Alféri, Pierre: Quand rien n’entraîne rien
Quand rien n’entraîne rien (French)1. quand rien n’entraîne rien ne s’agite au-dehors l’inertie se fait agitation entraînement en vue de rien mais d’un rien qui se fait obstacle et le moindre contact inverse le sens de la marche (ignorant qu’on l’observe à travers deux fenêtres, un inconnu s’habille, se déshabille, s’assied, se lève, décroche, repose le combiné) : d’abord l’incohérence de particules en suspension puis la période. Un geste quotidien filmé en vidéo un geste rejoué, son aire parcourue en tous sens comme un pas de breakdance dont l’endroit n’est plus que l’envers de l’envers, est déjà autre chose : une forme cristalline impassible.
2. à la différence du kaléidoscope où s’agitent des éclats de verre teinté, le tomascope pour paver le champ d’hexagones y découpe un triangle qu’il renverse par-dessus chacun des côtés. Un détail déplié dont les bords deviennent des axes de symétrie.
3. en deçà d’une certaine allure l’équilibre est rompu. Le bruit de la pièce sur la tranche en fin de course virant pile ou face, tournoyant sur l’arête bruit qui hésite bruit qui se concentre et qui renonce est reconnaissable entre tous comme le souffle du saphir quand le bras se précipite vers le centre et le disque s’immobilise. Alors il ne s’agit pas de reprendre de la vitesse mais de poser le bras la tête sur l’appui pour voir la contagion s’étendre tomber tout ce qui bouge : corps incassables des films muets (brimbalement des images, indolence de la bande-son).
4. le mouvement sans contrainte est un état (quasi solide— le va-et-vient le même au même endroit le plaque l’astique) et ce qui reste un pavement.
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When Nothing Entices Nothing (English)1. when nothing entices nothing stirs beyond inertia becomes agitation impulse aiming at nothing but a nothing in the way and the slightest contact reverses the directional flow (ignorant of being observed through two windows, a stranger dresses, undresses, sits, gets up, lifts up, sets down the receiver): first the incoherence of suspended particles then the period. An ordinary movement filmed in video a gesture replayed, its space run through in every direction like a break-dance whose surface is only the other side of the reverse, is already something else: a form impassive crystalline.
2. unlike the kaleidoscope where tinted glass slivers shake, the tomascope paves a field of hexagons by cutting triangles it reverses over each side. An unfolded detail whose edges become axes of symmetry.
3. just this side of a certain pace the equilibrium is broken. The sound of the piece on its edge reaching the end turning tales or heads, spinning on the tangent sound that hesitates to sound that concentrates and that renounces is recognizable anywhere like the gasp of the needle when the arm rushes to the center and the record holds still. Then it’s not a matter of starting up the speed again but of placing the arm the head on the fulcrum to see contagion spread to drop everything that moves: unbreakable bodies in silent films (wobbling images, indolent sound track).
4. unconstrained movement is a state (quasisolid— the back and forth the same to the same place polish it burnish it) and what remains a pavement.
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