Malroux, Claire: Appointment in June (Rendez-vous en juin in English)
Rendez-vous en juin (French)pour Marilyn Hacker
L’arc des roses autour du gazon, leurs joues pâles Laissant à peine sourdre l’angoisse du sang Et derrière l’arc des roses l’arc des bancs, loges D’où contempler leur candeur offerte au soleil Glissant sur elles comme sur une page Où bientôt les mots ne compteront plus Le soleil grille les mots superflus Qui le tiennent à distance, il brûle En bon jardinier ce qu’il a fait s’épanouir Ainsi tu fus en juin ma première morte Le suc de ton cerveau emporté par l’abeille Vers les rayons d’une ruche étoilée Mon premier vrai poème peut-être La chair tiédit les bancs mais nul vide Ne flotte après le départ du couple enlacé Les enfants jouent à prendre la petite maison Rouge en haut de l’escalier jaune vif Pendus à la rampe comme des vieillards Une fille en brodequins croque une pomme De son bourdonnement le trafic rassure Y aura-t-il toujours des hommes pour embrasser L’espace de leurs bras même bruyants? Et de l’herbe, des roses pâles pour apaiser Leur fuite en tumulte dans le néant? Y aura-t-il toujours une figure penchée Pour déchi√rer l’écriture du mystère Bienveillant d’un matin d’été? Quelqu’un quelque chose pour lui donner Ailleurs un nouveau rendez-vous?
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Appointment in June (English)for Marilyn Hacker
Roses curve around the lawn, their pale cheeks Barely letting the blood’s anguish well up And beyond the roses’ curve, the curve of benches, loges To contemplate their candor, offered to the sun Which slides across them, as across a page Whose words soon will no longer matter The sun broils superfluous words Which keep it at bay. Good gardener It burns what it has first brought to bloom And so my first death was your death in June The nectar of your brain borne off by bees Toward the rays of a starry hive Perhaps you were my first real poem Flesh warms the benches but no emptiness Shimmers when the embracing couple leaves Children play at capturing the small Red house atop a bright yellow ladder Hanging over its ramp like bent old men A girl in laced boots bites into an apple The drone of passing cars is comforting Will there always be people to embrace In the enclosure of their blood-loud arms? And grass, pale roses to calm Their clamorous flight into the void? And will there always be a figure bent Over decoding the benevolent Mystery of a summer morning? Someone something to establish somewhere A place to meet again?
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