócska könyvet.

- Könyvtáros úr - szólította meg -, legyen szíves, és feleljen nekem. Boldog ön?

- Nem ismerek ilyen című munkát - felelte a vén katalogista.

Quatrefeuilles visszament a helyére, égnek emelt karral fejezve ki csüggedését.

- Gondolják meg, uraim - mondta Chaudesaigues -, hogy az antik Kübelé, viruló keblén hordva Froidefond urat, óriási kört irat le vele a nap körül, s a nap a földdel és valamennyi bolygójával viszi Froidefond urat a világűr végtelenjén keresztül a Hercules-csillagkép felé. Miért? A körülöttünk felhalmozott nyolcszázezer kötet egyike sem tud erre megtanítani. Nem tudjuk ezt, egyebet sem tudunk. Uraim, nem tudunk semmit. Tudatlanságunknak számos oka van, de meggyőződésem szerint legfontosabb a nyelv tökéletlensége. A szók határozatlan voltából származik eszméink zavarossága. Ha gondosabban határoznók meg azokat a kifejezéseket, amelyeknek segítségével okoskodunk, eszméink világosabbak és biztosabbak lennének.

- Hát nem mondtam, Quatrefeuilles? - kiáltott fel Saint-Sylvain diadalmaskodva.

És a könyvtáros felé fordulva, így szólt:

- Chaudesaigues úr, végtelen örömmel tölt el, amit mond. És látom, hogy jó helyre jöttünk önhöz. A boldogság meghatározását akarjuk öntől megkérdezni. Őfelsége szolgálatában tesszük.

- Felelek, ahogy tőlem telik. Egy szó meghatározásának a szó eredetéből és gyökéből kell kiindulni. Mit értünk ezen a szón, hogy "boldogság"- "bonheur" - kérdezik önök. - "Bonheur vagy heur bon", és ez "augurium bonum", a madarak repüléséből és énekéből levont kedvező jóslat, ellentétben a "malheur"-rel vagy "mauvais heur"-rel, amely a szárnyasokkal való sikertelen kísérletet jelenti, mint a szó is mutatja.

- De - kérdezte Quatrefeuilles -, hogyan fedezhetjük fel azt, hogy boldog valaki?

- A csirkék megfigyelésével! - felelte a könyvtáros. - Ezt a kifejezés is magában foglalja. "Heur" az "augurium"-ból származik, ez pedig az "avigurium"-ból.[25]

- Csakhogy a szent csirkék megfigyelése nem szokás már a római idők óta - vetette közbe az első istállómester.

- De - kérdezte Saint-Sylvain -, a boldog ember ugyebár az, akit a szerencse kedvel; nincsenek a szerencsének külső és látható jelei?

- A szerencse - válaszolt Chaudesaigues - hol jóra, hol rosszra fordul: azaz kockajáték. Ha jól értettem önöket, uraim, önök boldog embert, szerencsés embert keresnek, vagyis olyant, akinek a madarak jót jövendölnek, és akinek a kocka állandóan kedvez. Ezt a ritka halandót keressék azok között, akik már életük végét járják, különösen akik már halálos ágyukon feküsznek, vagyis azok között, akik már sohasem kérnek többé madárjóslatot, és nem játszanak kockát. Mert csak ezek dicsekedhetnek hűséges szerencsével és állandó boldogsággal. Nem mondja-e Szophoklész is Oidiposz királyban:

"Halál előtt ne vallj boldognak senkit is."

Ezek a tanácsok nem tetszettek Quatrefeuilles-nek, akinek nem ízlett az a gondolat, hogy a halotti szentséget követő boldogságot keresse. Saint-Sylvain sem talált nagy élvezetet abban, hogy haldoklókról húzza le az ingüket; de, minthogy volt benne filozófia és érdeklődés, megkérdezte a könyvtárostól: ismert-e vagy egyet e szép öregek közül, akik utoljára dobták le dicsőségesen meghamisított kockájukat.

Chaudesaigues fejét rázta, felkelt, az ablakhoz ment, és dobolt az üvegen. Esett az eső; a gyakorlótér elhagyatott volt. A végében hatalmas palota emelkedett; párkányzatát diadaljelvények borították, s az ormán egy Bellona-szobor állt, fején hidrás sisak, testén pikkelypáncél, kezében a római kard.

- Menjenek ebbe a palotába - mondta végül.

- Hogyan! - szólt meglepetten Saint-Sylvain. - Volmar marsallhoz?

- Feltétlenül. Ki lehet boldogabb halandó ezen a földön, mint az elbrüzi és baskiri győztes? Volmar a legnagyobb hadvezérek közé tartozik, akik valaha éltek, és valamennyi között a legállandóbb szerencséje volt.

- Azt az egész világ tudja - mondta Quatrefeuilles.

- És nem is fogja elfelejteni - tette hozzá a könyvtáros. - Pilon marsall, Volmar hercege, olyan időben születvén, amikor a népek összeütközései nem borították még lángba az egész földet egyszerre, tudott segíteni a sorsnak ezen a ridegségén úgy, hogy egész bátorságával és tehetségével mindig ott termett a földnek azon a pontján, ahol háború ütött ki. Tizenkét éves korától már Törökországban szolgált, és végigcsinálta a kurdisztáni hadjáratot. Azóta végighordozta diadalmas fegyvereit az ismert világ minden részében; négyszer kelt át a Rajnán, olyan szemtelen könnyűséggel, hogy a vén, nádövezte folyó, népek elválasztója, megalázottnak, megcsúfoltnak látszott; megvédelmezte a Lys vonalát, még ügyesebben, mint a szász marsall, megmászta a Pireneusokat, kierőszakolta az utat, a Tajon keresztül, kinyitotta a Kaukázus kapuit, és felhajózott a Borüszthenészen, sorjában védte és támadta Európa valamennyi népét, és a hazáját háromszor mentette meg.

 
6
Volmar marsall

Chaudesaigues előhozatta Volmar herceg hadjáratait. Három könyvtárszolga görnyedt e teher alatt. A kinyitott atlaszok beláthatatlan távolságra nyúltak el az asztalokon.

- Íme, uraim, a stíriai, a pfalzi, a karamániai, a kaukázusi és a visztulai hadjárat. A hadseregek elhelyezése és útja pontosan meg van jelölve ezeken a térképeken ferde négyszögekkel és csinos kis zászlócskákkal; a haditerv tökéletes rajtuk. Ezt a tervet rendesen a cselekvés után határozzák meg, és a nagy hadvezérek tehetsége abban rejlik, hogy a maguk dicsőségére rendszerbe foglalják a véletlen szeszélyeit. De Volmar hercege mindig előre látott mindent.

...Vessenek egy pillantást a híres baskiri ütközet 1: 10 000 arányú térképére, ezt Volmar a törökökkel szemben nyerte meg. Itt a legcsodálatosabb taktikai zsenialitást fejtette ki. A harc reggel öt órakor kezdődött; délután négykor Volmar csapatai halálra fáradtan és muníció híján rendetlenül hátráltak; a rettenthetetlen marsall egyedül állt az Alután rögtönzött híd fejénél, mindkét kezében pisztolyt tartott, és fejbe lőtte a futókat. Éppen rendezte a visszavonulást, mikor megtudta, hogy az ellenség teljes zűrzavarban eszeveszetten rohan a Dunának. Azonnal megfordult, üldözni kezdte, és végleg tönkreverte. Ez a győzelem ötszázezer frank jövedelmet szerzett neki, és megnyitotta előtte az Akadémia kapuit.

...Gondolják, uraim, hogy találhatnak boldogabb embert az elbrüzi és baskiri győztesnél? Állandó szerencsével csinált végig tizennégy hadjáratot, megnyert hatvan ütközetet, és háromszor mentette meg hálás hazáját a tökéletes pusztulástól. Dicsőséggel, kitüntetésekkel elhalmozva, gazdagságban, békességben a szokott határon túl élvezi fenséges öregségét.

- Igazán boldog lehet - mondta Quatrefeuilles. - Mit gondolsz, Saint-Sylvain?

- Kérjünk nála kihallgatást - felelte a kabinetiroda titkára.

Bevezették őket a palotába, és átmentek az előcsarnokon, ahol a marsall lovasszobra állott.

A talapzatra ezek a büszke szavak voltak írva: "A haza hálájára és a világ bámulatára bízom két leányomat, Elbrüzt és Baskirt." A kettős díszlépcső márványfokai fegyvertartó pajzsok és zászlók borította falak közt kanyarodtak fel; a széles pihenővel szemközt volt az ajtó, amelynek szárnyait diadaljelvények, tüzes gránátok díszítették, fölötte pedig az a három aranykoszorú ragyogott, amelyet a király, az országgyűlés meg a nép adott Volmar hercegnek, hazája megmentőjének.

Saint-Sylvain és Quatrefeuilles tisztelettől megdermedve álltak a zárt ajtó előtt; arra a gondolatra, hogy micsoda hőstől választja el őket ez az ajtó, az izgatottság a küszöbhöz szegezte lábukat - nem mertek szemébe nézni ennyi dicsőségnek.

Saint-Sylvainnek eszébe jutott az elbrüzi csata emlékére vert érem, amely a marsallt ábrázolta, amint koszorút tesz a győzelem szárnyas istennőjének fejére, ezzel a hatalmas körirattal: Victoria Caesarem et Napoleonem coronavit; maior autem Volmarus coronat Victoriam[26] És suttogva szólt:

- Ez az ember valódi óriás.

Quatrefeuilles két kezét szívére nyomta, mert majd kiugrott, olyan erősen dobogott.

Még nem is tértek magukhoz, amikor éles kiáltásokat hallottak, amelyek mintha a lakás belsejéből származtak volna, és lassanként közeledtek. Asszonyrikácsolás és ütések zaja keveredett össze, s ezt gyönge nyöszörgés követte. Egyszerre csak felpattantak az ajtó szárnyai, s egy kis öregember, akit egy jól megtermett szolgáló rúgott ki, bábu módjára esett a lépcsőfokra, fejjel előre gurult a lépcsőn, s összevissza törve-zúzva, bukott az előcsarnokba, az ünnepélyes inasok elé. Volmar herceg volt. Fölemelték. A kócos, lompos szolgáló odaüvöltötte felülről:

- Hagyjátok! Ehhez csak söprűvel kell nyúlni!

És egy üveget szorongatva, így folytatta:

- El akarta venni a pálinkámat! Micsoda jusson? Eh, pusztulj, vén totyakos! Nem én kerestelek téged, az szent igaz, te vén ördög!

Quatrefeuilles és Saint-Sylvain nagy lépésekkel futottak ki a palotából. Mikor kiértek a gyakorlótérre, Saint-Sylvain azt a megjegyzést tette, hogy utolsó kockajátékában nem volt szerencséje a hősnek.

- Quatrefeuilles - tette hozzá -, látom, hogy tévedtem. Határozott és szigorú módszerrel akartam dolgozni; nem volt igazam. A tudomány rossz útra terel bennünket. Térjünk vissza a józan észhez. Az ember csak a legközönségesebb tapasztalati módszerrel járhat helyes irányban. Keressük a boldogságot, de ne próbáljuk meghatározni.

Quatrefeuilles szemrehányó és sértő szavakkal emlegette a könyvtárost, aki szerinte rútul megtréfálta őket. Legjobban az bántotta, hogy a hite elpusztult; az a kultusz, amelyet a nemzeti hősnek szentelt, meg volt gyalázva, be volt mocskolva a lelkében. Szenvedett emiatt. Fájdalma nemes volt, és a nemes fájdalmak kétségtelenül magukban hordozzák az enyhülést, sőt úgyszólván a jutalmat is: jobban, könnyebben viseljük el, mint az önző és érdekből fakadó fájdalmakat. Igaztalanság volna azt kívánni, hogy ez másként legyen. Így hát Quatrefeuilles lelke is hamarosan felszabadult, elméje elég világossá vált annak észrevevésére, hogy a selyemkalapjára hulló eső tönkreteszi a fényét, és felsóhajtott:

- Megint odavan egy kalapom!

Valamikor katona volt, és dragonyos-hadnagyi rangban szolgálta királyát, ezért támadt egy ötlete: a vezérkar könyvkereskedőjénél, a gyakorlótéren, a Nagy Istállók utcájának sarkán, megvásárolta a királyság térképét és a főváros tervrajzát.

- Sohasem szabad harcba indulni térkép nélkül - mondotta. - Csak a térképolvasás bajos. Íme, itt a városunk és környéke. Hol kezdjük el? Északon vagy délen, keleten vagy nyugaton? Megfigyelték, hogy a városok mind nyugat felé fejlődnek. Ez talán olyan ujjmutatás, amit nem szabad figyelmen kívül hagyni. Meglehet, hogy a nyugati kerületek lakói, akik védve vannak az ártalmas keleti szelektől, egészségesebbek, nyugodtabb kedélyűek és boldogabbak. Vagy kezdjük inkább azokon a kedves dombokon, amelyek a folyó partján emelkednek, tíz mérföldnyire a város déli részétől. Itt laknak ebben az évszakban az ország leggazdagabb családjai. És akárki akármit mondjon, a gazdagok között kell boldog embert keresni.

- Quatrefeuilles - felelte a kabinetiroda titkára -, én nem vagyok ellensége a társadalomnak, nem vagyok ellene a közboldogságnak. Úgy beszélek neked a gazdagokról, mint becsületes ember és jó polgár. A gazdagok tiszteletre és szeretetre méltó emberek; támogatják az államot, amikor még jobban meggazdagodnak, és akaratuk ellenére is jót téve, táplálnak egy egész sereg embert, akik az ő javaik fenntartásán és növelésén munkálkodnak. Ó, milyen szép, tiszteletre méltó, kitűnő dolog a magánvagyon! Hogy kell ezt kímélni, tehermentesíteni, kiváltságokhoz juttatni a bölcs törvényhozónak, és milyen méltatlan, álnok és becstelen, a legszentebb jogokat és a legtiszteletre méltóbb érdekeket sértő, az állam pénzügyeire gyászos hatású dolog megterhelni a vagyonos osztályt! Társadalmi kötelesség hinni a gazdagok jóságában; és édes hinni a boldogságukban is. Jerünk, Quatrefeuilles!

 
7
Vagyon és boldogság

Elhatározván, hogy először is a legjobb és leggazdagabb emberhez, Jacques Felgine-Coburhöz fordulnak - akinek aranyhegyei, gyémántbányái és petróleum-tengerei vannak -, hosszú ideig jártak parkja falai mellett, amelyeken belül végtelen mezők, erdők, tanyák, faluk terültek el; de akármelyik kapujánál jelentek meg az uradalomnak, másikhoz utasították őket. Belefáradtak a szüntelen összevissza járkálásba, és megszólítottak egy útkaparót, aki az úton, egy címeres rácsoskapu előtt, törte a követ; megkérdezték tőle, hogy ezen a bejáraton lehet-e eljutni Jacques Felgine-Cobur úrhoz, akivel beszélni szeretnének.

Az ember nehézkesen egyenesítette ki sovány hátát, és feléjük fordította beesett arcát, amelyet berácsozott szemüveg tett fölismerhetetlenné.

- Jacques Felgine-Cobur én vagyok - mondotta.

És meglepetésüket látva, hozzátette:

- Követ török: ez az egyetlen szórakozásom.

Azzal újra lehajolt, és rácsapott kalapácsával egy kavicsra, amely száraz koppanással tört ketté.

- Túlságosan gazdag - szólt Saint-Sylvain távozás közben. - A vagyona agyonnyomja. Boldogtalan ember.

Quatrefeuilles azt gondolta, menjenek most Jacques Felgine-Cobur vetélytársához, Joseph Macheróhoz, a vaskirályhoz, akinek újdonatúj kastélya iszonytatóan emelkedett a szomszéd völgy fölött párkányzatos tornyaival, lőrésekkel telelyuggatott falaival, kimeredő őrhelyeivel. Saint-Sylvain lebeszélte erről.

- Láttad az arcképét: nyomorúságos külseje van, tudjuk az újságokból, hogy pietista, szegény ember módjára él, prédikál a kisfiúknak, és zsoltárt énekel a templomban. Inkább menjünk Lusance herceghez. Ez igazi arisztokrata, aki tudja élvezni a vagyonát. Menekül a világ zajától, és nem jár az udvarhoz. Kedveli a kerteket, és a legszebb képtára van a királyságban.

Bejelentették magukat. Lusance herceg a régiségek szobájában fogadta őket, ahol a knidoszi Aphrodité legjobb görög másolatát láthatták, amely csupa báj volt és méltó Praxitelész vésőjéhez. Az istennő még nedvesnek látszott a tenger habjaitól. Egy rózsafából készült éremtartóban, amely valaha Pompadour asszonyé volt, a legszebb görög és szicíliai arany- meg ezüstérmék voltak összegyűjtve. A herceg, finom ízlésű műértő lévén, maga szerkesztette az érmek katalógusát. Nagyítója ott hevert az üveges szekrényen, amely vésett kövekkel, jáspissal, ónyxszal, sardonyxszal, kalcedóniummal volt tele: e köveken egy-egy körömnyi helyre nagyvonalú stílusban faragott alakok, csudálatos gazdagságú csoportok voltak vésve. Szerető kézzel vett fel asztaláról egy kis bronz-faunt, hogy megcsodáltassa látogatóival formáit, patináját - és beszéde méltó volt a megmutatott mesterműhöz.

- Várok - tette hozzá - egy antik ezüstnemű-küldeményt, csészéket és serlegeket, amelyeket szebbnek mondanak Hildesheim és Boscoreale kincseinél! Türelmetlenül várom már, hogy megláthassam. Caylus nem ismert nagyobb gyönyörűséget, mint ládákat kibontani. Ezt érzem és is.

Saint-Sylvain mosolygott:

- Pedig azt mondják, kedves hercegem, hogy ön mindenféle gyönyörűséghez ért.

- Hízeleg, Saint-Sylvain úr. De azt hiszem, hogy a gyönyörűség művészete valamennyi művészet között az első, s a többiek értéke csak annyi, amennyivel ehhez hozzájárulnak.

Képtárába vezette vendégeit, ahol Veronese ezüstös tónusai, Tizian zöldje, Rubens piros, Rembrandt sötétvörös színei, Velazquez szürkéi és rózsaszínjei muzsikáltak, és ezek az éneklő paletták mind diadalmas harmóniában olvadtak össze. Ottfelejtett hegedű szunyókált egy karosszékben, egy simán fésült, gesztenyeszínű hajú, olajbarna bőrű hölgy arcképe alatt; az arcát szinte eltüntette két nagy sötét szeme: valami ismeretlen szépség volt; formáit Ingres simogatta végig szerelmes és biztos kezével.

- Bevallom önöknek a rögeszmémet - mondta Lusance herceg. - Néha, amikor egyedül vagyok, hegedülök e kép előtt, és azt képzelem, hogy ki tudom hangokkal fejezni a színek és vonalak harmóniáját. Ez előtt az arckép előtt a rajz szilárd cirógatását próbálom visszaadni és csüggedten teszem le a hegedűmet.

Egy ablak a parkra nyílott. A herceg és vendégei kikönyököltek a párkányra.

- Milyen gyönyörű látvány! - kiáltott fel Quatrefeuilles és Saint-Sylvain.

Szobrokkal, narancsfákkal és virágokkal borított teraszok húzódtak enyhe lejtésű lépcsőkkel összekötve, a gyertyánokkal szegett pázsitig s a vízmedencékig, ahol a víz fehér kévékben ömlött a tritonok kagylóiból és a nimfák urnáiból. Jobbra és balra lombtenger terjesztette lecsöndesült hullámait a távoli folyóig, amelynek ezüstös szalagját követni lehetett a nyárfák között, a rózsaszín köddel borított dombok alatt.

A herceg kevéssel előbb még mosolygott; most gondterhes tekintettel nézett az óriási és gyönyörű területnek egy pontjára.

- Ez a kémény! - mondta elfulladó hangon, s egy gyárkéményre mutatott, amely ott füstölt, több mint fél mérföldnyire a parktól.

- Ez a kémény? Hiszen alig látszik - mondta Quatrefeuilles.

- Én csak azt látom - felelte a herceg. - Elrontja az egész látványt, elrontja az egész természetet. A gyár egy részvénytársaságé, s az semmi áron nem akarja eladni. Minden módot megpróbáltam, hogy eltakarjam; nem voltam rá képes. Betege vagyok.

És otthagyta az ablakot, egy karosszékbe süppedt.

- Előre tudhattuk volna - mondta kocsiba szállva Quatrefeuilles. - Túlságosan finomlelkű ember: boldogtalan.

Mielőtt tovább folytatták volna kutatásaikat, egy pillanatra leültek egy kávémérés kertecskéjében, a hegy csúcsán, ahonnét végig lehetett látni a szép völgyet, a csillogva kanyargó folyót és tojásdad szigeteit. E két csüggesztő kísérlet ellenére is remélték, hogy fölfedeznek egy boldog milliárdost. Vagy egy tucatot kellett még meglátogatniok, többek közt Blochot, Potique-ot, Nichol bárót, a királyság legnagyobb iparosát, és Granthosme márkit, aki talán valamennyi közt a leggazdagabb volt, fényes családból származott, és egyformán el volt halmozva dicsőséggel és vagyonnal.

Közelükben hosszú, sovány ember egy csésze tejet ivott; teste kétrét görnyedve, puha volt, mint egy vánkos; nagy, fakó szemei arca közepéig lottyadtak le; orra a szájába lógott. Úgy látszott, hogy egészen elmerült fájdalmában, és búsan nézegette Quatrefeuilles lábát.

Húsz percig tartó szemlélődés után fölkelt, szomorúan és elszántan közeledett az első istállómesterhez, és bocsánatot kérve az alkalmatlankodásért, így szólt:

- Uram, engedje kérem, hogy megkérdezzek öntől valamit, ami végtelenül fontos rám nézve. Mennyit fizet a cipőjéért?

- Különös kérdés - felelte Quatrefeuilles -, de nincs okom, hogy megtagadjam a választ. Hatvanöt frankot fizettem ezért a párért.

Az ismeretlen hosszasan vizsgálgatta, felváltva a maga és Quatrefeuilles lábát, s a két pár lábbelit gondos figyelemmel hasonlította össze. Aztán sápadtan és felindult hangon szólalt meg:

- Ön azt mondja, hogy hatvanöt frankot fizetett ezért a cipőért. Egészen bizonyos ebben?

- Föltétlenül.

- Uram, jól gondolja meg, amit mond!...

- Eh - morgott Quatrefeuilles, aki már türelmetlenkedni kezdett -, mulatságos egy suszter maga.

- Nem vagyok suszter - felelte az idegen, alázatos szelídséggel tele -, Granthosme márki vagyok.

Quatrefeuilles kalapot emelt.

- Éreztem előre! - folytatta a márki. - Fájdalom, már megint megloptak! Ön hatvanöt frankot fizet a cipőjéért, én az enyémért - pedig egészen olyan - kilencvenet. Nem az árával törődöm én: az semmi nekem; de nem tudom elviselni, hogy meglopjanak. Nem látok, nem szívok be egyebet magam körül, mint becstelenséget, csalást, lopást, hazugságot, és borzadok a gazdagságomtól, mert megront minden embert, aki közelembe kerül: szolgákat, intézőket, szállítókat, szomszédokat, barátokat, asszonyt, gyermeket, és valamennyit gyűlöletessé és megvetésre méltóvá teszi a szememben. Rettenetes a helyzetem. Sohasem vagyok bizonyos abban, hogy nem becstelen embert látok-e magam előtt. És beteg vagyok az undortól meg a szégyentől, amiért magam is az emberi nemhez tartozom.

És a márki sóhajtva borult tejescsészéjére:

- Hatvanöt frank! Hatvanöt frank!...

E pillanatban jajgatás, nyögés hangzott fel az utcán, s a király két küldöttje egy sopánkodó öreget pillantott meg, akit két hatalmas, paszomántos libériájú inas követett.

Ez a látvány megdöbbentette őket. De a kávés nagyon közönyösen magyarázta meg nekik:

- Semmi, semmi, ez Nichol báró, az, aki olyan gazdag!... Megbolondult, azt hiszi, hogy tönkrement, és éjjel-nappal sopánkodik.

- Nichol báró! - kiáltott fel Saint-Sylvain. - Megint olyanvalaki, akinek el akartad kérni az ingét, Quatrefeuilles.

Ez utolsó találkozás után lemondtak arról, hogy tovább is a királyság leggazdagabb embereinél keressék a gyógyító erejű inget. Minthogy elégedetlenek voltak a napjukkal, és féltek, hogy rosszul fogadják őket a királyi palotában, egymásra húzták a vizes lepedőt.

- De mi jutott eszedbe, Quatrefeuilles, hogy ezekhez az emberekhez mégy, hacsak torzszülöttek megfigyelésével nem akarsz foglalkozni? Ezeknek sem az erkölcse, sem a gondolkozása, sem az érzéklése nem normális. Szörnyetegek.

- Mit, nem te mondtad nekem, Saint-Sylvain, hogy a gazdagság erény, hogy helyes dolog hinni a gazdagok jóságában és édes hinni a boldogságukban? Csakhogy jól vigyázz: különböző gazdagságok vannak. Ha a nemesség szegény és a köznép gazdag, ez az állam felforgatása, és mindennek vége.

- Quatrefeuilles, sajnálom, hogy ki kell mondanom: neked halvány fogalmad sincs a modern államok szerkezetéről. Nem érted meg azt a kort, amelyben élsz. De nem tesz semmit. Hátha most az arany középszer körül tapogatóznánk? Mit gondolsz? Azt hiszem, jól tennők, ha részt vennénk holnap a városbeli polgár- és hivatalnokasszonyok fogadónapján. Mindenféle embert megfigyelhetnénk, és aztán, ha hallgatsz rám, mindenekelőtt a szerény körülmények között élő polgárasszonyokat látogatjuk meg.

 
8
A főváros szalonjai

Így is tettek. Először is Souppe-nénál jelentek meg, egy tésztagyáros feleségénél, akinek északon volt a gyára. Souppe és neje szerencsétlenek voltak, mert nem hívták meg őket Esterlinnéhez, a vasgyáros képviselő feleségéhez. Meglátogatták Esterlinnét, és kétségbeesve találták Esterlinnel együtt, mert nem fogadták Colombier asszonynál, egy főrend és volt igazságügyminiszter feleségénél. Felkeresték Colombier asszonyt, s a főrendet feleségestül dühöngve találták, amiért nincsenek a királyné bizalmas környezetében.

Azok a látogatók, akiket ezekben a házakban láttak, nem kevésbé szerencsétlenek, kétségbeesettek és dühösek voltak. Betegség, szívügyek, pénzgondok emésztették őket. Akinek volt valamije, félt, hogy elveszti, és szerencsétlenebb volt azoknál, akiknek semmijük sincs. A homályban levők ragyogni akartak, a ragyogók még jobban ragyogni. Legnagyobb részüket az sújtotta le, hogy dolgoznia kell; amelyiknek meg semmi dolga sem volt, azt a munkánál is keservesebb unalom ölte. Akadtak, akik más miatt szenvedtek, egy szeretett asszony vagy gyermek szenvedéseit érezték át. Sokan mentek tönkre olyan betegségben, amely nem is bántotta őket, csak azt hitték, hogy szenvednek benne, vagy féltek, hogy megkapják.

Nemrég kolerajárvány pusztított a fővárosban, és emlegettek egy bankárt, aki, félve a ragálytól és nem találva eléggé biztos búvóhelyet, öngyilkos lett.

- A legrosszabb az - mondta Quatrefeuilles -, hogy ezek nem elégszenek meg az igazi bajokkal, amelyek olyan sűrűn kopognak a fejükön, mint a jégeső, hanem belemerülnek a képzelt bajok mocsarába.

- Nincsenek képzelt bajok - felelte Saint-Sylvain. - Minden baj igazi, mihelyt érzi az ember, s az álmodott fájdalom valóban fájdalom!

- Mindegy - vágott vissza Quatrefeuilles. - Mikor olyan veseköveket adok ki, mint egy kacsatojás, mégiscsak szeretném, ha álom volna.

Saint-Sylvain ez alkalommal is megfigyelte, hogy az emberek igen gyakran homlokegyenest ellenkező okok miatt bánkódnak.

Colombier asszony szalonjában egymás után két nagyon értelmes, felvilágosodott, művelt emberrel beszélt, akik gondolataikba öntudatlanul beleszőtt fordulatokkal és kitérésekkel elárulták azt a lelki bajt, amely mindkettőjüket mélységesen gyötörte. Mindegyik a közállapotokból vonta le a gondjai okát; de ellenkező módon vonták le. Brome a változástól való örökös rettegésben élt. A szilárd jelenben, a virágzás és békesség állapotában, amelynek az ország örvendett, zavaroktól félt, és tökéletes felfordulástól remegett. Keze csak reszketve tudta kibontani az újságokat: minden reggel várta, hogy zavargások, lázadások hírét jelentik. E benyomás alatt a legjelentéktelenebb eseményeket, a legmindennapibb apróságokat is forradalmak előjátékává, végső összeroppanások hírnökévé alakította át. Folyvást azt hivén, hogy a teljes összeomlás előestéjén vagyunk, örökös rémületben élt.

Egészen ellenkező, különösebb és ritkább baj gyötörte Sandrique-ot. A nyugalom untatta, a közrend türelmetlenné tette, a béke gyűlöletes volt neki, az emberi és isteni törvények fenséges egyhangúsága lesújtotta. Titokban epedt a változásokért, és - bár színleg félt tőlük - sóhajtozott a katasztrófákért. Ez a jó, kedves, gyöngéd, emberséges ember el sem tudott képzelni más mulatságot, mint hazájának, a földgolyónak, a világegyetemnek erőszakos szétzúzódását, lesve még az állócsillagokban is összeütközéseket, pusztító lángtengereket. Csalódott, levert, szomorú, búskomor volt, amikor a lapok stílusa és az utcák képe feltárta előtte a nemzet változhatatlan nyugalmát; annál is inkább szenvedett emiatt, mert ismerte az embereket, értette a dolgokat, és így tudta, milyen erős a népekben a megőrzés, a hagyomány, az utánzás és az engedelmesség szelleme, s hogy milyen egyenletes és lassú lépésekben halad a társadalmi élet.

Saint-Sylvain még nagyobb és még jelentősebb ellentétet figyelt meg Colombier asszony fogadónapján.

A kis szalon egyik sarkában La Galissonnière, a polgári törvényszék elnöke nyugodtan és halkan társalgott Larive du Mont-nal, az állatkert igazgatójával.

- Bevallhatom neked, barátom - mondta La Galissonnière -, megöl a halál gondolata. Szüntelenül erre gondolok, és szüntelenül belehalok. Borzaszt a halál, nem önmagában, mert hiszen a halál semmi, hanem azért, ami követi: a túlvilági életért. Hiszek benne; hiszek, bizonyos vagyok a halhatatlanságomban. Ész, ösztön, tudás, kinyilatkoztatás minden igazolja az el nem pusztuló lélek létezését, minden olyannak bizonyítja az ember természetét, eredetét, végcélját, ahogy az egyház tanítja. Keresztény vagyok, hiszek az örök kínokban. Ezeknek a kínoknak rettentő képe szüntelenül üldöz; félek a pokoltól, és ez a minden más érzésnél erősebb félelem lerombolja bennem a reményt és mindazokat az erényeket, amik az üdvösséghez szükségesek, és odadob annak az ítéletnek, amelytől éppen rettegek. A kárhozattól való félelem elkárhoztat, a pokoltól való borzalom pokolra juttat, és már élve, előre érzem az örök kínokat. Nincs a világon az enyémhez hasonló kínszenvedés, nincs olyan, amely kegyetlenebbül sújtana évről évre, napról napra, óráról órára, mert minden nap, minden perc közelebb visz ahhoz, ami elrémít. Az életem egyetlen, rémülettel, borzalommal teljes haldoklás.

Mikor e szavakat mondta, a törvényszék elnöke kezével csapkodta a levegőt, mintha el akarta volna távolítani a kiolthatatlan lángokat, amelyekkel körülvéve érezte magát.

- Irigyellek, édes barátom - sóhajtott Larive du Mont. - Te még boldog vagy hozzám képest; engem is a halál gondolata marcangol; de milyen különböző ez a gondolat a tiédtől, és mennyivel borzalmasabb! Tanulmányaim, megfigyeléseim, az összehasonlító bonctan állandó gyakorlása és az anyag szerkezete körül folytatott gondos kutatások nagyon is meggyőztek arról, hogy ezek a szavak: lélek, szellem, halhatatlanság - csak fizikai jelenségeket vagy ezeknek a jelenségeknek a tagadását jelentik; és hogy ránk nézve az élet vége az öntudat vége is, végül, hogy a halál befejezi teljes megsemmisülésünket. Ami az élet után következik, annak a kifejezésére nincs szó, mert a nemlét, amelyet erre használunk, csak a tagadás jele az egész természettel szemben. A nemlét egy végtelen semmi, és ez a semmi elborít bennünket. Onnan jövünk, oda megyünk; két nemlét között olyanok vagyunk, mint kagylóhéj a tengeren. A nemlét, ez a lehetetlen és a bizonyos; nem lehet felfogni, és mégis van. Látod, az emberek szerencsétlensége, szerencsétlensége és bűne, hogy fölfedezték ezeket a dolgokat. A többi állat nem tudja; nekünk sem kellett volna megtudni soha. Lenni, és nem lenni többé! Ettől a borzalmas gondolattól égnek mered minden hajam szála; nem hagy nyugton soha. Az, ami nem lesz, elrontja, tönkreteszi azt, ami van; s a nemlét már előre elnyel. Kegyetlen képtelenség! Benne érzem, benne látom magamat.

- Én sajnálatra méltóbb vagyok nálad - felelte La Galissonière. - Ahányszor csak kimondod ezt a szót, ezt a ravasz és gyönyörűséges szót, hogy nemlét, az édessége simogatja a lelkemet, és mint a beteget a párnája, kecsegtet az álom és a nyugalom ígéretével.

Larive du Mont így folytatta:

- Az én szenvedésem tűrhetetlenebb a tiednél, mert az átlagember elviseli az örök pokol gondolatát, és nem közönséges lelkierő kell ahhoz, hogy istentagadó legyen valaki. A vallásos nevelés, a misztikus gondolkozás vitt arra, hogy félj az élettől és gyűlöld. Te nemcsak keresztény és katolikus vagy; jansenista vagy, és kebledben hordod azt a mélységet, amelynek Pascal járt a szélén. Én, én szeretem az életet, ennek a világnak az életét, az életét, úgy, amint van, ezt a kutya életet! Szeretem, ámbár brutális, silány, durva; szeretem, ámbár mocskos, piszkos, züllött; szeretem, ámbár ostoba, bárgyú, kegyetlen; szeretem erkölcstelenségében, aljasságában, gazságában, piszkaival, csúfságaival, bűzeivel, korrupcióival, fertőzéseivel. Mikor érzem, hogy kicsúszik a kezemből és elfut előlem, reszketek, mint a gyáva, és megbolondulok a kétségbeeséstől.

...Vasárnap, ünnepnapokon szaladgálok a népes városrészekben; belekeveredem az utcákon hömpölygő tömegbe, befurakodom a férfiak, asszonyok, gyermekek csődületeibe, a kóbor énekesek körül vagy kókler-bódék előtt; odadörzsölődzöm a piszkos szoknyákhoz, a zsíros ujjasokhoz; beszívom az izzadság, a haj, a lélegzetek erős és meleg szagát. Úgy érzem, mintha az életnek e nyüzsgésében messzebb lennék a haláltól. Hallok egy hangot, amely így szól hozzám: "Azt a félelmet, amit beléd öntök, csak én fogom meggyógyítani; azt a fáradtságot, amelyet fenyegetéseim miatt érzel, csak nálam fogod kipihenni..." De nem akarom! Nem akarom!

- Ó, jaj! - sóhajtott a törvényszéki elnök. - Ha életünkben ki nem gyógyulunk a lelkünket romboló betegségekből, a halál nem fog nyugalmat adni.

- És ami feldühít - kezdte újból a tudós -, hogy mikor mind a ketten meghaltunk már, még csak az az elégtételem sem lesz meg, hogy azt mondhassam neked: "Látod, La Galissonnière! Nem csalódtam: nincs semmi." Nem büszkélkedhetem, hogy igazam volt. És te, te sohasem fogsz kiábrándulni a hitedből. Micsoda árat fizetünk az elméért! Te szerencsétlen vagy, barátom, mert nagyobb és erősebb az elméd, mint az állatoké és az emberek nagy részéé. És én még nálad is szerencsétlenebb vagyok, mert bennem több a tehetség.

Quatrefeuilles, aki elcsípte egy-egy töredékét ennek a párbeszédnek, nem is lepődött meg rajta túlságosan.

- Ezek szellemi kínok - mondta -, lehet, hogy kegyetlenek, de nemigen általánosak. Engem inkább a közönséges szenvedések nyugtalanítanak, a test bajai és nyomorúságai, szerelmi bánat és pénzhiány - ezek teszik olyan nehézzé a kutatásunkat.

- Azonkívül - figyelmeztette Saint-Sylvain - ez a két úr nagyon erőszakosan kényszeríti saját tanait, hogy boldogtalanná tegyék. Ha La Galissonnière tanácskoznék egy jó jezsuita páterrel, hamarosan megnyugodhatnék; és Larive du Mont tudhatná, hogyan lehet az ember istentagadó olyan vidáman is, mint Lucretius és annyi gyönyörűséggel, mint André Chénier. Ismételje el Larive du Mont Homérosz versét: "Meghalt Patroklosz is, aki többet ért nálad" - és egyezzék bele szívesebben, hogy egy napon követni fogja mestereit, az antik filozófusokat, a reneszánsz humanistáit, a modern tudósokat és másokat, akik többet értek nála. "Ha Páris, ha Heléna, kell, hogy kínban haljon meg..." - mondja François Villon. "Mind halandók vagyunk" - ahogy Cicero mondja. "Mind meghalunk" - mondja az az asszony, akinek okosságát a Szentírás dicsérte a Királyok második könyvében.

 
9
Boldogít-e a szerelem?

A királyi parkba mentek vacsorázni, arra az előkelő sétahelyre, amely olyasmi volt Kristóf király fővárosában, mint Párizsban a Bois de Bouleogne, Brüsszelben a Cambre, Londonban a Hyde Park, Berlinben a Tiergarten, Bécsben a Práter, Madridban a Prado, Firenzében a Cascine, Rómában a Pincio. A szabadban ülve, a vacsorázok fényes serege között körüljáratták tekintetüket a nagy, tollas, virágos kalapokon, a gyönyör, a szerelem nyugtalan rejtekein, a galambdúcokon, amelyek felé a vágyak repültek.

- Azt hiszem - szólalt meg Quatrefeuilles -, itt van, amit keresünk. Megesett velem is, mint mással, hogy szerettek: ez a boldogság, Saint-Sylvain; még ma is azon tűnődöm, nem ez-e az ember egyetlen boldogsága; és bár most egy olyan hólyag súlyát hordom, amely jobban meg van rakva kövekkel, mint egy bányából jövő talyiga, vannak napjaim, amikor olyan szerelmes vagyok, akár húszéves koromban.

- Én - felelte Saint-Sylvain -, én asszonygyűlölő vagyok. Nem bocsátom meg a nőknek, hogy egy nemhez tartoznak a feleségemmel. Tudom, hogy valamennyi kevésbé ostoba, kevésbé rossz és kevésbé csúnya nála, de már az is sok, hogy valami közös tulajdonságuk van.

- Hagyjuk ezt, Saint-Sylvain. Mondom neked, itt van, amit keresünk, és csak a kezünket kell kinyújtani, hogy elérjük.

És egy nagyon szép emberre mutatva, aki egyedül ült egy kis asztalnál, így szólt:

- Ismered Jacques Navicelle-t. Tetszik az asszonyoknak; minden asszonynak tetszik. Ha ez nem boldogság, akkor nem értek a dologhoz.

Saint-Sylvain úgy vélekedett, hogy meg kell győződni erről. Asztalukhoz hívták Jacques Navicelle-t, és vacsora közben bizalmasan csevegtek vele. Hússzor is tudakozódtak a boldogságról, hosszú köntörfalazásokkal és hirtelen fordulatokkal, nyíltan és rejtve, sejtetve és egészen őszintén, de semmit sem tudhattak meg asztaltársuktól, akinek előkelő modora és szeretetre méltó arca sem örömet, sem bánatot nem fejezett ki. Jacques Navicelle szívesen csevegett, nyíltnak és természetesnek mutatkozott: még vallomásokat is tett, de ezek is csak elburkolták titkát, és még megfejthetetlenebbé tették. Kétségtelen, hogy szeretik; de boldoggá teszi ez, vagy boldogtalanná? Mikor a gyümölcshöz értek, a király két inkvizitora lemondott arról, hogy ezt megtudja. A harcban kifáradva; csak éppen azért beszéltek már, hogy mondjanak valamit, és magukról beszéltek. Saint-Sylvain a feleségéről, és Quatrefeuilles a maga kövéről, amelynek révén Montaigne-hoz hasonlított. Likőr-ivás közben történetkékbe fogtak; elmondták Bérille-né esetét, aki pékinasnak öltözve, fején kosárral szökött ki egy különszobából; Débonnaire tábornok és Bildermann báróné történetét; Vizire miniszter és Cérès asszony dolgát, akik Antonius és Kleopátra módjára csókokban olvasztottak szét egy egész császárságot - és több más, régi meg új történetet. Jacques Navicelle egy keleti mesét mondott el.

- Egy fiatal bagdadi kereskedő - kezdte - egy reggel ágyában fekve, nagyon szerelmesnek érezte magát, és hangos kiáltással kívánta, bárcsak minden nő őt szeretné. Egy dzsinn meghallotta, megjelent előtte, és így szólt hozzá: "A kívánságod máris teljesült. Mától fogva minden asszony szeretni fog." Az ifjú kereskedő tüstént boldogan ugrott ki ágyából, és kimeríthetetlen, változatos gyönyörök reményében ment ki az utcára. Alig tett néhány lépést, mikor egy rémes vénasszony, aki bort fejtett a pincéjében, heves szerelemre lobbant a látásán, és csókokat dobált felé a szelelőablakon át. Undorral fordította el fejét, de az öregasszony a lábszáránál fogva berántotta a pincébe, és húsz évig tartotta ott bezárva.

Jacques Navicelle éppen befejezte meséjét, amikor egy pincér jött, és jelentette, hogy várják. Fölkelt, és sötét tekintettel, lehajtott fejjel a kert rácsa felé ment, ahol egy kocsi mélyén egy meglehetősen visszataszító arc várta.

- Saját történetét mondta el - szólt Saint-Sylvain. - A fiatal bagdadi kereskedő ő maga.

Quatrefeuilles fejére csapott:

- Hiszen mondták is nekem, hogy egy sárkány őrzi: elfelejtettem!

Későn tértek vissza a palotába, s nem vittek más inget, mint a magukét; Kristóf királyt és La Poule asszonyt együtt találták, amint forró könnyek között hallgattak egy Mozart-szonátát.

A királyról La Poule asszonyra is ráragadt a mélabús hangulat; sötét gondolatokkal foglalkozott, és bolond félelmek bántották. Azt hitte, hogy üldözik, és utálatos mesterkedések áldozatául esett; örökös félelemben élt, hogy megmérgezik, és kényszerítette cselédeit, hogy minden tál ételét kóstolják meg előtte. A haláltól való rettegés és az öngyilkosság vágya érzett rajta. A király állapotát még inkább elrontotta azé a nőé, akivel e szomorú napokat töltötte.

- A festők - mondta V. Kristóf - átkozott gaz mesteremberek. Valami megindító szépséget adnak a síró nőnek, és az Andromakékat, az Artemizeket, a Magdolnákat, a Héloïse-okat könnyekkel feldíszítve mutatják meg nekünk. Van Adrienne Lecouvreurről egy arcképem, Cornelia szerepében, amint könnyeivel öntözi Pompeius hamvait: imádásra méltó. És mihelyt La Poule asszony sírni kezd, az arca rángatózik, az orra kivörösödik: ijesztően csúnya.

Ez a szerencsétlen fejedelem, aki már csak a gyógyulást hozó ing várásában élt, szidta Quatrefeuilles-t és Saint-Sylvaint hanyagságuk ügyetlenségük és balszerencséjük miatt - talán arra számítva, hogy a három szemrehányás közül legalább az egyik igazságos lesz.

- Meg hagytok halni, éppen úgy, mint a doktoraim, Machellier és Saumon. De nekik ez a mesterségük. Tőletek egyebet vártam; számítottam az eszetekre és a hűségtekre. Látom, hogy tévedtem. Visszajönni eredmény nélkül! Nem szégyenlitek magatokat? Hát olyan nehéz a küldetésteket végrehajtani? Olyan nagy dolog megtalálni egy boldog ember ingét? Ha még ennyit sem tudtok, akkor ugyan mire vagytok jók? Az ember csak maga szolgálhatja jól magát. Ez áll a magánemberre is, de még inkább a királyra. Ebben a pillanatban elindulok megkeresni azt az inget, amit ti nem tudtok fölfedezni.

Azzal ledobta sipkáját és hálókabátját, ruháit követelte.

Quatrefeuilles és Saint-Sylvain megpróbálták visszatartani.

- Felség, az ön állapotában, micsoda meggondolatlanság!

- Felség, éjfél elmúlt!

- Azt hiszitek talán - kérdezte a király -, hogy a boldog emberek a tyúkokkal feküsznek? Nincsenek már örömtanyák a fővárosomban? Nincsenek többé éjjeli vendéglők? A rendőrfőnököm bezáratott minden lebujt: nincsenek azért mégis nyitva? De nem is kell ezeket végigjárnom. Megtalálom az utcán, a padokon is, amit keresek.

V. Kristóf, alighogy felöltözött, átlépett La Poule asszonyon, aki görcsökben fetrengett a földön, lerohant a lépcsőn, és átszaladt a kerten. Quatrefeuilles és Saint-Sylvain elképedve, távolról, csöndben követték.

 
10
Boldogság-e, ha semmit sem érez többé az ember?

Amint kiért a vén szilfák árnyékolta országútra, amely a királyi parkot szegélyezte, észrevett egy csodás szépségű fiatalembert, aki egy fához támaszkodva, vidám arckifejezéssel nézte a tiszta égre ragyogó és rejtelmes jegyeiket rajzoló csillagokat. A szellő meglobogtatta fürtös haját, tekintetében az égi ragyogások visszfénye csillogott.

"Megtaláltam!" - gondolta a király.

Odalépett a nevető, gyönyörű ifjúhoz, aki egy kissé megrezzent a láttára.

- Sajnálom - szólt az uralkodó -, hogy meg kell zavarnom az ábrándozását. De rám nézve életbevágó fontosságú kérdést kell önhöz intéznem. Ne tagadja meg a választ egy olyan embertől, aki talán szintén lekötelezi önt, és nem lesz háládatlan. Uram, boldog ön?

- Az vagyok.

- Semmi híja a boldogságának?

- Semmi. Persze nem volt ez mindig így. Mint minden ember, én is éreztem az élet keserűségét, és talán erősebben éreztem, mint az emberek legnagyobb része. Nem származott különleges helyzetemből, sem véletlen körülményekből, hanem olyan alap-okból, amely minden emberrel, minden élőlénnyel közös; nagyon sok kínos érzést ismertem meg; de most már ez egészen eloszlott. Tökéletes nyugalmat, édes vidámságot élvezek; minden megelégedettséggé, derűvé, mélységes elégtételnyeréssé vált bennem; valami könnyed öröm hat át egészen. Életem legszebb pillanatában lát, uram, és ha már a sors összehozott bennünket, legyen tanúja boldogságomnak. Szabad vagyok végre, ment minden félelemtől, rettegéstől, mely megszállja az embereket, minden becsvágytól, mely emészti, és minden kába reménytől, mely megcsalja őket. Fölötte állok a szerencsének: kimenekülök az emberek két legyőzhetetlen ellenségének, az időnek és a térnek hatalmából. Kihívhatom a végzetet. Föltétlen boldogság az enyém, és összevegyülök az istenséggel. És ez a boldog állapot az én művem; egy elhatározásom eredménye, mely olyan bölcs, olyan jó, olyan szép, olyan erényes, olyan célravezető, hogy aki végrehajtja, istenné teszi magát.

- ...Örömben úszom, fenséges mámor fog el. Tökéletes öntudattal és jelentésének magasztos teljességében ejtem ki minden mámornak, lelkesedésnek, minden elragadtatásnak bűvös szavát: "Nem ismerem többé magamat!"

Elővette az óráját.

- Itt az idő. Isten önnel!

- Még egy szót, uram. Ön megmenthet engem. Én...

- Csak az van megmentve, aki az én példámat követi. Hagyjon el. Isten önnel!

Azzal az ismeretlen bátor, fiatalos léptekkel beszaladt az utat szegélyező erdőbe. Kristóf nem akarta megérteni, és követte: abban a pillanatban, amikor beért a bozótba, lövést hallott, szétválasztotta az ágakat, és meglátta a boldog ifjút a fűben fekve: halántékát golyó járta át, és a revolverét még jobb kezében tartotta.

A király e látványra ájultan esett össze. Quatrefeuilles és Saint-Sylvain odaszaladtak, magához térítették, és a palotába vitték. Kristóf tudakozódott az ifjú után, aki szeme előtt találta meg ezt a kétségbeesett boldogságot. Megtudta, hogy nemes, gazdag család leszármazottja volt, éppen olyan okos, mint szép, s állandó kegyeltje a sorsnak.

 
11
Sigismond Dux

Quatrefeuilles és Sain-Sylvain másnap, a gyógyító erejű ing keresése közben gyalog ment végig a Constitution utcán, és találkozott Cécile grófnővel, aki egy kottásboltból jött ki. Elkísérték a kocsijához.

- Quatrefeuilles úr, nem láttuk tegnap Quilleboeuf professzor klinikáján; önt sem, Saint-Sylvain úr. Sajnálhatják, hogy nem jöttek el; nagyon érdekes volt. Quilleboeuf professzor meghívta az egész előkelő világot, csupa válogatott embert az ötórai operációjára, egy bájos petefészek-kiirtásra. Volt virág, toalett, zene; fagyaltot szolgáltak fel. A professzor bámulatosan elegáns és kecses volt. Mozgófénykép-felvételeket is csináltatott.

Quatrefeuilles-t nem lepte meg túlságosan ez a leírás. Tudta, hogy Quilleboeuf professzor fényűzés és mulatság közepette operál; el is kérte volna az ingét, ha pár nappal azelőtt nem látja vigasztalhatatlannak a hírneves sebészt, mert nem operálhatta meg a nap két legnagyobb nevezetességét: a német császárt, aki Hilmacher professzorral vágatott ki egy kelést, s Folies Bergère törpe nőjét, aki száz szöget nyelt el, de nem akarta, hogy felvágják a gyomrát, és ricinusolajat vett be.

Saint-Sylvain, megállapodva a kottásbolt kirakata előtt, Sigismond Dux mellszobrát nézegette, és hangosan felkiáltott:

- Megvan, akit keresünk. Ez a boldog ember!

A rendkívül hű mellszobor szabályos, nemes vonásokat mutatott, egyikét ama harmonikus és telt arcoknak, amelyek egy földgömbhöz hasonlítanak. Noha erősen kopasz és öreg volt már, a nagy zeneszerző bájosnak és fenségesnek látszott a szobron. Homloka úgy domborodott, mint egy templom kupolája, de kissé vastag orra valami érzéki és világias erőteljességgel helyezkedett el alatta; nyírott szakálla nem rejtette el húsos ajkát, szerelemre és borra sóvárgó száját. És ez hű képe volt annak a lángelmének, aki a legjámborabb oratóriumokat s a legszenvedélyesebb és legérzékibb drámai zenét komponálta.

- Hogy nem gondoltunk - folytatta Saint-Sylvain - Sigismond Duxra? Ő olyan tökéletes, óriási dicsőséget élvez, ügyesen kihasználja ennek minden előnyét, s éppen elég bolond, hogy megkímélje magát az előkelő helyzet kényszerűségeitől és unalmától; a legspirituálisabb és legérzékibb lángelme, boldog, mint egy isten, nyugodt, mint egy állat; aki megszámlálhatatlan szerelmeiben a legkényesebb finomkodással a legdurvább cinizmust párosítja össze!

- Gazdag temperamentum - mondta Quatrefeuilles. - Az inge csak jót tehet őfelségének. Menjünk, szerezzük meg.

Nagy, kongó hallba vezették őket; olyan volt, mint egy zenés mulatóhely terme. Három lépcsőfoknyi magasságban orgona takarta el számtalan sípjával a fal egyik oldalát. Sigismond Dux dózse-sipkában, brokát dalmatikában dallamokat rögtönzött, és ujjai alatt lélekzavaró, szívmegolvasztó hangok keletkeztek. A bíborral bevont három lépcsőfokon egy sereg heverő asszony vonaglott lábainál, szépségesek, bájosak, magasak, törékenyek és kígyószerűek, vagy gömbölyű és keménytestűek - mind egyformán szépek, vágytól és szerelemtől lángolva. Az egész hallban fiatal amerikai leányok, zsidó bankárok, diplomaták, táncosnők, énekesnők, katolikus, anglikán és buddhista papok, szerecsen uralkodók, zongorahangolók, riporterek, lírai költők, impresszáriók, fényképészek, asszonynak öltözött férfiak és férfinak öltözött asszonyok reszkető serege összeborulva, összezavarva, összekeverve, egyetlen imádó tömeget alkotott, s efölött az oszlopokra mászva, a kandelábereken ülve, a csillárokra akaszkodva fiatal és élénk hódolók nyüzsögtek. Az óriási sokadalom mámorban úszott, és mindezt úgy hívták, hogy meghitt matiné.

Az orgona elhallgatott. Valóságos asszonyáradat borította el a mestert, aki egy-egy pillanatban félig bukkant ki belőle ragyogó csillag gyanánt, aztán megint elmerült benne. Kedves, hízelkedő, érzéki, sima volt. Szeretetre méltó, nem hiúbb a kelleténél, nagy, mint a Mont-Blanc, és bájos, mint egy amorett; ha mosolygott, szürke szakálla mögül gyerekfogak villantak elő; mindenkinek könnyű és elbűvölő dolgokat mondott, amiket meg sem lehetett jegyezni, annyira finomak voltak, és így a bájuk tökéletes épségben maradt, rejtelmes voltuktól megszépítve. Éppen olyan kedves és jó volt a férfiakhoz is; Saint-Sylvaint meglátva, háromszor megcsókolta, és biztosította, hogy szívből szereti; a király titkára nem is vesztegette idejét: egy pillanatnyi bizalmas beszélgetést kért a király megbízásából, és megmagyarázva neki, hogy milyen fontos küldetésben jár, így szólt hozzá:

- Mester, adja ide nekem az in...

Megakadt, észrevevén, hogy Sigismond Dux vonásai hirtelen eltorzultak. Egy verkli a Nárcisz-polkát játszotta az utcán. És a nagy ember már az első ütemek hallatára elsápadt. Ezt a Nárcisz-polkát, az év divatos dallamát, egy Bouquin nevű ismeretlen, rongyos kocsmai hegedűs szerezte. És a negyven esztendő dicsőségével és szerelmével koszorúzott mester nem tudta elviselni, hogy a népszerűség egy sugara Bouquinre is tévedjen; tűrhetetlen sérelemnek érezte ezt. Az Úristen maga is féltékeny, és szomorkodik az emberek hálátlanságán. Sigismond Dux belebetegedett, valahányszor a Nárcisz-polkát hallotta. Hirtelen otthagyta Saint-Sylvaint, tömjénezői tömegét, az ájuldozó asszonyok nagyszerű nyáját, és öltöző szobájába rohant, epét hányni.

- Szánandó ember - sóhajtott Saint-Sylvain.

És Quatrefeuilles-t magával húzva, elhagyta a szerencsétlen zeneszerző házát.

 
12
Erény- e a bűn?

Tizennégy hónapon át reggeltől estig és estétől reggelig tűvé tették a várost és környékét, megfigyelve, vizsgálgatva, kérdezgetve - mindhiába. A király, akinek ereje napról napra fogyott, akinek most már volt fogalma az efféle kutatás nehézségéről, megbízta belügyminiszterét, hogy szervezzen rendkívüli bizottságot, Quatrefeuilles, Saint-Sylvain és Froidefond vezetése alatt, amelynek feladata lesz - teljhatalommal felruházva - titkos kutatást indítani a királyság boldog emberei után. A rendőrfőnök, engedve a miniszter felszólításának, legügyesebb titkosrendőreit bocsátotta a bizottság rendelkezésére, és a fővárosban hamarosan akkora buzgalommal és hévvel kutatták a boldog embereket, mint más országokban a gonosztevőket és anarchistákat. Ha egy polgárnak szerencsés híre volt, tüstént följelentették, kikémlelték, körülhálózták. Két rendőr állandóan a boldogsággal gyanúsított egyének ablaka alatt kopogott nagy, szöges cipőjével. Ha egy nagyvilági ember páholyt bérelt az operában, rögtön ügyelni kezdtek rá. Ha egy istállótulajdonos lova nyert a versenyen, rendőri felügyelet alá került. Minden találkahelyen egy, a portás szobájában elhelyezett tisztviselő vezetett jegyzéket az érkezőkről. És a rendőrfőnök ama megfigyelése alapján, hogy az erény boldogít, hasonlóképpen följelentették és gondos vizsgálat alá vetették a jótékony embereket, az emberbaráti intézmények alapítóit, a nagylelkű mecénásokat, az elhanyagolt és hű feleségeket, az önfeláldozó, hőslelkű, vértanúságot szenvedő polgárokat.

Ez a felügyelet ránehezedett az egész városra; de az okát nem is sejtette senki. Quatrefeuilles és Saint-Sylvain senkivel sem közölte, hogy boldogsággal telített inget keresnek; amint mondottuk már, attól való féltükben, nehogy becsvágyó vagy kapzsi emberek, tökéletes boldogságot tettetve, szerencséthozó ing gyanánt egy nyomorúsággal, bánattal, gonddal átitatott alsóruhát szolgáltassanak át a királynak. A rendőrség kivételes rendszabályai nyugtalanná tették a magasabb köröket, és bizonyos erjedést figyeltek meg a városban. Sok nagy tiszteletnek örvendő hölgy kompromittálódott, és botrányok törtek ki.

A bizottság minden délelőtt a királyi könyvtárban ülésezett, Quatrefeuilles elnöklete alatt, Trou és Boncassis rendkívüli államtanácsosok részvételével. Minden ülésen átlag ezerötszáz iratcsomót vizsgáltak át. Négy havi ülésezés után még nem bukkantak boldog emberek nyomára.

Mikor Quatrefeuilles, az elnök, panaszkodott emiatt, Boncassis így kiáltott fel:

- Sajnos, a bűnök szenvedéssel járnak, márpedig minden embernek vannak bűnei.

- Nekem nincsenek - sóhajtott Chaudesaigues - és ezért vagyok kétségbeesve. Bűn nélkül az élet nem egyéb, mint unalom, levertség, szomorúság. A bűn az egyetlen szórakozás, amelyet élvezni lehet ezen a világon: a bűn az élet szíve, a lélek sava, a szellem szikrája. Sőt a bűn az egyetlen eredetisége, egyetlen teremtőképessége az embernek; kísérlet a természetnek a természet ellen való berendezésére, az emberi uralom trónraültetésére az állati uralom helyett; emberi teremtésre az ismeretlen eredetű teremtéssel szemben; tudatos világra az általános öntudatlanság közepette; a bűn az egyetlen igazi birtoka az embernek; valóságos apai öröke, valódi erénye a szó tulajdonképpeni értelmében, mert az erény a férfi tette (virtus, vir[27]).

...Megkíséreltem, hogy felébresszem magamban: nem voltam rá képes: tehetség kell és megfelelő természet. A magunkra erőszakolt bűn nem bűn.

- Ej - kérdezte Quatrefeuilles - mit nevez ön bűnnek?

- Bűnnek nevezem az állandó hajlamot az iránt, amit a tömeg rendellenesnek és rossznak tekint; vagyis az egyéni erkölcstant, egyéni erőt, egyéni erényt, a szépséget, a hatalmat, a lángelmét.

- Akkor jól van! - mondta Trou tanácsos. - Fő, hogy megértsük egymást.

De Saint-Sylvain hevesen támadta a könyvtáros vélekedését.

- Ne beszéljünk bűnökről, amikor önben nincsenek - mondta -, ön nem tudja, mi az. Bennem van: van többféle is, és biztosíthatom, hogy kevesebb kielégülést, mint kellemetlenséget szerzek velük. Semmi sem olyan kínos a világon, mint egy bűnös hajlam. Az ember kínlódik, kesereg, kimeríti az erejét, hogy kielégítse - és ha kielégítette, végtelen undort érez.

- Nem beszélne így, uram - felelte Chaudesaigues -, ha szép bűnei volnának, nemes, büszke, hatalmas, emelkedett, igazán erényes bűnei. Ön, uram, nem komoly ócsárlója az isteneknek!

Saint-Sylvain eleinte megsértődött e szavakra, de a könyvtáros megmagyarázta neki, hogy ezekben semmi sértés nincs. Saint-Sylvain szívesen elhitte, és nyugodtan, szilárdan mondta ki ezt a gondolatát:

- Sajnos, az erény éppen úgy, mint a bűn, s a bűn éppen úgy, mint az erény, csak erőlködés, kényszer, küzdelem, gond, munka, kimerülés. És ezért vagyunk mi boldogtalanok.

De Quatrefeuilles, az elnök, panaszkodott, hogy szétszakad a feje.

- Uraim - mondta -, ne okoskodjunk! Nem arra vagyunk teremtve.

És bezárta az ülést.

Ebből a boldogságügyi bizottságból is az lett, ami minden parlamenti és parlamenten kívüli bizottságból, minden időben és minden országban: semmire sem ment, és öt esztendei ülésezés után feloszlott anélkül, hogy bármi hasznos eredménnyel dicsekedhetett volna.

A király nem lett jobban. A neuraszténia Proteuszként változó formákban gyötörte. Arról panaszkodott, hogy minden szerve vándorútra kelt, és érzi, hogy szüntelenül mozognak a testében, szokatlan helyekre kerülnek el: a veséje a nyeldeklőjébe, a szíve a lábikrájába, a belei az orrába, a mája a torkába, az agyveleje a gyomrába.

- Nem képzelik - tette hozzá -, milyen kínos érzések ezek, és milyen zavart okoznak az ember gondolataiban.

- Felség - felelte Quatrefeuilles -, azt annál inkább fel tudom fogni, mert fiatal koromban gyakran megtörtént velem, hogy a gyomrom a fejembe szállt, s elképzelhető, hogy ez milyen fordulatot adott gondolataimnak. Matematikai tanulmányaim nagyon megsínylették a dolgot.

Minél rosszabbul érezte magát Kristóf, annál hevesebben követelte a gyógyító inget.

 

13
Miton plébános

- Újra azt kezdem hinni - mondta Saint-Sylvain Quatrefeuilles-nek -, hogy csak azért nem találtuk meg, mert rosszul kerestük. Határozottan hiszek az erényben, és hiszek a boldogságban. Ezek elválaszthatatlanok. Mindkettő ritka. Mindkettő elrejtőzik; rájuk bukkanunk majd messze vidékek alacsony kunyhóiban. Ha hiszel szavamnak, leginkább a hegyes, kopár vidéken, a mi Szavojánkban, a mi Tirolunkban keressük.

Két hét múlva átfutottak már hatvan hegyi falut, de boldog emberrel nem találkoztak. A városokat sorvasztó nyomorúságok minden fajtáját megtalálták ezekben a kunyhókban, ahol az emberek durvasága és tudatlansága még kegyetlenebbé tette a nyomorúságot. Itt az éhség és a szerelem, a természetnek e két ostora, erősebb és szaporább csapásokat mért a halandókra. Láttak fösvény gazdákat, féltékeny férjeket, hazug asszonyokat, méregkeverő szolgálókat, gyilkos béreslegényeket, vérfertőző apákat, gyermekeket, akik nagyapjuk fejére borították a sütőteknőt, mikor a kemence zugában szunyókált. Ezek a parasztok csak a részegségben találtak gyönyörűséget; még az örömük is durva volt, a játékaik kegyetlenek. Ünnepeik véres verekedésekkel végződtek.

Amikor egyre jobban megfigyelték őket, Quatrefeuilles és Saint-Sylvain elismerték, hogy ezeknek az embereknek az erkölcsei nem lehetnek sem jobbak, sem tisztábbak; a fukar föld őket is fukarrá teszi; a durva élet őket is eldurvítja mások és saját bajaikkal szemben; és hogyha féltékenyek, kapzsiak, csalók, hazugok és folyvást egymás becsapásán törik az eszüket - ez csak természetes következménye szűkölködésüknek és nyomorúságuknak.

- Hogyan hihettem egy percig is - tűnődött Saint-Sylvain -, hogy a boldogság a kunyhóban lakik? Ez csak a klasszikus nevelés hatása lehetett. Vergilius Georgicon című mezőgazdasági költeményében azt mondja, hogy a földmívelők boldogok volnának, ha ismernék a boldogságukat. Szóval bevallja, hogy nincs tudomásuk róla. És valójában Augustusnak, a császárság kitűnő szervezőjének parancsára írta ezt, aki félt, hogy Róma kifogy a kenyérből, és be akarta népesíteni a vidéket. Vergilius éppen olyan jól tudta, mint mindenki, hogy a paraszt élete kínszenvedés. Hésziodosz borzalmas képet fest róla.

- Az az egy bizonyos - mondta Quatrefeuilles -, hogy a legényeknek és leányoknak minden vidéken egyetlen vágya: a városba szegődni. A partvidéken a lányok arról álmodoznak, hogy a szardíniagyárakba jussanak. Széntermelő helyen a fiatal parasztok egyébre sem gondolnak, mint hogy leszálljanak a bányába.

Az egész hegységben egy ember őrizte meg gyermeki mosolyát a gondterhes homlokok és keserű arcok között. Nem tudta művelni a földet, az állatok őrzésére is alkalmatlan volt; nem tudott semmit abból, amit a többi ember tud; értelmetlenül beszélt összevissza, és egész nap egy kis dallamot énekelt, amelyet sohasem fejezett be. Mindentől el volt ragadtatva. Mindenhol istenien érezte magát. Ruhája furcsán összeválogatott ezerszínű rongyokból állott. A gyerekek csúfolódva követték; de mert azt tartották róla, hogy szerencsét hoz, nem bántotta senki, és megadták neki azt a keveset, amire szüksége volt. Hurtepoix volt ez, a bamba. A küszöbön evett a kiskutyákkal, és szénapadláson hált.

Saint-Sylvain megfigyelte, hogy boldog; gyanította, hogy aligha ok nélkül tartják a környéken szerencsét hozónak - tehát hosszas gondolkozás után megkereste, hogy elvegye tőle az ingét. Leborulva, könnyekben ázva találta a templom előcsarnokában.

Hurtepoix éppen akkor tudta meg Jézus Krisztus halálát, akit az emberek üdvösségéért keresztre feszítettek.

Leértek egy faluba, ahol a bíró kocsmáros volt. A király két tisztje asztalukhoz ültette a gazdát: itallal kínálták, és tudakozódtak nála, nem ismer-e véletlenül egy boldog embert.

- Urak - felelte a kocsmáros -, menjenek el abba a faluba, amelynek fehér házait ott a völgy másik felén látják, a hegy oldalára kapaszkodva, és látogassák meg Miton plébánost; nagyon szívesen fogadja önöket: majd az ő házában boldog embert találnak, aki meg is érdemli a boldogságot. Két óra alatt megtehetik az utat.

A bíró felajánlotta nekik a lovait. Ebéd után elindultak.

Az első kanyarodónál egy jobbfajta lovon ülő fiatalember csatlakozott hozzájuk, akinek ugyanarra vitt az útja.

Nyílt, vidám, egészséges arca volt. Beszélgetésbe eredtek vele.

Megtudván tőlük, hogy Miton plébánoshoz igyekeznek, így szólt:

- Mondják meg neki, hogy köszöntetem. Én egy kicsit följebb megyek, Sizaraie-be; ott lakom, szép legelők között. Sietek, hogy mentül előbb hazaérjek.

Elmondotta, hogy felesége a legszeretnivalóbb, legjobb asszony a világon, hogy két ragyogó szépségű gyermekkel ajándékozta meg, egy fiúval meg egy leánnyal.

- A városból jövök - tette hozzá vidám hangon - és szép ruhának valót hozok, szabásmintákkal és divatképekkel, amiken látni lehet, hogyan fest a kész ruha. Alice (ez a neve a feleségemnek) nem is sejti, milyen ajándékot szántam neki. Jól becsomagolva adom majd oda; öröm lesz nézni, hogy igyekszik türelmetlen ujjaival kibontani a zsineget. Örülni fog, el lesz ragadtatva; tiszta fényben ragyogó szemét rám emeli, és megcsókol. Boldogok vagyunk, Alice meg én! Négy éve, hogy összeházasodtunk, és napról napra jobban szeretjük egymást. Nekünk vannak a legdúsabb rétjeink az egész vidéken. Béreseink is boldogok; jól aratnak és jól táncolnak. Jöjjenek el hozzánk valamelyik vasárnap az urak; isznak majd a mi fehér borocskánkból, és látják táncolni a vidék legcsinosabb lányait és legderekabb legényeit, akik fölkapják a táncosnőjüket, és úgy röpítik, mint a pihét. A házunk félórányira van innét. Jobbra kell fordulni ott a két szikla közt, amiket ötven lépésnyire látnak maguk előtt - Zergelábnak hívják őket -, aztán átmegy az ember a hegyipatak fölé emelt hídon, és keresztülvág azon a kis fenyőerdőn, amely megvéd bennünket az északi széltől. Félóra sem telik bele, viszontlátom az én kis családomat, és nagyon boldogok leszünk mind a négyen.

- El kell kérni az ingét - szólt Quatrefeuilles halkan Saint-Sylvainhez. - Azt hiszem, ér annyit, mint Miton plébánosé.

- Azt hiszem én is - felelte Saint-Sylvain.

Abban a pillanatban, amikor ezeket a szavakat váltották, lovas ember bukkant ki a Zergelábak közül, s komoran hallgatva állt meg az utasok előtt.

A fiatal gazda felismerte benne egyik majorosát.

- Mi történt, Ulric? - kérdezte.

Ulric nem felelt.

- Baj van? Beszélj már!

- Gazduram, a felesége türelmetlenségében, hogy mentül előbb lássa, elébe akart menni. A fahíd leszakadt, és a két gyermekkel együtt a patakba fulladt.

Elhagyva a fájdalmában őrjöngő fiatal hegylakót, Miton plébánoshoz tértek be. A parókiának abban a szobájában fogadta őket, amely vendégszobául és könyvtárul szolgált neki; vagy ezer könyv állott sorban a fenyőfa-polcokon; a fehérre meszelt falakon pedig Claude Lorrain és Poussin tájképeiről készült régi metszetek.

Mindez olyan kultúrára és szellemi légkörre vallott, amilyent ritkán talál az ember egy falusi plébánián. Miton plébános középkorú férfiú volt; arca értelmességet és jóságot árult el.

Látogatói előtt, akik úgy tettek, mintha le akarnának telepedni a vidéken, dicsérte a völgy éghajlatát, termékenységét, szépségét. Fehér kenyérrel, gyümölccsel, sajttal és tejjel kínálta meg őket. Aztán kivezette konyhakertjébe, amelynek frissesége, tisztasága elbájoló volt; a ház napos falán a gyümölcsfák nyesett koronái egymástól egyforma távolságban, szabályos sorban, rendben állottak.

- Sohasem unatkozik, plébános úr? - kérdezte Quatrefeuilles.

- Rövidnek találom az időt, a könyvtáram és a kertem között megosztva - felelte a pap. - Akármilyen nyugodt és békés is az életem, mégis tevékeny és munkás élet az. Végzem az istentiszteletet, meglátogatom a betegeket és szűkölködőket, gyóntatom a híveimet, férfiakat és nőket egyaránt. Szegény teremtések, nem sok bűnt gyónhatnak meg; panaszkodhatom-e ezért? De hosszan mondják el. Arra is kell szánnom egy kis időt, hogy a szentbeszédre és a hitoktatásra felkészüljek: a hitoktatás különösen nagy gondot ad, pedig már húsz éve tanítok. Nagyon komoly dolog gyermekeknek beszélni: mindent elhisznek, amit mond nekik az ember. Van szórakozni való időm is. Sétálok; a sétáim mindig egyformák, és mégis végtelenül változatosak. A táj képe változik évszakonként, naponként, óránként, percenként; mindig más, mindig új. Kellemesen töltöm a hosszú téli estéket régi barátaimmal, a patikussal, az adószedővel és a bíróval. Zenélünk is. Marine, a gazdasszonyom, kitűnően tud gesztenyét sütni; azzal lakmározunk. Mi lehet jobbízű a világon, mint a sült gesztenye egy pohár fehér borral?

- Főtisztelendő úr - szólt Quatrefeuilles a derék plébánoshoz -, mi a király szolgálatában járunk. Azért jöttünk, hogy egy olyan nyilatkozatot kérjünk öntől, amelynek nagy következményei lesznek az országra és az egész világra nézve. Az uralkodó egészségéről és talán az életéről van szó. Ezért kérjük, bocsássa meg kérdésünket, akármilyen különösnek és tolakodónak találja is, és feleljen rá minden tartózkodás nélkül. Főtisztelendő uram, boldog ön?

Miton plébános megfogta Quatrefeuilles kezét, megszorította és alig hallhatóan ezt felelte:

- Egész életem kínszenvedés. Örökös hazugságban élek. Hitetlen vagyok.

És két könnycsepp gördült le a szeméből.

 
14. és utolsó fejezet
Egy boldog ember

Quatrefeuilles és Saint-Sylvain, amikor már egy álló esztendeje rótták az országot, elmentek a fontblande-i kastélyba, ahová a király átvitette magát, hogy élvezze az erdők üdeségét. Olyan leromlott állapotban találták, hogy az egész udvar kétségbeesett miatta.

A vendégek nem laktak a fontblande-i kastélyban, amely alig volt több egy vadászlaknál. A kabinetiroda titkára és az első főistállómester a faluban fogadtak szállást, és mindennap elmentek az erdőn át az uralkodóhoz. Útközben gyakran találkoztak egy kis emberrel, aki az erdő egyik hatalmas platánjának odvában lakott. Mousque-nak hívták, és nem volt valami szép, lapos arcával, kiugró pofacsontjával és kereklikú, széles orrával. De négyszögletes fogai, amelyeket vörös ajka gyakori nevetése közben mutogatott, némi fényt és kellemességet adtak vad ábrázatának. Hogyan jutott a nagy, odvas platánhoz, senki sem tudta; de nagyon rendes kis szobát csinált benne magának, és fölszerelte mindennel, amire szüksége volt. Igaz, hogy nem sok kellett neki. Az erdőből és tóból élt, és nagyon jól megélt. Megbocsátották neki rendkívüli életmódját, mert tett egy és más szolgálatot, és tudta kedvét keresni az embereknek. Mikor a kastély hölgyei az erdőben kocsikáztak, maga-fonta fűzfakosarakban kínálta nekik a lépesmézet, az erdei szamócát, vagy a madárcseresznyefa keserű és cukrozott gyümölcsét. Mindig kész volt, hogy vállával taszítson egyet a megrekedt járműveken, és segített a szénát behordani, ha eső fenyegetett. Megerőltetés nélkül többet végzett akárki másnál. Ereje és mozgékonysága rendkívüli volt. Kezével eltörte egy farkas állkapcsát, futtában elfogta a nyulat, és úgy mászott a fára, mint a macska. A gyerekek mulattatására nádsípokat, kis szélmalmokat és Héron-kutakat csinált.

Quatrefeuilles és Saint-Sylvain gyakran hallották a faluban: "Boldog, mint Mousque." Ez a közmondás szöget ütött a fejükbe, s egy napon, elmenve a nagy odvas platán alatt, meglátták Mousque-ot, aki egy mopszlival játszott, és éppen olyan elégedettnek látszott, mint a kutya.

Elhatározták, hogy megkérdezik tőle, boldog-e?

Mousque nem tudott felelni, mert sohasem gondolkozott boldogságról. Megmagyarázták neki nagyjából, egyszerűen, hogy mi az. És ő egy pillanatnyi gondolkozás után azt felelte, hogy az megvan neki.

Erre a válaszra Saint-Sylvain mohón kiáltott fel:

- Mousque, megszerzünk neked mindent, amit kívánhatsz, aranyat, palotát, új bocskort, amit csak akarsz; add ide nekünk az ingedet.

Mousque jámbor arca nem fejezett ki sajnálkozást és csalódást, mert ilyesmit képtelen volt érezni, mindössze nagy meglepetést. Tudtukra adta, hogy nem adhatja oda, amit kérnek tőle. Nincs inge.

 
23. Akinek betegek az idegei, annak árt Venus (latin).
24. Az elegancia mestere (latin).
25. Augurium, Avigurium: madárjóslás.
26. A győzelem Caesart és Napóleont koronázta meg, a náluk is nagyobb Volmar megkoronázza a Győzelmet (latin).
27. Virtus: latinul erény; vir: férfi.
 



FeltöltőP. T.
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