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Le Brun, Annie: Des rites

Portre of Le Brun, Annie

Des rites (French)

Le lieu et la formule reculent avec l’écho à la reconquête des territoires en friche. On ne cessera de les poursuivre à bride abattue dans la direction du point de fuite de ce qui nous échappe à plaisir.

Au début de chaque saison du corps, les nomades se rassemblent pour mieux se séparer.

Aucun mot n’est prononcé sur la lande frémissante tandis que les enfants jouent à saute-mouton sur leur destin. Des cordons ombilicaux sont distribués aux plus jeunes d’entre eux pour qu’ils se familiarisent avec les joies du lasso.

Les cérémonies de séparation se déroulent dans l’air raréfié de novembre. Par intermittence, on projette quelques images fugitives sur les brouillards incestueux dont les plus décisives particules restent en suspension dans l’atmosphère.

A l’aide de subtils frôlements, on soigne les blessures occasionnelles (dues à la lenteur inévitable de certains voyages), par exemple la méconnaissance temporaire de la partie sud-est de la pensée. Les pratiques magiques auxquelles on a recours en pareille circonstance ont pour résultat d’arrêter l’amoncellement des cercles concentriques tétanisés : ceux-ci se détachent progressivement les uns des autres. On assiste à un gonflement spectaculaire des distances intérieures. Et brusquement, la partie autrefois malade devient visible, palpable, sautillante, étincelante, de nouveau impatiente d’envahir.

Lentement se déploient des présences de proie. Les fouets claquent l’échine de l’air. Et la lande disparaît sous les routes qui poudroient. De jeunes ventres ont irrémédiablement brisé leurs amarres.

Nous n’arpenterons plus les champs de l’amour, nous les relierons à la mer.



Uploaded byP. T.
Source of the quotationhttp://www.scribd.com

Rituals (English)

The place and the formula recede with the echo to win back the fallow lands. We won’t stop pursuing them at a gallop, towards the vanishing point of what wants to escape.

At the beginning of each of the body’s seasons, the nomads gather so as to scatter apart.

Not a word is pronounced on the trembling land while the children play at leapfrog on their destiny. Umbilical cords are distributed to the youngest among them so they can become familiar with the joys of the lasso.

The ceremonies of separation take place in the rarefied air of November. Intermittently, a few fugitive images are projected on the incestuous fogs whose most decisive particles remain suspended in the atmosphere.

The slightest touches care for the occasional wounds (due to the inevitable slowness of some voyages), for example, for the temporary misrecognition of the southeastern part of thought. The magical practices used in such circumstances succeed in stopping the accumulation of the tetanized concentric circles: gradually, these detach from each other. There is a spectacular swelling of interior distances. And suddenly, the part that was sick becomes visible, palpable, leaping, sparkling, once again impatient to invade.

Slowly the presences of the prey spread out. Whips lash the spine of the air. And the heath disappears under the powdery roads. Young stomachs have broken forth from their cables forever.

We shall no longer stride along the fields of love, we shall link them to the sea.



Uploaded byP. T.
Source of the quotationhttp://www.scribd.com

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