Tzara, Tristan: The Horse (Le Cheval in English)

C'est vrai que je croyais en la ferveur immense de vivre. Chaque pas amplifiait en moi de vieilles mais toujours mouvantes adorations. Ce pouvait être un arbre, la nuit, c'étaient des forêts de routes, ou le ciel et sa vie tourmentée, à coup sûr le soleil.
Un jour je vis la solitude. Au faîte d'un monticule, un cheval, un seul, immobile, était planté dans un univers arrêté. Ainsi mon amour, suspendu dans le temps, ramassait en un moment sur lui-même sa mémoire pétrifiée. La vie et la mort se complétaient, toutes portes ouvertes aux prolongements possibles. Pour une fois, sans partager le sens des choses, j'ai vu. J'ai isolé ma vision, l'élargissant jusqu'à l'infinie pénétration de ses frontières. Je laissais à plus tard le soin de voir ce qu'on allait voir. Mais qui saurait affirmer que les promesses ont été tenues?

It is true that I believed in the immense privilege of living. Each step amplified in me old but always mobile ado rations. It was a tree, the night, whole forests of roads, or the sky and its troubled life, certainly the sun.
One day I saw solitude. At the top of hill, a horse, alone, immobile, was planted in an arrested universe. So my love, suspended in time, gathered to itself in one instant its petrified memory. Life and death completed each other, all doors open to possible prolongations. For once, without sharing in the meaning of things, I saw. I isolated my vision, enlarging its holders infinitely. I left for later the concern of seeing what one was to see. But who could maintain that the promises had been kept?