This website is using cookies

We use cookies to ensure that we give you the best experience on our website. If you continue without changing your settings, we'll assume that you are happy to receive all cookies on this website. 

Vaculík, Ludvík: Dva tisíce slov

Portre of Vaculík, Ludvík

Dva tisíce slov (Czech)

Nejdřív ohrozila život našeho národa válka. Pak přišly další špatné časy s událostmi, které ohrozily jeho duševní zdraví a charakter. S nadějemi přijala většina národa program socialismu. Jeho řízení se však dostalo do rukou nepravým lidem. Nevadilo by tolik, že neměli dost státnických zkušeností, věcných znalostí a filosofického vzdělání, kdyby aspoň měli víc obyčejné moudrosti a slušnosti, aby uměli vyslechnout mínění druhých a připustili své postupné vystřídání schopnějšími.

Komunistická strana, která měla po válce velikou důvěru lidí, postupně ji vyměňovala za úřady, až je dostala všechny a nic jiného neměla. Musíme to tak říci a vědí to i komunisté mezi námi, jejichž zklamání nad výsledky je tak veliké jako zklamání ostatních. Chybná linie vedení změnila stranu z politické strany a ideového svazku v mocenskou organizaci, jež nabyla velké přitažlivosti pro vládychtivé sobce, vyčítavé zbabělce a lidi se špatným svědomím. Jejich příliv zapůsobil na povahu i chování strany, která nebyla uvnitř zařízena tak, aby v ní bez ostudných příhod mohli nabývat vlivu pořádní lidé, kteří by ji plynule proměňovali, tak aby se stále hodila do moderního světa. Mnozí komunisté proti tomuto úpadku bojovali, ale nepodařilo se jim zabránit ničemu z toho, co se stalo.

Poměry v komunistické straně byly modelem i příčinou stejných poměrů ve státě. Její spojení se státem vedlo k tomu, že ztratila výhodu odstupu od výkonné moci. Činnost státu a hospodářských organizací neměla kritiku. Parlament se odnaučil rokovat, vláda vládnout a ředitelé řídit. Volby neměly význam, zákony ztratily váhu. Nemohli jsme důvěřovat svým zástupcům v žádném výboru, a když jsme mohli, nedalo se po nich zas nic chtít, protože nemohli ničeho dosáhnout. Ještě horší však bylo, že jsme už téměř nemohli důvěřovat ani jeden druhému. Osobní i kolektivní čest upadla. S poctivostí se nikam nedošlo a o nějakém oceňování podle schopností darmo mluvit. Proto většina lidí ztratila zájem o obecné věci a starala se jen o sebe a o peníze, přičemž ke špatnosti poměrů patří i to, že ani na ty jejich peníze není dnes spolehnutí. Pokazily se vztahy mezi lidmi, ztratila se radost z práce, zkrátka přišly na národ časy, které ohrozily jeho duševní zdraví a charakter.
Za dnešní stav odpovídáme všichni, více však komunisté mezi námi, ale hlavní odpovědnost mají ti, kdo byli součástí či nástrojem nekontrolované moci. Byla to moc umíněné skupiny rozprostřená pomocí stranického aparátu z Prahy do každého okresu a obce. Tento aparát rozhodovat, co kdo smí a nesmí dělat, on řídit družstevníkům družstva, dělníkům závody a občanům národní výbory. Žádná organizace nepatřila ve skutečnosti svým členům, ani komunistická. Hlavní vinou a největším klamem těchto vládců je, že svou zvůli vydávali za vůli dělnictva. Kdybychom tomu klamu chtěli věřit, museli bychom dnes dávat za vinu dělníkům úpadek našeho hospodářství, zločiny na nevinných lidech, zavedení cenzury, která zabránila, aby se o tom všem psalo, dělníci by byli vinni chybnými investicemi, ztrátami obchodu, nedostatkem bytů. Nikdo rozumný samozřejmě v takovou vinu dělnictva neuvěří. Všichni víme, zejména to ví každý dělník, že dělnictvo prakticky nerozhodovalo v ničem. Dělnické funkcionáře dával odhlasovat někdo jiný. Zatímco se mnozí dělníci domnívali, že vládnou, vládla jejich jménem zvlášť vychovávaná vrstva funkcionářů stranického a státního aparátu. Ti fakticky zaujali místo svržené třídy a sami se stali novou vrchností. Spravedlivě však řekněme, že někteří z nich si tuto špatnou hru dějin dávno uvědomili. Poznáme je dnes podle toho, že odčiňují křivdy, napravují chyby, vracejí rozhodování členstvu a občanstvu, omezují pravomoc i početní stav úřednického aparátu. Jsou s námi proti zaostalým názorům v členstvu strany. Ale velká část funkcionářstva se brání změnám a má dosud váhu! Má pořád ještě v ruce mocenské prostředky, zvláště na okresech a v obcích, kde jich může užívat skrytě a nežalovatelně.

 



Publisherhttp://czlit.cz

Deux mille mots (French)

La vie de notre peuple a d'abord été menacée par la guerre. C'est encore une sombre période qui est venue ensuite, menaçant cette fois sa santé morale et son caractère. La majorité de la population a accueilli avec enthousiasme le programme socialiste. Mais son administration n'a pas été confiée aux bonnes personnes. Le fait qu'aucun des responsables ne dispose d'une expérience assez grande des fonctions étatiques, de connaissances générales ou d'une culture philosophique suffisante n'aurait peut-être pas été si grave s'ils avaient au moins eu un peu plus de bon sens, ainsi que la politesse de prendre en compte les opinions des autres et de laisser progressivement les rennes à des personnes plus compétentes qu'eux.

Le parti communiste, qui jouissait après-guerre d'une grande confiance auprès de la population, l'a peu à peu échangée contre des institutions, jusqu'à les posséder toutes, et rien d'autre. Il faut dire les choses telles qu'elles sont, et les communistes parmi nous, dont la déception est aussi grande que celle des autres, le savent pertinemment. Une ligne politique erronée a fait du parti lui-même, d'un parti politique et d'une union idéologique, une puissante organisation qui attire à présent des égoïstes avides de pouvoir, des lâches prompts aux reproches, et des individus chargés de mauvaise conscience. Leur afflux a influé sur la nature aussi bien que sur la manière d'agir du parti, dont le fonctionnement interne n'a pas été conçu pour que des personnes honnêtes puissent prendre en son sein de l'influence sans certains déboires honteux, personnes qui seules pourraient le maintenir en constante évolution, de manière à ce qu'il reste adapté au monde contemporain. De nombreux communistes se sont battus contre cette déchéance, sans toutefois parvenir à l'empêcher de quelque manière.

La situation interne au parti communiste a été le modèle et la cause de l'émergence d'une situation analogue au sein de l'Etat. Les liens étroits unissant le parti à l'Etat ont causé pour le premier la perte de toute distance du pouvoir exécutif, distance qui constituait un avantage. L'activité de l'Etat et des institutions économiques ne se heurtait à aucune critique. Le parlement a perdu l'habitude de débattre, le gouvernement de gouverner et les directeurs de diriger. Les élections n'avaient plus aucun sens, les lois avaient perdu toute importance. Nous ne pouvions faire confiance à nos représentants lors d'aucun conseil, et lorsque nous le pouvions, il nous était impossible de rien attendre d'eux, car eux-mêmes étaient dans l'incapacité d'obtenir quoi que ce fût. Le pire était sans doute le fait que nous ne pouvions même plus avoir confiance les uns en les autres. L'honneur, individuel comme collectif, a disparu. La probité ne menait plus à rien, et il était vain d'attendre une quelconque rétribution du mérite. C'est la raison pour laquelle la plupart des gens ont perdu tout intérêt pour les affaires publiques, et ne se souciaient plus que d'eux-mêmes et de leur argent, bien que, du fait de la situation catastrophique que nous connaissons, il est désormais impossible de se fier à l'argent lui-même. Les rapports entre les individus se sont détériorés, le travail n'est plus pour personne source de joie, en d'autres termes, une sombre période est venue, qui menace la santé morale et le caractère de notre peuple.

Nous sommes tous responsables de cet état de choses, les communistes d'autant plus ; mais la responsabilité première revient avant tout à ceux qui ont joué un rôle dans un pouvoir incontrôlé, ou qui en ont été les instruments. Ce pouvoir était détenu par un groupe opiniâtre, réparti depuis Prague dans chaque département, chaque commune, grâce à l'appareil de l'Etat. C'est cet appareil décisionnel qui décidait ce que chacun avait le droit de faire ou de ne pas faire, et qui dirigeait les coopératives pour leurs membres, les usines pour leurs ouvriers et les comités nationaux pour les citoyens. Aucune organisation n'appartenait de fait à ses membres, même une organisation communiste. La faute et le mensonge essentiels de ces dirigeants ont été de faire passer leur arbitraire pour la volonté de la classe ouvrière. Si nous voulions croire à ce mensonge, ce sont les ouvriers qu'il nous faudrait à présent blâmer pour l'effondrement de notre économie, pour tous les crimes commis à l'encontre d'innocents, pour la pratique de la censure qui a empêché que l'on puisse évoquer librement cette situation ; ce sont les ouvriers qui seraient coupables des investissements erronés, des ratages commerciaux, de la crise du logement. Mais, bien évidemment, aucune personne censée n'ira croire que la classe ouvrière puisse être coupable de pareilles erreurs. Chacun sait, et les ouvriers mieux que personne, que la classe ouvrière n'a, en pratique, pris aucune décision. C'est quelqu'un d'autre qui faisait voter leurs représentants. Tandis que de nombreux ouvriers étaient persuadés du fait qu'ils avaient le pouvoir, c'est une couche entière de fonctionnaires du parti et de l'appareil de l'Etat, à l'éducation douteuse, qui gouvernait en leur nom. Ce sont eux qui, de fait, ont pris la place de cette classe destituée, et qui ont dès lors détenu l'autorité. Il nous faut cependant reconnaître que certains de ces fonctionnaires ont tôt pris conscience de cette ironie de l'histoire. On peut les reconnaître aujourd'hui au fait qu'ils s'efforcent de redresser les torts, de réparer les erreurs, de rendre le pouvoir décisionnel aux citoyens et de restreindre l'autorité et l'étendue des structures institutionnelles. Ils nous soutiennent dans notre lutte contre les opinions rétrograde qui ont cours au sein du parti. Mais une grande partie des fonctionnaires veut éviter tout changement, et pèse pour l'instant de tout son poids ! Elle a toujours en main les organes de pouvoir, surtout dans les départements et les communes, où elle peut les mettre à profit en secret, impunément.

 



Publisherhttp://czlit.cz/main.php?pageid=97&author_id=192&inc=&sample_id=474

minimap