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Voltaire (François Marie Arouet): Zadig, O El Destino. Historia Oriental. (Zadig Ou La Destinée. Histoire Orientale in Spanish)

Portre of Voltaire (François Marie Arouet)

Zadig Ou La Destinée. Histoire Orientale (French)

CHAP. I. — Le borgne.

Du temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l’éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions; il n’affectait rien; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes. On était étonné de voir qu’avec beaucoup d’esprit il n’insultât jamais par des railleries à ces propos si vagues, si rompus, si tumultueux, à ces médisances téméraires, à ces décisions ignorantes, à ces turlupinades grossières, à ce vain bruit de paroles qu’on appelait conversation dans Babylone. Il avait appris dans le premier livre de Zoroastre, que l’amour-propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes quand on lui a fait une piqûre. Zadig surtout ne se vantait pas de mépriser les femmes et de les subjuguer. Il était généreux; il ne craignait point d’obliger des ingrats, suivant ce grand précepte de Zoroastre: Quand tu manges, donne à manger aux chiens, dussent-ils te mordre. Il était aussi sage qu’on peut l’être; car il cherchait à vivre avec des sages. Instruit dans les sciences des anciens Chaldéens, il n’ignorait pas les principes physiques de la nature, tels qu’on les connaissait alors, et savait de la métaphysique ce qu’on en a su dans tous les âges, c’est-à-dire fort peu de chose. Il était fermement persuadé que l’année était de trois cent soixante et cinq jours et un quart, malgré la nouvelle philosophie de son temps, et que le soleil était au centre du monde; et quand les principaux mages lui disaient, avec une hauteur insultante, qu’il avait de mauvais sentiments, et que c’était être ennemi de l’État que de croire que le soleil tournait sur lui-même, et que l’année avait douze mois, il se taisait sans colère et sans dédain.

Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis, ayant de la santé, une figure aimable, un esprit juste et modéré, un coeur sincère et noble, crut qu’il pouvait être heureux. Il devait se marier à Sémire, que sa beauté, sa naissance et sa fortune rendaient le premier parti de Babylone. Il avait pour elle un attachement solide et vertueux, et Sémire l’aimait avec passion. Ils touchaient au moment fortuné qui allait les unir, lorsque, se promenant ensemble vers une porte de Babylone, sous les palmiers qui ornaient le rivage de l’Euphrate, ils virent venir à eux des hommes armés de sabres et de flèches. C’étaient les satellites du jeune Orcan, neveu d’un ministre, à qui les courtisans de son oncle avaient fait accroire que tout lui était permis. Il n’avait aucune des grâces ni des vertus le zadig; mais, croyant valoir beaucoup mieux, il était désespéré de n’être pas préféré. Cette jalousie, qui ne venait que de sa vanité, lui fit penser qu’il aimait éperdument Sémire. Il voulait l’enlever. Les ravisseurs la saisirent, et dans les emportements de leur violence ils la blessèrent, et firent couler le sang d’une personne dont la vue aurait attendri les tigres du mont Imaüs. Elle perçait le ciel de ses plaintes. Elle s’écriait: « Mon cher époux! on m’arrache à ce que j’adore. » Elle n’était point occupée de son danger; elle ne pensait qu’à son cher Zadig. Celui-ci, dans le même temps, la défendait avec toute la force que donnent la valeur et l’amour. Aidé seulement de deux esclaves, il mit les ravisseurs en fuite, et ramena chez elle Sémire évanouie et sanglante, qui en ouvrant les yeux vit son libérateur. Elle lui dit.: « O zadig! je vous aimais comme mon époux, je vous aime comme celui à qui je dois l’honneur et la vie. » Jamais il n’y eut un coeur plus pénétré que celui de Sémire; jamais bouche plus ravissante n’exprima des sentiments plus touchants par ces paroles de feu qu’inspirent le sentiment du plus grand des bienfaits et le transport le plus tendre de l’amour le plus légitime. Sa blessure était légère; elle guérit bientôt. Zadig était blessé plus dangereusement; un coup de flèche reçu près de l’oeil lui avait fait une plaie profonde. Sémire ne demandait aux dieux que la guérison de son amant. Ses yeux étaient nuit et jour baignés de larmes: elle attendait le moment où ceux de Zadig pourraient jouir de ses regards; mais un abcès survenu à l’oeil blessé fit tout craindre. On envoya jusqu’à Memphis chercher le grand médecin Hermès, qui vint avec un nombreux cortège. Il visita le malade et déclara qu’il perdrait l’oeil; il prédit même le jour et l’heure où ce funeste accident devait arriver. « Si c’eût été l’oeil droit, dit-il, je l’aurais guéri; mais les plaies de l’oeil gauche sont incurables. » Tout Babylone, en plaignant la destinée de Zadig, admira la profondeur de la science d’Hermès. Deux jours après l’abcès perça de lui-même; Zadig fut guéri parfaitement. Hermès écrivit un livre où il lui prouva qu’il n’avait pas dû guérir. Zadig ne le lut point; mais, dès qu’il put sortir, il se prépara à rendre visite à celle qui faisait l’espérance du bonheur de sa vie, et pour qui seule il voulait avoir des yeux. Sémire était à la campagne depuis trois jours. Il apprit en chemin que cette belle dame, ayant déclaré hautement qu’elle avait une aversion insurmontable pour les borgnes, venait de se marier à Orcan la nuit même. A cette nouvelle il tomba sans connaissance; sa douleur le mit au bord du tombeau; il fut longtemps malade, mais enfin la raison l’emporta sur son affliction; et l’atrocité de ce qu’il éprouvait servit même à le consoler.

« Puisque j’ai essuyé, dit-il, un si cruel caprice d’une fille élevée à la cour, il faut que j’épouse une citoyenne. Il choisit Azora, la plus sage et la mieux née de la ville; il l’épousa et vécut un mois avec elle dans les douceurs de l’union la plus tendre. Seulement il remarquait en elle un peu de légèreté, et beaucoup de penchant à trouver toujours que les jeunes gens les mieux faits étaient ceux qui avaient le plus d’esprit et de vertu.

CHAP. II.— Le nez (b).

Un jour Azora revint d’une promenade, tout en colère, et faisant de grandes exclamations. « Qu’avez-vous, lui dit-il, ma chère épouse? qui vous peut mettre ainsi hors de vous-même? — Hélas! dit-elle, vous seriez indigné comme moi, si vous aviez vu le spectacle dont je viens d’être témoin. J’ai été consoler la jeune veuve Cosrou, qui vient d’élever, depuis deux jours, un tombeau à son jeune époux auprès du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux, dans sa douleur, de demeurer auprès de ce tombeau tant que l’eau de ce ruisseau coulerait auprès. — Eh bien! dit Zadig, voilà une femme estimable qui aimait véritablement son mari! — Ah! reprit Azora, si vous saviez à quoi elle s’occupait quand je lui ai rendu visite! — A quoi donc, belle Azora? — Elle faisait détourner le ruisseau. » Azora se répandit en des invectives si longues, éclata en reproches si violents contre la jeune veuve, que ce faste de vertu ne plut pas à Zadig.

Il avait un ami, nommé Cador, qui était un de ces jeunes gens à qui sa femme trouvait plus de probité et de mérite qu’aux autres: il le mit dans sa confidence, et s’assura, autant qu’il le pouvait, de sa fidélité par un présent considérable. Azora, ayant passé deux jours chez une de ses amies à la campagne, revint le troisième jour à la maison. Des domestiques en pleurs lui annoncèrent que son mari était mort subitement, la nuit même, qu’on n’avait pas osé lui porter cette funeste nouvelle, et qu’on venait d’ensevelir Zadig dans le tombeau de ses pères, au bout du jardin. Elle pleura, s’arracha les cheveux, et jura de mourir. Le soir, Cador lui demanda la permission de lui parler, et ils pleurèrent tous deux. Le lendemain ils pleurèrent moins, et dînèrent ensemble. Cador lui confia que son ami lui avait laissé la plus grande partie de son bien, et lui fit entendre qu’il mettrait son bonheur à partager sa fortune avec elle. La dame pleura, se fâcha, s’adoucit; le souper fut plus long que le dîner; on se parla avec plus de confiance. Azora fit l’éloge du défunt; mais elle avoua qu’il avait des défauts dont Cador était exempt.

Au milieu du souper, Cador se plaignit d’un mal de rate violent; la dame, inquiète et empressée, fit apporter toutes les essences dont elle se parfumait, pour essayer s’il n’y en avait pas quelqu’une qui fût bonne pour le mal de rate; elle regretta beaucoup que le grand Hermès ne fût pas encore à Babylone; elle daigna même toucher le côté où Cador sentait de si vives douleurs. « Êtes-vous sujet à cette cruelle maladie? lui dit-elle avec compassion. — Elle me met quelquefois au bord du tombeau, lui répondit Cador, et il n’y a qu’un seul remède qui puisse me soulager: c’est de m’appliquer sur le côté le nez d’un homme qui soit mort la veille. — Voilà un étrange remède, dit Azora. — Pas plus étrange, répondit-il, que les sachets du sieur Arnoult(1) contre l’apoplexie. » Cette raison, jointe à l’extrême mérite du jeune homme, détermina enfin la dame. « Après tout, dit-elle, quand mon mari passera du monde d’hier dans le monde du lendemain sur le pont Tchinavar, l’ange Asrael lui accordera-t-il moins le passage parce que son nez sera un peu moins long dans la seconde vie que dans la première? » Elle prit donc un rasoir; elle alla au tombeau de son époux, l’arrosa de ses larmes, et s’approcha pour couper le nez à Zadig, qu’elle trouva tout étendu dans la tombe. Zadig se relève en tenant son nez d’une main, et arrêtant le rasoir de l’autre. « Madame, lui dit-il, ne criez plus tant contre la jeune Cosrou; le projet de me couper le nez vaut bien celui de détourner un ruisseau. »


Zadig, O El Destino. Historia Oriental. (Spanish)

CAPITULO PRIMERO.
El tuerto.

Reynando el rey Moabdar, vivia en Babilonia un mozo llamado Zadig, de buena índole, que con la educacion se habia mejorado. Sabia enfrenar sus pasiones, aunque mozo y rico; ni gastaba afectacion, ni se empeñaba en que le dieran siempre la razon, y respetaba la flaqueza humana. Pasmábanse todos viendo que puesto que le sobraba agudeza, nunca se mofaba con chufletas de los desconciertos mal hilados, de las murmuraciones sin fundamento, de los disparatados fallos, de las burlas de juglares, que llamaban conversacion los Babilonios. En el libro primero de Zoroastro habia visto que es el amor propio una pelota llena de viento, y que salen de ella borrascas así, que la pican. No se alababa Zadig de que no hacia aprecio de las mugeres, y de que las dominaba. Era liberal, sin que le arredrase el temor de hacer bien á desagradecidos, cumpliendo con aquel gran mandamiento de Zoroastro, que dice: "Da de comer á los perros" quando tú comieres, aunque te muerdan "luego." Era sabio quanto puede serlo el hombre, pues procuraba vivir en compañía de los sabios: habia aprendido las ciencias de los Caldeos, y estaba instruido en quanto acerca de los principios físicos de la naturaleza en su tiempo se conocia; y de metafísica sabia todo quanto en todos tiempos se ha sabido, que es decir muy poca cosa. Creía firmísimamente que un año tiene trecientos sesenta y cinco dias y un quarto, contra lo que enseñaba la moderna filosofía de su tiempo, y que estaba el sol en el centro del mundo; y quando los principales magos le decian en tono de improperio, y mirándole de reojo, que sustentaba principios sapientes haeresim, y que solo un enemigo de Dios y del estado podia decir que giraba el sol sobre su exe, y que era el año de doce meses, se callaba Zadig, sin fruncir las cejas ni encogerse de hombros.
Opulento, y por tanto no faltándole amigos, disfrutando salud, siendo buen mozo, prudente y moderado, con pecho ingenuo, y elevado ánimo, creyó que podia aspirar á ser feliz. Estaba apalabrado su matrimonio con Semira, que por su hermosura, su dote, y su cuna, era el mejor casamiento de Babilonia. Profesábale Zadig un sincero y virtuoso cariño, y Semira le amaba con pasion. Rayaba ya el venturoso dia que á enlazarlos iba, quando paseándose ámbos amantes fuera de las puertas de Babilonia, baxo unas palmas que daban sombra á las riberas del Eufrates, viéron acercarse unos hombres armados con alfanges y flechas. Eran estos unos sayones del mancebo Orcan, sobrino de un ministro, y en calidad de tal los aduladores de su tio le habian persuadido á que podia hacer quanto se le antojase. Ninguna de las prendas y virtudes de Zadig poseía; pero creído que se le aventajaba mucho, estaba desesperado por no ser el preferido. Estos zelos, meros hijos de su vanidad, le hiciéron creer que estaba enamorado de Semira, y quiso robarla. Habíanla cogido los robadores, y con el arrebato de su violencia la habian herido, vertiendo la sangre de una persona que con su presencia los tigres del monte Imao habria amansado. Traspasaba Semira el cielo con sus lamentos, gritando: ¡Querido esposo, que me llevan de aquel á quien adoro! No la movia el peligro en que se veía, que solo en su caro Zadig pensaba. Defendíala este con todo el denuedo del amor y la valentía, y con ayuda de solos dos esclavos ahuyentó á los robadores, y se traxo á Semira ensangrentada y desmayada, que al abrir los ojos conoció à su libertador. ¡O Zadig! le dixo, os queria como á mi esposo, y ahora os quiero como aquel á quien de vida y honra soy deudora. Nunca rebosó un pecho en mas tiernos afectos que el de Semira, nunca tan linda boca pronunció con tanta viveza de aquellas inflamadas expresiones que de la gratitud del mas alto beneficio y de los mas tiernos raptos del cariño mas legitimo son hijas. Era leve su herida, y sanó en breve. Zadig estaba herido de mas peligro, porque una flecha le habia hecho una honda llaga junto al ojo. Semira importunaba á los Dioses por la cura de su amante: dia y noche bañados los ojos en llanto, aguardaba con impaciencia el instante que los de Zadig se pudieran gozar en mirarla; pero una apostema que se formó en el ojo herido causó el mayor temor. Enviáron á llamar á Menfis al célebre médico Hermes, que vino con una crecida comitiva; y habiendo visitado al enfermo declaró que irremediablemente perdia el ojo, pronosticando hasta el dia y la hora que habia de suceder tan fatal desman. Si hubiera sido, dixo, el ojo derecho, yo le curaria; pero las heridas del izquierdo no tienen cura. Toda Babilonia se dolió de la suerte de Zadig, al paso que quedó asombrada con la profunda ciencia de Hermes. Dos dias despues reventó naturalmente la apostema, y sanó Zadig. Hermes escribió un libro, probándole que no debia haber sanado, el qual Zadig no leyó; pero luego que pudo salir, fué á ver á aquella de quien esperaba su felicidad, y por quien únicamente queria tener ojos, Hallábase Semira en su quinta, tres dias hacia, y supo Zadig en el camino, que despues de declarar resueltamente que tenia una invencible antipatia á los tuertos, la hermosa dama se habia casado con Orcan aquella misma noche. Desmayóse al oir esta nueva, y estuvo en poco que su dolor le conduxera al sepulcro; mas despues de una larga enfermedad pudo mas la razon que el sentimiento, y fué no poca parte de su consuelo la misma atrocidad del agravio. Pues he sido víctima, dixo, de tan cruel antojo de una muger criada en palacio, me casaré con una hija de un honrado vecino. Escogió pues por muger á Azora, doncella muy cuerda y de la mejor índole, en quien no notó mas defecto que alguna insustancialidad, y no poca inclinacion á creer que los mozos mas lindos eran siempre los mas cuerdos y virtuosos.

CAPITULO II
Las narices.

Un dia que volvia del paseo Azora toda inmutada, y haciendo descompuestos ademanes: ¿Qué tienes, querida? le dixo Zadig; ¿qué es lo que tan fuera de tí te ha puesto? ¡Ay! le respondió Azora, lo mismo hicieras tú, si hubieses visto la escena que acabo yo de presenciar, Habia ido á consolár á Cosrúa, la viuda jóven que ha erigido, dos días ha, un mausoleo al difunto mancebo, marido suyo, cabe el arroyo que baña esta pradera, jurando á los Dioses, en su dolor, que no se apartaria de las inmediaciones de este sepulcro, miéntras el arroyo no mudara su corriente. Bien está, dixo Zadig; eso es señal de que es una muger de bien, que amaba de veras á su marido. Ha, replico Azora, si tú supieras qual era su ocupacion quando entré á verla.--¿Qual era, hermosa Azora?--Dar otro cauce al arroyo. Añadió luego Azora tantas invectivas, prorumpió en tan agrias acusaciones contra la viuda moza, que disgustó mucho á Zadig virtud tan jactanciosa. Un amigo suyo, llamado Cador, era uno de los mozos que reputaba Azora por de mayor mérito y probidad que otros; Zadig le fió su secreto, afianzando, en quanto le fué posible, su fidelidad con quantiosas dádivas. Despues de haber pasado Azora dos dias en una quinta de una amiga suya, se volvió á su casa al tercero. Los criados le anunciáron llorando que aquella misma noche se habia caido muerto de repente su marido, que no se habian atrevido á llevarle tan mala noticia, y que acababan de enterrar á Zadig en el sepulcro de sus padres al cabo del jardin. Lloraba Azora, mesábase los cabellos, y juraba que no queria vivir. Aquella noche pidió Cador licencia para hablar con ella, y lloráron, ámbos. El siguiente dia lloráron ménos, y comiéron juntos. Fióle Cador que le habia dexado su amigo la mayor parte de su caudal, y le dió á entender que su mayor dicha seria poder partirle con ella. Lloró con esto la dama, enojóse, y se apaciguó luego; y como la cena fué mas larga que la comida, habláron ámbos con mas confianza. Hizo Azora el panegírico del difunto, confesando empero que adolecia de ciertos defectillos que en Cador no se hallaban.
En mitad de la cena se quejó Cador de un vehemente dolor en el bazo, y la dama inquieta y asustada mandó le traxeran todas las esencias con que se sahumaba, para probar si alguna era un remedio contra los dolores de bazo; sintiendo mucho que se hubiera ido ya de Babilonia el sapientísimo Hermes, y dignándose hasta de tocar el lado donde sentia Cador tan fuertes dolores. ¿Suele daros este dolor tan cruel? le dixo compasiva. A dos dedos de la sepultura me pone á veces, le respondió Cador, y no hay mas que un remedio para aliviarme, que es aplicarme al costado las narices de un hombre que haya muerto el dia ántes. ¡Raro remedio! dixo Azora. No es mas raro, respondió Cador, que los cuernos de ciervo que ponen á los niños para preservarlos del mal de ojos. Esta última razon con el mucho mérito del mozo determináron al cabo á la Señora. Por fin, dixo, si las narices de mi marido son un poco mas cortas en la segunda vida que en la primera, no por eso le ha de impedir el paso el ángel Asrael, quando atraviese el puente Sebinavar, para transitar del mundo de ayer al de mañana. Diciendo esto, cogió una navaja, llegóse al sepulcro de su esposo bañándole en llanto, y se baxó para cortarle las narices; pero Zadig que estaba tendido en el sepulcro, agarrando con una mano sus narices, y desviando la navaja con la otra, se alzó de repente exclamando; Otra vez no digas tanto mal de Cosrúa, que la idea de cortarme las narices bien se las puede apostar á la de mudar la corriente de un arroyo.



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