C'est sans bagages sans armes qu'on partira
mon steamer à seins
ô migration ô voyages
ne resteront à mes épouses
que les ripes de mon coeur
par mes amours gossés
je viendrai chez vous un soir où tu ne m'attendras pas
je serai dressé dans la porte comme une armure
haletant je soulèverai tes jupes pour te voir avec mes mains
tu pleureras comme jamais
ton coeur retontira sur la table
on passera comme des icebergs dans le vin de gadelles et de mûre
pour aller mourir à jamais paquetés
dans des affaires ketchup de coeur et de foin
quand la mort viendra entre deux brasses de coeur
à l'heure du contrôle
on trichera comme des sourds
ta dernière carte sera la reine de pique
que tu me donneras comme un baiser dans le cou
et c'est tiré par mille sparmes de sacres
que je partirai retrouver mes pères et mères
à l'éternelle chasse aux snelles
quand je capoterai
un soir d'automne ou d'ailleurs
j'aurai laissé dans ton cou à l'heure du carcan
un plein casseau de baisers blancs moutons
quand je caillerai comme du vieux lait
à gauche du poêle à bois
à l'heure où la messe à vidé la maison
allant d'venant dans ma berçante en merisier
c'est pour toi seule ma petite noire
que ma berçante criera encore
comme un coeur
quand de longtemps j'aurai rejoint mes pères et mères
à l'éternelle
chasse aux snelles
mon casseau de mouton te roulera dans le cou
comme une gamme
tous les soirs après souper
à l'heure où d'ordinaire
chez vous j'ai ressoud
comme un jaloux
chnaille chnaille que la mort me dira
une dernière fois j'aurai vu ta vie
comme un oiseau en cage mes yeux courant fous du
cygne au poêle
voyageur pressé par la fin je te ramasserai partout
à pleines poignées
et c'est tiré par mille sparmes de sacres que je partirai
trop tôt crevé trop tard venu
mais heureux comme le bleu de ma vareuse
les soirs de soleil
c'est entre les pages de mon seaman's handbook
que tu me reverras fleur noire et séchée
qu'on soupera encore ensemble
au vin de gadelle et de mûre
entre deux casseaux de baisers fins comme ton châle
les soirs de bonne veillée