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Jamme, Franck André: The Life of a Beetle (details) (Le Vie du scarabée (extraits) in English)

Portre of Jamme, Franck André

Le Vie du scarabée (extraits) (French)

Et le paon repartait se pavaner seul dans le parc.

Ou bien un geste, simple : il traçait une diagonale sur les choses. Sur toutes les choses. Celles de son esprit, celles de ses yeux, celles de ses mains. C’était curieux, tout à coup: plus de dessus, plus de dessous, plus de haut ni de bas.

«Ne l’oublie pas, ta parole est dans ton dos, toujours passée, perdue dès que prononcée, à l’instant tranchée de toi-même. Mais elle repousse, regarde, chaque fois. Une vraie queue de lézard. Il n’oubliait pas. »

Le rêve, un matin peut-être : plus ce chahut des pensées.

Il se demandait s’il existait des pendules qui relâchaient un peu le mouvement quand on les appelait par leur nom.

Même une simple inflexion de la voix pouvait tout transformer, non?

Il chantait ses listes : «L’arbre qui devine, la violence de l’illusion, la très savante machinerie des intérêts, ce qui enfermait, ce qui délivrait. »

Car ce qu’il cherchait encore, ce devait être aussi une parole indifférenciée, qui en aurait perdu son maître, son auteur—une aiguille de foin dans le foin.

Et le paon repartait se pavaner seul dans le parc, sous le regard de rien.

Le rêve, peut-être un soir : juste une sorte de grand sourire venant planer quelques secondes sur l’apaisement absolu.

Et puis la lumière, surtout. Qui s’amusait vraiment de l’air. Qui semblait, lui, constamment rire d’elle. Ce qui faisait que l’on ne pouvait jamais décider lequel des deux était le plus souple, le plus joueur. Même si la lumière, surtout.

Quand une larme roulait sur sa joue. Enfin.

L’averse, dans le jardin, avait cessé. Ils étaient encore là, imperturbables :

—Il vaudrait mieux quoi, selon toi, maintenant?

À vrai dire, j’hésite beaucoup.



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Source of the quotationhttp://www.scribd.com

The Life of a Beetle (details) (English)

And the peacock, once again, started to strut about the park, alone.

Or rather a simple gesture: he drew a diagonal line across things. Across all things. Those of his mind, of his eyes, of his hands. Strangely, all of a sudden: no more up or down, no more high or low.

‘‘Don’t forget, your speech is behind you, always past, lost upon being uttered, at the very moment it is severed from you. But look, it grows back, each time. A real lizard’s tail.’’ He didn’t forget.

Dream, one morning maybe: an end to this uproar of thoughts.

He wondered whether there were clocks which would tick a little slower when called by name.

Even a simple vocal inflection could change everything, couldn’t it?

He sang out his lists: ‘‘Guessing tree, violence of illusion, clever machinery of interests, what imprisoned, what freed.’’

For what he still sought also had to be an undi√erentiated speech, which had lost its master, its author—a needle of hay in a haystack.

And the peacock, once again, started to strut about the park, alone, unobserved.

Dream, maybe one evening: just a sort of big smile coming to hang, briefly, over the absolute appeasement.

And then, especially, the light. Which was actually making fun of the air. The air which appeared to laugh at it. Which prevented you from deciding which of the two was more supple, more playful. Even if, especially, the light.

When a tear rolled down his cheek. At last.

The downpour, in the garden, had stopped falling. They were still there, unperturbed:

—What do you think would be best now?

To be honest, I’m really not sure.



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