Qu'il m'est doux de dormir le songe de la pierre
Le sommeil est profond qui berce les statues
Quand le siècle est infâme à fermer les paupières
Non-voir et non-sentir deviennent des vertus
Chut Ne m'éveille pas Baisse la voix veux-tu
Qui parle dans la chambre où la mort fait silence
Ce n'est pas le sculpteur immobile et rêvant
N'avais-je assez souffert de la fin de Florence
Madame et fallait-il que je vous voie avant
Michel-Ange ayant moi devant le Dieu vivant
Je suis jaloux de Lui comme des fleurs légères
Que tu mêlais parfois à tes cheveux dorés
J'ai pleuré si souvent dans la Rome étrangère
Ecole de l'exil pour l'amour séparé
Le malheur pour lequel je vais demain pleurer
Ma victoire aux yeux clos que l'éternité farde
Toi que mes bras au grand jamais n'enlaceront
J'ai frôlé ta main froide et pour toujours je garde
Le regret de n'avoir osé toucher ton front
Ô terrible désir que plus rien n'interrompt
Madame Colonna sur le lit à colonnes
Vous changez de visage à ce jour déchirant
Et la nuit des tombeaux finalement vous donne
Les traits que j'ai donnés chapelle Saint-Laurent
A cette nuit qui rêve un monde différent
Amour n'auras-tu pas pitié de mon grand âge
Amour assez longtemps ne m'as-tu point haï
Amour dans le cercueil aime-t-on davantage
Rien ne pourra calmer ce pauvre cœur vieilli
Et ni d'avoir perdu Victoire et mon pays