Depestre, René: Ballad of a Little Lamp (Romancero d’une petite lampe Angol nyelven)
Romancero d’une petite lampe (Francia)Il n’y a de salut pour l’homme Que dans un grand éblouissement De l’homme par l’homme je l’affirme Moi un nègre inconnu dans la foule Moi un brin d’herbe solitaire Et sauvage je le crie à mon siècle Il n’y aura de joie pour l’homme Que dans un pur rayonnement De l’homme par l’homme un fier Elan de l’homme vers son destin Qui est de briller très haut Avec l’étoile de tous les hommes Je le crie moi que la calomnie Au bec de lièvre a placé Au dernier rang des bêtes de proie Moi vers qui toujours le mensonge Braque ses griffes empoisonnées Moi que la médiocrité poursuit Nuit et jour à pas de sanglier Moi que la haine dans les rues Du monde montre souvent du doigt J’avance berger de mes révoltes J’avance à grands pas de diamant Je serre sur mon coeur blessé Une foi si humaine que souvent La nuit ses cris me réveillent Comme un nouveau-né à qui il faut Donner du lait et des chansons Et tendrement la nuit je berce Mon Hélène ma foi douce ma vie tombe En eaux de printemps sur son corps Je berce la dignité humaine Et lui donne le rythme des pluies Qui tombaient dans mes nuits d’enfant J’avance porteur d’une foi Insulaire et barbue bêcheur D’une foi indomptable indomptée Non un grand poème à genoux Sur la dalle de la douleur Mais une petite lampe haïtienne Qui essuie en riant ses larmes Et d’un seul coup d’ailes s’élève Pour être à tout jamais un homme Jusqu’aux confins du ciel debout Et libre dans la verte innocence De tous les hommes!
Occident chrétien mon frère terrible Mon signe de croix le voici: Au nom de la révolte Et de la justice Et de la tendresse
Ainsi soit-il!
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Ballad of a Little Lamp (Angol)There is hope for man Only in man’s great dazzling For man I affirm it Me, an unknown nigger in the crowd Me, a solitary blade of grass And wild I cry out to my century: There will be joy for man Only in man’s pure radiance For man Man’s proud leap towards his destiny Blazing high With the star of all men I cry it out I whom hare-lipped Slander has placed In the last rank of beasts of prey Me, towards whom falsehood always Aims his poisoned claws Me, whom mediocrity pursues Night and day with wild-boar steps Me, at whom hate often points his finger In the streets of the world I go forward, shepherd of my revolts I go forward with great diamond-steps I clasp to my wounded heart A faith so human that often At night its cries awaken me As a newborn who must Be given milk and songs And at night tenderly I lull My Helen, my gentle faith, my life falls In waters of Spring over her body I lull human dignity And give it the rhythm of the rains That fell in my child-nights I go forward carrier of a faith Islander and bearded toiler For an unconquerable faith unconquered Not a great poem on its knees Before the slab of sorrow But a little Haitian lamp That wipes away its tears while smiling And with one beat of its wings Rises for ever and ever a man As far as the ends of the sky upright And free in the green innocence Of all men!
Christian West my terrible brother Here is my sign of the cross In the name of revolt And of justice And of tenderness
Amen!
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