Damas, Léon-Gontran: On Sale (Solde in English)
Solde (French)Pour Aimé Césaire
J’ai l’impression d’être ridicule dans leurs souliers dans leur smoking dans leur plastron dans leur faux-col dans leur monocle dans leur melon
J’ai l’impression d’être ridicule avec mes orteils qui ne sont pas faits pour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabille avec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membres et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
J’ai l’impression d’être ridicule avec mon cou en cheminée d’usine avec ces maux de tête qui cessent chaque fois que je salue quelqu’un
J’ai l’impression d’être ridicule dans leurs salons dans leurs manières dans leurs courbettes dans leur multiple besoin de singeries
J’ai l’impression d’être ridicule avec tout ce qu’ils racontent jusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midi un peu d’eau chaude et des gâteaux enrhumés
J’ai l’impression d’être ridicule avec les théories qu’ils assaisonnent au goût de leurs besoins de leurs passions de leurs instincts ouverts la nuit en forme de paillasson
J’ai l’impression d’être ridicule parmi eux complice parmi eux souteneur parmi eux égorgeur les mains effroyablement rouges du sang de leur ci-vi-li-sa-tion
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On Sale (English)For Aimé Césaire
I feel ridiculous in their shoes in their tux their starched shirt their detachable collars their monocle their top hat
I feel ridiculous with my big toes not made to sweat from morning to evening undress swaddling clothes weakening my members taking the G-string beauty from my body
I feel ridiculous with my neck in a stovepipe with these headaches that stop when I greet someone
I feel ridiculous in their drawing rooms in their manners in their curtseys all their grimaces
I feel ridiculous with the stuff they tell until in the afternoon they serve you a little hot water and some cakes with colds
I feel ridiculous with the theories they spice to the taste they need their passions their instincts open nightly, like a mattress
I feel ridiculous complicitous with them a pimp with them a killer with them my hands frightful red with the blood of their ci-vi-li-za-tion
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