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Vigny, Alfred de: Moïse

Portre of Vigny, Alfred de

Moïse (French)

Le soleil prolongeait sur la cime des tentes

Ces obliques rayons, ces flammes éclatantes,

Ces larges traces d'or qu'il laisse dans les airs,

Lorsqu'en un lit de sable il se couche aux déserts.

La pourpre et l'or semblaient revêtir la campagne.

Du stérile Nébo gravissant la montagne,

Moïse, homme de Dieu, s'arrête, et, sans orgueil,

Sur le vaste horizon promène un long coup d'œil.

Il voit d'abord Phasga , que des figuiers entourent ;

Puis, au-delà des monts que ses regards parcourent,

S'étend tout Galaad, Éphraïm, Manassé,

Dont le pays fertile à sa droite est placé ;

Vers le midi, Juda, grand et stérile, étale

Ses sables où s'endort la mer occidentale ;

Plus loin, dans un vallon que le soir a pâli,

Couronné d'oliviers, se montre Nephtali ;

Dans des plaines de fleurs magnifiques et calmes

Jéricho s'aperçoit : c'est la ville des palmes ;

Et, prolongeant ses bois, des plaines de Phogor,

Le lentisque touffu s'étend jusqu'à Ségor.

Il voit tout Chanaan, et la terre promise,

Où sa tombe, il le sait, ne sera point admise.

Il voit ; sur les Hébreux étend sa grande main,

Puis vers le haut du mont il reprend son chemin.

 

Or, des champs de Moab couvrant la vaste enceinte,

Pressés au large pied de la montagne sainte,

Les enfants d'Israël s'agitaient au vallon

Comme les blés épais, qu'agite l'aquilon.

Dès l'heure où la rosée humecte l'or des sables

Et balance sa perle au sommet des érables,

Prophète centenaire, environné d'honneur,

Moïse était parti pour trouver le Seigneur.

On le suivait des yeux aux flammes de sa tête,

Et, lorsque du grand mont il atteignit le faîte,

Lorsque son front perça le nuage de Dieu

Qui couronnait d'éclairs la cime du haut lieu

L'encens brûla partout sur les autels de pierre.

Et six cent mille Hébreux, courbés dans la poussière,

A l'ombre du parfum par le soleil doré,

Chantèrent d'une voix le cantique sacré ;

Et les fils de Lévi, s'élevant de la foule,

Tels qu'un bois de cyprès sur le sable qui roule,

Du peuple avec la harpe accompagnant les voix,

Dirigeaient vers le ciel l'hymne du Roi des Rois.

 

Et, debout devant Dieu, Moïse ayant pris place,

Dans le nuage obscur lui parlait face à face.

Il disait au Seigneur : " Ne finirai-je pas ?

Où voulez-vous encor que je porte mes pas ?

Je vivrai donc toujours puissant et solitaire ?

Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre.

Que vous ai-je donc fait pour être votre élu ?

J'ai conduit votre peuple où vous avez voulu.

Voilà que son pied touche à la terre promise.

De vous à lui qu'un autre accepte l'entremise,

Au coursier d'Israël qu'il attache le frein ;

Je lui lègue mon livre et la verge d'airain.

 

Pourquoi vous fallut-il tarir mes espérances,

Ne pas me laisser homme avec mes ignorances,

Puisque du mont Horeb jusques au mont Nébo

Je n'ai pas pu trouver le lieu de mon tombeau ?

Hélas ! vous m'avez fait sage parmi les sages !

Mon doigt du peuple errant a guidé les passages.

J'ai fait pleuvoir le feu sur la tête des rois ;

L'avenir à genoux adorera mes lois ;

Des tombes des humains j'ouvre la plus antique,

La mort trouve à ma voix une voix prophétique ;

Je suis très grand, mes pieds sont sur les nations,

Ma main fait et défait les générations.

Hélas! je suis, Seigneur, puissant et solitaire,

Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre!

 

Hélas ! je sais aussi tous les secrets des Cieux ;

Et vous m'avez prêté la force de vos yeux.

Je commande à la nuit de déchirer ses voiles ;

Ma bouche par leur nom a compté les étoiles,

Et dès qu'au firmament mon geste l'appela,

Chacune s'est hâtée en disant : " Me voilà ".

J'impose mes deux mains sur le front des nuages

Pour tarir dans leurs flancs la source des orages ;

J'engloutis les cités sous les sables mouvants ;

Je renverse les monts sous les ailes des vents ;

Mon pied infatigable est plus fort que l'espace ;

Le fleuve aux grandes eaux se range quand je passe,

Et la voix de la mer se tait devant ma Voix.

Lorsque mon peuple souffre, ou qu'il lui faut des lois,

J'élève mes regards, votre esprit me visite ;

La terre alors chancelle et le soleil hésite,

Vos anges sont jaloux et m'admirent entre eux.

Et cependant, Seigneur, je ne suis pas heureux ;

Vous m'avez fait vieillir puissant et solitaire,

Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre.

 

Sitôt que votre souffle a rempli le berger,

Les hommes se sont dit : " Il nous est étranger "

Et leurs yeux se baissaient devant mes yeux de flamme,

Car ils venaient, hélas ! d'y voir plus que mon âme.

J'ai vu l'amour s'éteindre et l'amitié tarir ;

Les vierges se voilaient et craignaient de mourir.

M'enveloppant alors de la colonne noire,

J'ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloire,

Et j'ai dit dans mon cœur : " Que vouloir à présent ? "

Pour dormir sur un sein mon front est trop pesant,

Ma main laisse l'effroi sur la main qu'elle touche,

L'orage est dans ma voix, l'éclair est sur ma bouche ;

Aussi, loin de m'aimer, voilà qu'ils tremblent tous,

Et, quand j'ouvre les bras, on tombe à mes genoux

0 Seigneur ! j'ai vécu puissant et solitaire,

Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre! "

 

Or, le peuple attendait, et, craignant son courroux,

Priait sans regarder le mont du Dieux jaloux ;

Car, s'il levait les yeux, les flancs noirs du nuage

Roulaient et redoublaient les foudres de l'orage,

Et le feu des éclairs, aveuglant les regards,

Enchaînait tous les fronts courbés de toutes parts.

Bientôt le haut du mont reparut sans Moïse.

Il fut pleuré. - Marchant vers la terre promise,

Josué s'avançait pensif et pâlissant,

Car il était déjà l'élu du Tout-Puissant.



Uploaded byP. T.
Source of the quotationhttp://romantis.free.fr/vigny/html/moise.html

Mózes (Hungarian)

Megnyújtotta a nap, sátrak hegyét surolva,

a ferde ragyogást, amely a láng utolja,

a sávos aranyat, mely a légben marad,

míg homokággyal őt várja a sivatag.

A táj átöltözött bíborba és aranyba.

Kopár Nébó hegye kaptatóján haladva,

az Isten embere, Mózes megáll, s szeme

a tágas láthatárt gőg nélkül járja be.

Fászgát látja elébb s temérdek fügefáját;

majd túl a hegysoron, hol pillantása átlát,

ott fekszik Gileád, Manassé, Efraim,

jobb kéz felől, a föld termékeny síkjain;

délre Juda, a nagy, a meddő, mely nyugatra

az alvó tengerig homokját elszalasztja;

messzebb egy völgy ölén, mit az est elfakít,

olajfa-párta közt ott látja Naftalit;

pompázó és nyugodt virágmezőre téve

a pálmák városa: Jerikó néz szemébe;

a mint indás fergeteg, Fogor mezőin át

Szegorig nyúlnak el a pisztáciafák.

Látja: ez Kánaán, ígéret földje tája,

s nem szabad, tudja jól, hogy sírját ott találja.

Látja; népe fölé terjeszti nagy kezét,

aztán a csúcs iránt vivő ösvényre lép.

 

Moáb mezőinek nagy sávjain tolongva

a hegy széles tövén összebújva szorosra,

Izráel népe úgy hullámzott odalent,

ahogy a szél alatt a búzatábla leng.

Hogy az arany homok a harmatot felitta,

s a jávorágakon függ egy csepp, mint a hinta,

prófétájuk, a nagy, a századéves agg,

Mózes eltávozott, hogy lássa az Urat.

Szemmel követte mind feje körül a lángot,

s mikor a nagy hegyen a gerincnél megállott,

s feje átfúrta az isteni felleget,

mely villámkoronát tart a szent csúcs felett,

a kőoltárokon égett körben a tömjén.

S hatszázezer zsidó homlokkal porba dőlvén,

a naptól aranyos illat árnya alatt

egy hangként zengte el szentelt himnuszukat.

És Lévi fiai, fölébük magasodva,

mint egy ciprusliget a hömpölygő homokra,

hárfával ég felé küldték a nép felett

az Uraknak Urát dicsérő éneket.

 

Megállt Isten előtt Mózes, majd ülve végre,

a fellegárny alatt szólt szemtől szembe véle.

 

Szólt a fellegben így: "Nincs vége még, Uram?

Mit kívánsz, merre, hogy, hová vigyen utam?

Maradok szüntelen hatalmas és magányos?

Az álmok álma már hadd karoljon magához.

Mit tettem én azért, hogy választott legyek?

Kívánságod szerint vezettem népedet.

Lába érinti már, mit ígértél, a földet.

Hadd járjon közbe más ezentúl közte, közted.

Izráel-paripát más zabolázza meg;

ércvesszőm ráhagyom, s ráhagyom könyvemet.

Miért tetszett neked, hogy letarold reményem?

Mért nem tudatlanul, emberi módra éltem?

Hóreb s Nébó hegye közt mért nem lehetett,

hogy megtaláljam én végnyugvóhelyemet?

Ó jaj! bölcsek között bölccsé tettél te engem!

Vándor nép útjait ujjammal én vezettem.

Én küldtem száz király fejére tűzesőt;

a jövő térdre hull törvényeim előtt;

embersírok között legősibb az enyém lesz,

hangomban a halál próféta hangra érez,

nagy vagyok, lábaim népeken nyugszanak,

kezem emel s lesújt nemzedéksorokat.

Ó jaj, Uram! vagyok hatalmas és magányos,

az álmok álma már hadd karoljon magához!

 

Ó jaj! én az egek titkát is ismerem,

szemednek erejét kölcsönadtad nekem.

Parancsolom, s az éj nagy fátylait lehántja,

csillagait szemem név szerint vette számba,

s mihelyt int a kezem, s hív egy-egy csillagot,

égre fut az hamar, és így szól: »Itt vagyok.«

Ráteszem két kezem a felhők nagy fejére,

hogy méhük a vihar forrását elvetélje;

futóhomokkal én várost elnyeletek;

felfordítom a szél szárnyával a hegyet;

lábam nem fárad el, a térnél az erősebb;

hömpölygő, nagy folyam kitér az átkelőnek,

s meghallva hangomat, hallgat az óceán.

Ha népem szenvedő, vagy ha törvényt kiván,

két szemem fölvetem, szellemed rám világít;

rendül akkor a föld, a nap fenn tétovázik,

irigykednek reám, s csodálnak angyalok.

S eközben, Istenem, én boldog nem vagyok.

Lám, vénségemre is hatalmas és magányos,

az álmok álma már hadd karoljon magához!

 

Mihelyt a pásztoron átjárt lehelleted,

»Idegen ő nekünk« - szóltak az emberek;

s lesütötték szemük, ha láng gyúlt a szememben,

mert többet láttak ők, jaj, bennem, mint a lelkem.

Szerelem elfagyott, barátság megszakadt;

reszkettek a szüzek, elfödve arcukat.

Akkor a fekete ködoszlopba takartan

elöl mentem, dicsőn, szomorúan, s magamban,

s szóltam szívemben így: »Ezentúl mi legyen?«

Ölbe hajtani már túl súlyos a fejem,

s borzadást kelt kezem, ha másik kézre zárom,

hangomban zivatar és villám van a számon;

nem, nem szeretnek ők, nézd, mind csak megriad,

s ha tárom két karom, térdemhez hullanak.

Így éltem, így vagyok hatalmas és magányos,

az álmok álma már hadd karoljon magához!"

 

Ott lent reszketve várt s imádkozott a nép,

nem nézve az irigy, haragvó Úr hegyét;

mert fölnézve, a nagy, fekete hasu felhő

megdöndült, s csapdosott, sűrűbben hullt a mennykő,

s a villámok tüze, vakítva a szemet,

lenyomta homlokuk, mindenki görnyedett.

 

Majd föltisztult a csúcs, s Mózest senki se látta.

Elsiratták. - Az új hazának nekivágva

ment Józsua fakón, s némán a nép előtt,

mert a Mindenható kiválasztotta őt.



Uploaded byP. T.
Source of the quotationhttp://mek.oszk.hu/04300/04350/04350.htm#20

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